Interview

Anna, Malen et Marc étudiants à l’école de Comic Joso de Barcelone

Sceneario.com : Justement, comment est Mike en tant que professeur ? ;o)

Malen : Pour nous c’est un grand professeur !
Il nous transmet ENORMEMENT que ce soit par son expérience, par son dessin ou par son enseignement.
Pour moi c’est un grand personnage. Il s’investit énormément dans sa tache de professeur et se passionne pour son travail. Il nous donne envie de progresser à mille pour cent de part son enthousiasme.

Anna : On apprend beaucoup grâce à son expérience professionnelle.

Marc : Il n’y a pas un vrai marché de la BD en Espagne. Il n’y a pas grand-chose.
Du coup nous devons nous tourner vers la France, ou les Etats Unis. Mike nous explique quel type de bande dessinée, quel type de dessin, correspond à chaque genre, comment le penser, tout.
Grâce à son expérience aujourd’hui sur ces divers marchés il peut nous transmettre plein d’informations. Et sa passion pour cet univers est communicante.

Malen : Il nous fait voir le métier à travers les yeux d’un professionnel, comme un travail ; une passion, dans un environnement très compétitif avec beaucoup de réalisme.

Sceneario.com : Cela vous permet de choisir le type de bande dessinée dans lequel vous souhaiteriez évoluer ?

Malen : Oui, principalement en France.

Sceneario.com : Vous souhaitez tous faire de la bande dessinée en France plus tard ?

Anna, Malen, Marc : Oui de préférence.

Marc : Le style, la manière de travailler, le résultat final, nous avons tous envie d’évoluer vers ce genre de bande dessinée, française ou européenne, de la bande dessinée d’auteur. C’est ce qui serait le mieux.

Une rencontre des plus sympathiques rendue possible par Mike Ratera, auteur de BD et enseignant à l’école de Comic Joso de Barcelone.Tous les ans au départ de l’école est affraité un bus partant vers l’aventure des quatre jours du mythique festival BD d’Angoulême.Nous avons pu recueillir les impressions d’Anna, Malen et Marc pour leur première visite tout en discutant de l’univers BD en Espagne, un peu différent du notre il faut le reconnaître ;o)

Malen, Marc, Anna espace Leclerc Angoulême 2005

Sceneario.com : Commençons par une petite présentation :o)Malen :Je suis une élève de Mike Ratera. Et c’est la première fois que nous venons à Angoulême pour le festival.Marc : Je suis dans la même classe que Malen et Anna. Et c’est aussi la première fois que je fais ce voyage

Anna : Pareil j’étudie à l’école de Comic Joso de Barcelone.

Sceneario.com : Vous avez quel âge ?

Anna : 24 ans.

Malen : 24.

Marc : 20.

Sceneario.com : Depuis combien d’années étudiez-vous avec Mike ?

Anna : Nous sommes en troisième année. Chaque année on a des professeurs différents pour chaque matière. Par exemple, en ce moment nous avons Mike dans la matière dessin, narration visuel et projets. Et aussi Edu Alpuente pour la matière encrage.

Sceneario.com : Vous étudiez le dessin à l’école de comics de Barcelone. Une école de BD classique n’aurait pas fait l’affaire ? Qu’est-ce que cela vous apporte de plus ?

Anna : A Barcelone nous n’avons pas tellement le choix.

Malen : Ceci dit, même dans toute l’Espagne nous n’avons pas un grand choix d’écoles dans le domaine de la bande dessinée. L’école de Comic Joso est une des écoles les plus connues de Barcelone et même de toute l’Espagne.

Anna : Et dans les écoles d’art on n’étudie pas la bande dessinée. Seulement la peinture, la sculpture, les arts graphiques ; pas de comics au programme.

Sceneario.com : Quel est le déroulement des l’études ?

Malen : En générale on commence par la théorie. Cela dure une bonne partie de l’année.
En première à année, on nous enseigne surtout les bases. Les bases de la peinture, du dessin réaliste, les proportions, la perspective… Et petit à petit on apprend à préparer, mener un projet.
Donc il y a une partie théorique, puis on passe à la pratique, par exemple sous forme de projet, que Mike supervise.

Sceneario.com : Quels sont les auteurs que vous admirez, qui vous servent de référence dans votre apprentissage ?
(rires)

Malen : Katsuhiro Otomo…Anna : Oui, Katsuhiro Otomo pour tous les trois, pareil pour Moebius, …Miguelanxo Prado.Marc : OK (rires)

Malen : Hugo Pratt pour moi.

Marc : Guarnido.

Malen : Et Marini, Manara, sont globalement ceux qui nous influencent le plus.

Marc : Aussi, Frank Miller.

Malen : Ha oui, Frank Miller !

Marc : Et MIKE !!!

Anna et Malen : Et Mike Bien sur ! (rires)

Marc

Anna

Sceneario.com : Combien d’années cela va-t-il prendre pour que vous puissiez voler de vos propres ailes ?Anna :Les études sont sur quatre ans. Après ça dépend un peu des relations que l’on peut avoir dans l’univers de la bande dessinée, de notre assurance, de notre capacité à mener un projet qui soit retenu … etc.Malen : Oui car sur quatre ans on t’enseigne les principales bases.
Mais il ne faut pas oublier que l’art s’apprend au quotidien, petit à petit. Chacun suit son chemin. On ne peut pas dire « A partir de maintenant je sais tout ».
C’est un apprentissage perpétuel.

Sceneario.com : Vos familles vous ont permis facilement de choisir ce métier artistique ?

Anna et Malen : Oui.

Anna : Oui, très.

Marc : Moi au début non. Ma mère craignait que je me plante. C’est normal car en Espagne on n’a pas beaucoup de débouchés professionnels dans la bande dessinée.
A force d’en parler, d’expliquer, j’ai pu m’orienter vers des études de bande dessinée. En Espagne si tu fais de la BD, il est préférable d’avoir aussi un autre métier. Avant de pouvoir en vivre il est nécessaire de faire deux boulots en même temps.

Anna : Pour ma part j’ai été soutenue à cent pour cent. Au début ma mère voulait que je fasse une carrière de Dessin Graphique pour la sécurité de l’emploi, et après faire de la bande dessinée.

Malen : Ma famille aussi m’a soutenue à cent pour cent parce qu’il y a aussi un lectorat pour la bande dessinée. Il y a de plus en plus de gens, de familles à acheter de la bande dessinée.
Cependant, la bande dessinée c’est pour les jeunes et ce n’est pas considéré comme quelque chose de normal. Ce n’est pas comme lire un roman. En France oui, mais en Espagne non.

Marc

Sceneario.com : Qu’est-ce que vous allez faire en priorité sur le festival, qu’est-ce qui vous intéresse le plus ?

Malen : Déjà découvrir des œuvres que nous ne verrons jamais en Espagne. Et voir le monde réel de la bande dessinée qui n’existe pas chez nous. Percevoir la réalité de la profession, du public, du lectorat, des auteurs … une réalité très différente de la notre en Espagne.

Sceneario.com : Qu’est-ce que l’on peut acheter aujourd’hui comme type de BD en Espagne ?

Marc : Aujourd’hui en Espagne la seule chose qui est mise en avant sur le marché c’est le manga. Mais du manga très exclusif, pour les enfants uniquement.
Les comics résistent mais bon, le reste de la bande dessinée, très minoritaire, s’adresse à des gens comme nous, très informés de ce qui peut se faire d’autre en bande dessinée.
On ne trouve rien dans les bibliothèques municipales ni ailleurs.

Malen : En Espagne on trouve à peine un pour cent de ce que l’on peut trouver ici.

Marc : On trouve du Moebius, …

Malen : Il y a beaucoup de rééditions, et c’est toujours la même chose, rééditée avec des présentations différentes, jamais de nouveautés.

Sceneario.com : Quels sont les auteurs qui vous intéressent sur le festival ?

Anna, Malen, Marc : Tous (rires).

Anna : On ne connaît pas les auteurs locaux.

Malen : Seulement les meilleurs.

Marc : Ou les plus commerciaux en Espagne. Mais il n’y a pas grand-chose qui arrive chez nous, voire rien du tout.
S’ils ne sont pas certains de le vendre, ils ne le commercialisent pas. Par exemple, les auteurs les plus connus du festival, nous ne les avons jamais vus chez nous.
Nous sommes venus pour découvrir.

Sceneario.com : Quelles sont vos premières impressions sur le festival ?

Malen : C’est impressionnant ! Le nombre d’auteurs venus présenter leurs projets, de maisons d’éditions, d’auteurs présents …

Marc : En Espagne nous avons des festivals, mais il n’y a que quelques auteurs.

Anna : Gigantesque !!

Sceneario.com : Il n’y a pas de festivals de cette ampleur en Espagne ?

Anna, Malen : Non.

Marc : Ils sont plus petits. Celui de Barcelone est le plus important. On y trouve des comics et des mangas. Ce sont plus des commerces. Tu y vas, tu achètes ton bouquin et tu t’en vas (rires).

Malen : Maintenant c’est davantage le salon du manga. Il a perdu son identité de salon de Bande dessinée. Il y a des Kara OK, des spectacles, encore et encore. C’est petit, pas pratique…

Marc : C’est comme une station de train (rires).

Sceneario.com : Y-a-t-il beaucoup de filles dans votre école ?

Anna, Malen : (Rires) oui, nous.

Marc : Oui il y a quelques filles dans l’école.

Anna

Anna : Je ne connaissais aucune fille dans le domaine de la bande dessinée avant de venir à l’école.

Sceneario.com : Aujourd’hui les filles sont elles plus nombreuses à se lancer dans le dessin de comics ou autre ?

Malen : Oui. Je pense que petit à petit cela va se généraliser. Par exemple il y a dix ans quand je disais que cela m’intéressait on me regardait avec des grands yeux.
Aujourd’hui cela se normalise. Il y a plus de filles et les garçons l’acceptent bien. Pour cela je ne serais pas surprise de voir de plus en plus de fille dans ce genre d’école.

Marc : Cela dépend aussi de ce que l’on dessine. Selon le genre il y a plus de garçons ou plus de filles.

Anna : Ce qui se passe, c’est que la majorité des filles dessinent du manga. C’est moins courant de voir des filles dessiner du comic ou de la bande dessinée européenne.

Sceneario.com : Et vous trois quel est votre genre de BD que vous avez envie de dessiner ?

Anna : Des histoires plus personnelles, avec de la profondeur psychologique.

Malen : Des histoires du genre quotidien.

Marc : Aussi du genre quotidien, avec la présence des éléments fantastiques.

Sceneario.com : Merci d’avoir pris de votre temps pour répondre à nos questions ! :o)

Anna, Malen, Marc : Merci à bientôt !

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