Exposition - Salon

Panorama de la BD chinoise – Centre Belge de la Bande Dessinée

Du 13 fevrier au 09 septembre 2018

PANORAMA DE LA BD CHINOISE – DES IMAGES ENCHAÎNÉES VENUES D’AILLEURS

Découvrir le manhua, mot généraliste qui désigne le récit illustré chinois (de la bande dessinée au dessin animé en passant par le livre illustré et la caricature de presse), c’est redécouvrir un art graphique qui n’est pas, loin s’en faut, une invention exclusivement occidentale.

Alors que le plus ancien livre illustré chinois, reproduit par xylographie, date de l’an 868, bien avant l’invention de l’imprimerie par Gutenberg, certaines concordances de dates sont frappantes : Monsieur Wang, le premier héros récurrent de la BD chinoise est apparu en 1929, la même année que Tintin. Quant à San Mao, le personnage chinois le plus célèbre, il a été créé e, 1935, en même temps que le Lotus bleu, l’aventure de Tintin en Chine !

Mais la bande dessinée chinoise, c’est aussi le lianhuanhua, un mot créé en 1927 à Shanghaï par les éditions du Monde et dont le principe hérite d’une tradition millénaire du récit en images. Petits fascicules de format 12,5 x 10 cm à vocation populaire et destinés au départ à la location, ils renferment un récit complet composé d’une illustration et d’un récitatif par page. Souvent imprimés à des millions d’exemplaires, ils recèlent des illustrations qui sont de véritables petits chefs-d’oeuvre.

Encouragées par Mao Zedong, ces « images enchaînées » deviendront un outil de propagande et de culture essentiel pour l’édification du peuple chinois avant d’être fortement contraint pendant la Révolution Culturelle. Redynamisé dès 1973 par le premier ministre Zhou Enlai et débridé après la mort de Mao, le lianhuanhua connaît un âge d’pr au début des années 80, s’ouvrant au polar, à la science-fiction et à l’adaptation d’oeuvres littéraires étrangères. Mais en 1985, avec la libération du marché de l’art, la plupart des artistes abandonnent le lianhuanhua pour se consacrer à la peinture, bien plus rentable du point de vue financier.

L’ouverture de la Chine au marché global, à partir de la décennie suivante, provoque lé découverte de la BD européenne, américaine et japonaise, donnant de nouvelles sources d’inspiration aux auteurs qui adoptent le principe des planches découpées en cases intégrant les dialogues. Tandis qu’un public d’initiés adultes s’intéresse à une BD d’inspiration occidentale, les jeunes générations se passionnent pour le style manga, nourries depuis l’enfance par les dessins animés japonais.

En Chine conne partout, quels que soient les genres qu’ils pratiquent, ce sont les auteurs les plus doués qui finissent par s’imposer. Sélectionnés sur une population d’un milliard trois cent millions habitants, il y a une forte probabilité de découvrir dans cette exposition quelques-uns des meilleurs auteurs de la planète.

JC DE LA ROYÈRE – LUO YIPING

1935

le 28 juillet 1935, Zhang Leping crée le personnage de SAN MAO dans le supplément illusté TUHUA CHANBAO du _Morning News_.

Avec sa sihouette de gamin efflanqué et sa grosse tête ornée de trois poils, San Mao est immédiatement reconnaissable. Prenant trop souvent les expressions des adultes au pied de la lettre, il provoque des catatrophes dignes d’un gaston lagaffe. sas anecdotes drolatique, immuablement présentées en quatres images séquentielles et muettes, séduisant d’emblée un large public populaire.

Jusqu’au déclenchement de la guerre sino-japonaise, le 13 août 1937, Zhang Leping dessinera pas moins de 200 gags de San mao. Avec l’invasion des troupes japonaises s’achèvera le premier cycle de la carrière de San mao. Pendant l’occupation, Zhang Leping sera intégré au service propagande de l’armée chinoise en lutte contre l’occupant.

Avec sa sihouette de gamin efflanqué et sa grosse tête ornée de trois poils, San Mao est immédiatement reconnaissable. Prenant trop souvent les expressions des adultes au pied de la lettre, il provoque des catatrophes dignes d’un gaston lagaffe. sas anecdotes drolatique, immuablement présentées en quatres images séquentielles et muettes, séduisant d’emblée un large public populair.

Jusqu’au déclenchement de la guerre sino-japonaise, le 13 août 1937, Zhang Leping dessinera pas moins de 200 gags de San mao. Avec l’invasion des troupes japonaises s’achèvera le premier cycle de la carrière de San mao. Pendant l’occupation, Zhang Leping sera intégré au service propagande de l’armée chinoise en lutte contre l’occupant.

Revenu à Shanghaï à la fin de la guerre, Zhang Leping relance son personnage en 1946 ave un nouveau cycle intitulé « San Mao à l’armée », où il décrit l’extrême violence du conflit. Malgré son âge, San Mao s’engage dans le conflit et déploie autant de patriotisme que d’ingéniosité pour défaire l’ennemi. Mais l’incurie qui règne à la tête de l’armée en fait léternel souffre-douleur des officiers. L’histoire n’est pas du goût du parti nationaliste Guomindang encore au pouvoir à Shanghaï.

LE MANHUA CONTEMPORAIN SOUS INFLUENCES

à l’origine, le mot « manhua » (image libre) désignait principalement tout dessin, surtout humoristique ou caricatural, publié dans la presse. Mais depuis l’aube des années 90, influencé par le mot équivalent japonais « manga », il désigne les bandes dessinées présentées en planches et en cases séquentielles incluant le scénario et les dialogues.

Deux tendances s’affrontent : le sBD « à l »européenne » vendues en albums de plus en plus par l’E-commerce, destinées à un public adulte, et les BD d’inspiration japonaise, ue l’on trouve dans les kiosques à journaux sous forme de magazines destinées à la jeunesse.

L’initiateur de la BD « à l’européenne » est une personnage jovial et dynamique. M. Wang Ning, qui administre avec passion sa société « Beijing Total Vision ». Dès 2004, il oeuvre au rapprochement de la BD chinois et européenne en tant que producteur de BD chinoises éditées en Europe et de BD européennes éditées en Chine. Il est aussi l’initiateur de très nombreuses expositions en Chine et en Europe.

En octobre 2011, ang Ning organise à Pékin une exposition de l’oeuvre de Sergio Toppi, destinée à tourner pendant trois ans en Chine. C’est une retrouvaille, car Toppi était déjà bien connu des dessinateurs chinois. Ses oeuvres avaient été publiées dans Lianhuanhua Bao dès le début des années 80 et il a influencé nombre d’artistes du pays qui trouvenet dans son dessin, au trait appuyé et qui utulise les grans espaces blancs, un pendant européen à l’univers pictural chinois. En mail 2012, à Hangzhou, Sergio Toppi a reçu le « Golden Monkey King Award », consacrant sa grande influence dans la nouvelle BD Chinoise.

Nourrie à l’univers du manga depuis l’enfance par la diffusion des dessins animés japonais à la télévision, la jeunesse chinoise a l’occasion de se familiariser avec le dessin japonais grâce à de très nombreux ouvrages pratiques consacrés à l’art du manga. Grâce à ces méthodes à la portée de tous, les jeunes Chinois peuvent réaliser des histoires en recopiant les décors, les personnages aux yeux immenses et les attitudes convenues détaillés dans ces ouvrages.

Les mangas et l’univers de la pop-culture, qui inlut les films, dessins animés, figurines et déguisements, connait un succès énorme auprès de la jeunesse chinoise, et l’on peut craindre que la tradition du « beau dessin chinoisé ne devienne frappée d’obsolescence par l’appropriation de cette sous-culture japonaise.

Cependant, de vrais artistes émergent, mélant à la fois l’héritage du lianhuanhua et du manhua et les influences mondiales. Nombreux sont les lecteurs européens séduits par le charme coloré des créations d’un Golo Zhao, Benjamon, Nie Jun, Zao Dao, … ou les propos chargés de la mémoire d’un peuple de plus d’un millard d’âmes que véhiculent des oeuvres des Li Kunu, Nie Chongrui, Lu Ming, Li Zhiwu et qui rejoignent naturellement la grande bibliothèque universelle des romans graphiques.

ET LE MANHUA DEVINT ROMAN GRAPHIQUE

Considéré comme un roman graphique, le lianhuanhua  » Au pays du cerf blanc », dessiné par Li Zhiwu d’après le roman de Chen Zhongshi, a été publié au début des années 2000 par les éditions des beaux-arts du peuple de Pékin. Traduit en français en 2015 par les éditions de la Cerise, il a éré réédité en Chine en adoptant la version réalisée par l’éditeur français.

C’est à l’inittiative de l’éditeur belge Yves Schlirf (Kana) qu’a été initié le roman graphique « Une vie chinoise », scénarisé par l’auteur français Philippe Ôtié. Publié en trois volumes en 2009 et traduit dans une douzaine de langues dont le chinois, ce récit fondateur a rendu son dessinateur Li Kunwu célèbre dans le monde entier. Deux autres oeuvres, réalisées sur ses propres scénarios, ont aussi connu de multiples traductions : Les Pieds bandés », prix du meilleur album à Alger en 2013, et « La Voie ferrée entre les nuages ».

Pour les éditions Fei établies à Paris, l’ancien dessinateur de lianhuanhua, Nie Chongrui, dont le style évoque la gravure sur bois, réalise en six tomes, de 2010 à 2014, la saga du « Juge Bao » avec le scénariste français Patrick Marty. Traduit en italien, en anglais, en néerlandais et en chinois, ce récit est en cours d’adaptation pour une série télé chinoise.

D’autres scénaristes français collaborent avec des dessinateurs chinois comme Jean-David Morvan, très inspiré par l’Asie, ou Richard Marazano qui est l’auteur du « Rêve du papillon » avec Luo Yin. Les quatres volumes édités par Dargaud entre 2010 et 2014 ont été publié en Chine par Comicfans et adaptés en dessin animé de long-métrage et en série télévisée.

Enfin, il fait signaler qu’un dessinateur franco-belge a choisi de s’établir à Shanghai afin d’y réaliser des bandes dessinées pour le marché chinois : Thierry Robin, l’auteur de « Rouge de Chine », y a déjà ppublié « Hai Long Tun », un album qui raconte la destruction de la forteresse de Bozhou par la dynastie Ming après sa rébellion.

Quarante ans après la révolution culturelle qui fermait la Chine au monde extérieur, la Chine d’aujourd’hui participe activement au grand concert mondial de la bande dessinée.

IMAGES RÉVOLUTIONNAIRES

Cette trosième section se compose des bandes dessinées et images séquentielles du XXe siècle. Cette section conserve la vision « exotique » de définir la Chine comme « rouge et révolutionnaire » dans le scénario belge. Toutefois, la signification de « révolution » a été transformée dans un sens chinois : l’image de révolution est un reflet de l’histoire de la patrie, les valeurs révolutionnaires sont la liberté et l’égalité patriotique.

Au XXe siècle, la Chine a connu le développement et le réforme la plus radicale qui a commencé par une révolution de transition de la forme sociale traditionelle vers une forme sociale moderne. La bande dessinée chinoise va accompagner le processus de transformation révolutionnaire de la société chinoise. Les événements et les personnages révolutionnaires deviennent presque le sujet artistique de la Chine. Les caricaturistes chinois ont un fort sentiment d’identité nationale, de sorte que tous les événement révolutionnaires et les mouvements sociaux peuvent se refléter profondément dans leurs oeuvre de bande dessinés : que ce soit la libération de l’individu ou le sauvetage de la nation au moment de sa survie ou de son extinction. La bande dessinee peut lutter contre l’agression par le langage humoristique et ironique, en évoquant le sens de la crise nationale et de la mission sociale. Dans le processus de changement social, les caricaturistes utilisent des formes appréciées par le peuple chinois, en décrivant les avancées douloureuses, tortueuses et profondes des Chinois dans la poursuite de la modernisation, en montrant les images de révolution dans l’espace historique spécifique avec leur propre talent, en transmettant la vérité de révolution avec des histoires bien connues et des personnages familiers. Dans un large contexte social, l’adaptation des faits historiques en les bandes dessinées, images en série au dessin animés sur le thème de la revolution chinoise du XXe siècle constituent l’équipée de l’art de bande dessiné chinoise du XXe siècle.

L’HUMOUR CHINOIS

L’humour est la cristallisation de la culture nationale. Pendant une centaine d’année, les caricaturistes chinois ont donné un caractère national unique à la création de bande dessinée, de manière à former un « humour chinois » unique. Ces bandes dessinées, riches en joie et en amitié spécifiques des Chinois montrent le charme de la culture orientale à la fois en matière de conception et d’image. « L’humour chinois » des bandes dessinées chinoises ne se traduit pas par le clin d’oeil physique ni le gag vulgair, mais plutôt par le langage humoristique et ironique pour exprimer une observation et sentiment spécial vers la vie, la passion et la conscience vers la société. L’humour chinois a une dimension confiante et est une expression signifiante des caricaturistes creusant profondément la connotation des réalités historiques et culturelles sous une forme d’un langagz talentueux. L’humour chinois est une expression talentueuse de la pensée du peuple chinois et d’une sagesse unique dans la bande dessinée.

LE MANHUA MODERNE

Aujourd’hui, le manhua possède une grande diversité. Les jeunes dessinateurs s’inspirent de leur passion et créent des histoires de la hine. Ils participent aux festivals internationaux et attirent les lecteurs européens par la vision, lémotion et le style typique des Chinois. Actuellement, une centaine de millions de revues de manhua sont publiées en Chine. Les manhua sur Internet et ur smartphone sont en plein développement; tous les types de manhua et de produits dérivés se retrouvent sur la marché. A l’ére des mulyimédias, de plus en plus de consomateurs se passionnent pour des produits culturels liés aux manhuas. Les dessinateurs, enracinés profondément dans la société chinoise, échangent avec le reste du monde dans une perspective très large. Le manhua connaît un grand dévellopement de son influence ociale et de sa part de marché. Aujourd’hui, le manhua renaît sur la base du passé, dépasse les limites culturelles géographiques de la Cine et devient une richesse culturelle pour le monde entier.

CONCLUSION

Ces cinq sections forment le cadre académique de l’exposition « Panorama de la bande dessinée chinoise ». Ce cadre, à la fois académique et culturel est présenté à travers des bandes dessinées et des images séquentielles en important des dizaines de bande dessinées classiques et de films d’aimation présentées en 6 iPads, en élargissant la portée de l’exposition avec des documents d’animations précieux, de manière à montrer pleinement au public occidental toute la gamme des images de bandes dessinées bien connues en Chine et ls caricaturistes chinois qui conçoivent les bandes dessinées en Chine. Que le public occidental lise avec joie les histoires orientales et apprécie les bandes dessinées classiques chinoises; très chinoises; très drôles et amusantes !

Je remercie sincèrement le Bureau des Relations et le Département de l’Europe Occidentale du Ministère de la Culture de m’avoir accordé la confiance et le soutien. Merci au Musée de la Bande Dessinée de Bruxelles pour son amour des bandes dessinées chinoises. J’exprime mes remerciement sincères à Monsieur Jean-Claude De La Royère, commissaire belge, pour son travail de recherche approfondi et méticuleux sur la bance dessinée chinoise et un projet de plan très académique qui a jeté des bases solides pour la réussite du projet. Je suis particulièrement reconnaissant de China Arts and Entertainement Group qui a, en tant qu’organisateur u projet, accompli in grand travail détaillé et efficace pour sa réussite. Je suis reconnaissant à tous les membres de l’équipe de conservation, en particulier Monsieur Jin Cheng, président du magazone Guangzhou. Monsieur Jin Cheng a contribué de façon remarquable au développement des bandes dessinées chunoises au cours des 20 dernières années, et son importante collection de bandes dessinées a jeté des bases solides pour le succès de cette exposition de bande dessinées. Les connaissances et les avis en matière de théorie de bande dessinée et histoire de bande dessinée de Monsieur Zhou Jie a apporté un soutien académique fiable au programme de conservation et à la collection de littérature de ce projet.

Cette exposition de bande dessinée « Panorama de la bande dessinée chinoise – Des images enchaînées venues d’ailleurs » coorganisée par le Ministère de la ulture de la Républqiue populaire de Chine, mais aussi les caractéristiques culturelles chinoises distinctives à l’égard de son style esthétique. Je crois que la réussite de cette exposition renforcera durablement la compréhension et l’amitié entre les deux peuples et favorisera profondément et efficacement l’échage culturel entre la Chine et la Belgique.

DR LUO YIPING, commissaire pour la Chine, professeur de l’Université de Zhongshan, ancien convervateur du Musée des beaux-arts de Guangdong.

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