Interview
2007, l’année Dauvillier !
Sceneario.com : Bonjour Loïc, tes multiples métiers dans le milieu bédéphile font de toi quelqu’un de surprenant et de passionnant, alors pour ceux qui ne te connaissent pas encore, ( !) peux-tu te présenter ?
Loïc Dauvillier : Passionné par le livre et les techniques d’impression, je crée en 1996 les Editions Charrette. A travers cette structure, je développe avec les auteurs un terrain d’expérimentation et de plaisir. Les Editions Charrette placent l’auteur au centre de la création et je veille à répondre au mieux à leurs attentes. |
Sceneario.com : Justement, pourquoi Carabas ? A l’époque il n’y avait pas trop d’ouvrages « jeunesse » chez eux, il me semble. Sceneario.com : Que représente la maison d’édition Charrette pour toi ? Loïc Dauvillier : Charrette est un espace de liberté. C’est une structure où les auteurs viennent faire des ouvrages particuliers. Ils sont le capitaine de leur navire ! Je ne suis qu’un vecteur. Sceneario.com : Editeur toi-même, qu’est-ce que cela apporte ou pose comme problème dans tes relations professionnelles en tant qu’auteur ? Loïc Dauvillier : Il est évident que je regarde les choses autrement mais je tente de ne pas mélanger les genres… Lorsque je suis éditeur, je ne suis pas auteur, et inversement. |
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Sceneario.com : Ton actualité est intense, comment t’organises-tu au milieu de tous tes projets ? Loïc Dauvillier: J’ai la faculté de pouvoir me diviser… Non ! Franchement, je ne sais pas. Je sais que j’ai besoin de travailler énormément. Mon expérience professionnelle m’aide sûrement à m’organiser. Je ne vois que ça ! Sceneario.com : Quelle est ta méthode de travail ? Loïc Dauvillier : Je n’ai pas une méthode de travail en particulier. Sceneario.com : En cette année 2007, tu sors coup sur coup un roman graphique très intimiste et deux adaptations d’œuvre de littérature (Oliver Twist pour Delcourt et Le portrait pour Carabas). As-tu eu du mal à passer d’un album à l’autre ? Loïc Dauvillier : Ce n’est absolument pas un problème. L’adaptation et l’écriture sont deux approches différentes de la profession de scénariste. Pour l’adaptation, je me pose la question du comment raconter. Pour l’écriture, c’est plutôt pourquoi raconter cette histoire. Lorsque je propose un projet à un éditeur, mon travail est (généralement) terminé. Un exemple, bientôt, nous allons présenter le dossier d’une nouvelle histoire (intimiste). La dessinatrice doit encore réaliser les planches pour le dossier. De mon coté, je n’ai pas attendu que le projet soit signé pour découper les 120 pages. Le projet n’est pas signé que j’ai déjà terminé mon travail. Pour les adaptations, le tome 1 d’Oliver Twist sort la semaine prochaine (18 avril), pourtant, j’ai déjà bouclé le scénario du tome 2 et j’attaquerai celui du tome 3 cet été. Je pense qu’il est important de livrer un scénario complet au dessinateur (lorsque c’est possible.) Sceneario.com : As-tu un genre privilégié ? Loïc Dauvillier : Je sais que je ne suis pas capable de réaliser un ouvrage de science fiction. Impossible pour moi d’inventer un monde. C’est une gymnastique de l’esprit que je n’ai pas. Je suis très admiratif de Frederik Peeters. Son Lupus est une merveille. Je ne suis pas capable de faire ce genre de transposition des genres. Il utilise le genre SF pour raconter une histoire universelle. J’admire ! Sceneario.com : Tu es donc susceptible de faire une série humoristique ? Ou du western ? Loïc Dauvillier : Pourquoi pas ?!? Sceneario.com : Qu’est-ce qui t’attire dans la littérature russe ? Loïc Dauvillier : J’aime les histoires où l’être humain occupe la place centrale. Des histoires fortes avec des caractères forts… La littérature russe possède beaucoup de récit de ce genre. Sceneario.com : Comment as-tu proposé Ce qu’il en reste à Nathalie Meulemans ? Avec ce projet, tu inaugures la nouvelle maison d’édition « Les enfants rouges »… C’est un coup de pouce ? Un pari ? Loïc Dauvillier : Nathalie Meulemans est avant tout une amie. Lorsqu’elle a lu le texte, elle n’était pas éditrice. D’ailleurs, elle n’a pas lu Ce qu’il en reste mais la suite de l’histoire qui se nomme Théo. Ce récit aborde un thème particulier. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus. Je savais que Nathalie allait se sentir concernée par la problématique et j’avais envie d’avoir son regard sur ce projet. |
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Sceneario.com : Ce qu’il en reste est un projet très intimiste axé sur le couple, comment est né ce projet ? Qu’est-ce qui t’a inspiré ? Loïc Dauvillier : Lorsque l’on écrit une histoire intimiste, on a besoin de connaître la psychologie des personnages. Nous nous construisons en fonction de notre passé, il en est de même pour les acteurs d’une histoire. J’ai écrit l’histoire Théo et j’ai eu la nécessité de mieux connaître mes personnages. Sceneario.com : Peux-tu nous parler de Passages, justement ? Loïc Dauvillier : Marc Lizano (La petite famille), Joël Legars (La nuit des cendres) et François Ravard (Le Portrait) se sont lancés dans l’aventure de l’édition. Ils sont les fondateurs de la Fédération Française de Comix. Le but de cette structure est simple. Ils désirent publier leurs travaux mais également inviter des camarades à faire un ouvrage chez eux. Ils m’ont invité en me disant… quartier libre… tu fais ce que tu veux ! J’ai adoré… merci les gars ! Sceneario.com : Comment as-tu rencontré Jérôme d’Aviau ? Par l’intermédiaire de son blog ? Loïc Dauvillier : Jérôme était en contact avec Marc Lizano. Avec Marc, nous étions en dédicace pour La petite famille. Jérôme est venu le voir. Il m’a montré son carnet (blog). J’ai été sur le cul. Je n’avais malheureusement rien à lui proposer. Deux semaines plus tard, je me suis dit que j’étais un con. J’ai repris contact avec lui pour lui proposer Théo et Ce qu’il en reste. |
Sceneario.com : Que penses-tu d’Internet ? Loïc Dauvillier : Que du bien ! Le mail est l’invention la plus extraordinaire que je connaisse. Sceneario.com : Et les sites d’avis sur la BD ? Loïc Dauvillier : Pour la critique, je n’ai rien à dire. Il est toujours agréable de lire une charmante critique… toujours désagréable d’en lire une mauvaise. C’est la règle du jeu ! Je participe à quelques forums. Ca m’amuse assez ! Sceneario.com : Le monde de l’enfance est très présent dans ton œuvre, je pense notamment aux titres réalisés pour les Petits Chats carrés mais aussi à La petite famille, comment est née cette série ? Idée ? Choix du dessinateur ? Rencontre avec Carabas ? Loïc Dauvillier : C’est vrai que j’ai une douceur pour le monde de l’enfance. Je ne me l’explique pas… Sceneario.com : Quel fut l’accueil du public ? Y a t-il eu des interventions scolaires pour cette série ? Quelles anecdotes ou souvenirs peux-tu raconter ? Loïc Dauvillier : L’accueil du public est extraordinaire. Dernièrement, on m’a dit « la petite famille, c’est comme un album photo de famille ». Avec Marc, nous vivons des choses extraordinaires. Plusieurs fois, nous avons eu des lecteurs en larmes. Dernièrement, une maman et son fils sont venus me voir durant une séance de dédicace. Le petit garçon n’était pas bien. Il me regardait avec des grands yeux pleins de larme. La maman s’est penchée sur moi pour m’expliquer qu’il avait lu le livre hier et que pour la première fois, il avait réussi à parler de la mort de sa grand-mère. Que voulez vous vivre de plus intense ? Si cette série permet cela, je n’en demande pas plus. Sceneario.com : A propos de rencontre avec le public, tu es très présent sur les salons, cela est-il très important pour toi ? Loïc Dauvillier : Ah bon ! ?! J’ai pourtant l’impression de ne pas être tout le temps en festival. Sceneario.com : Que souhaites-tu réaliser à l’avenir (quels sont tes projets) ? Loïc Dauvillier : Au niveau des sorties : – Le 18 avril, aux éditions Delcourt, le tome 1 d’Oliver Twist avec Olivier Deloye, Isabelle Merlet et Jean-Jacques Rouger. Pour 2008 : En projet, Sceneario.com : Pour qui aimerais-tu écrire ? Loïc Dauvillier : Pour celui (ou celle) qui me donnera envie de faire ensemble et qui m’accordera sa confiance ! Sceneario.com : Quelles sont tes lectures favorites ? Loïc Dauvillier : – Littérature – Les classiques, Camus, Topor, Kasak… pas trop de moderne, mise à part mon pote Joseph Incardona… j’aime beaucoup Hygiène de l’assassin… Sceneario.com : Cinéma ? Loïc Dauvillier : Tati… le plus grand ! Sceneario.com : Musiques ? Loïc Dauvillier : Des vieux machins comme Killing Joke, Bauhaus, Joy…etc. Sceneario.com : Loïc, merci. |
Visitez le site de Loïc : http://www.loicdauvillier.com
Et son blog : http://loicdauvillier.over-blog.com/
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