Interview
BATI
Marc Bati : bonjour
Sceneario : Comment es-tu venu à la bande dessinée ?
Marc Bati : J’étais encore au lycée et je collaborais à un fanzine, le crapaud baveux avec une bande de potes, assez allumés, et le virus a pris comme cela. J’ai continué à faire de l’illustration de presse, des petites bandes dessinées là où je pouvais et j’avais des projets plus consistant qui étaient en préparation. Ce qui a été déclencheur, c’est ma rencontre avec Jean raud et la naissance du Cristal Majeur.
Sceneario : Et comment es-tu venu à collaborer avec Giraud ?
Marc Bati : J’ai eu l’occasion de le rencontrer, un peu par hasard, par des amis communs. A la suite de ca, je suis allé le voir en me présentant comme jeune dessinateur, je devais avoir dans les 19 ans. Je lui ai montré mon carton a dessins avec ce que j’avais dedans. Il m’a donné quelques conseils, on est resté en contact. Il savait que je faisais de la mise en couleur à l’aérographe, etc…
On habitait pas très loin, et il m’a téléphoné en me demandant si je pouvais lui donner un coup de main pour faire une mise couleur en toute urgence car il avait une petite bande dessinée en couleur à livrer en une semaine. J’ai donc été passer une semaine chez lui, à travailler à coté de lui, pour faire cette commande. Ca c’est très bien passé, on a passé une semaine très sympa, il était ravi, et moi aussi, imagine !
Je faisais des mises en couleur, en couleur directe à l’aérographe, sur des planches qui étaient à peine sèche, il me passait des planches dont il venait de juste finir l’encrage. Moi j’étais un peu stressé mais ça c’est super bien passé, et puis voilà, a la fin de ce travail, c’est lui même qui m’a dit, ça serait bien qu’on fasse autre chose. J’avais, dans mes cartons, une ébauche du cristal majeur qu’il a complètement remaniée, revue, et ça a donné ce que c’est devenu.
Sceneario : Sur le cristal majeur, il y a des albums ou vous êtes tout les deux, et il y en a un ou tu es tout seul,
Marc Bati : Au départ, le cristal majeur cela devait être une histoire en un tome, on s’est pris au jeu et l’histoire est devenue de plus en plus dense, et ça a donné trois tomes donc un cycle. Ce qui a pas mal marché. On a eu envie de continuer, et après ce cycle, on a gardé le personnage d’Altor, le héros du cristal majeur. On a fait la suite des aventures d’Altor, donc la série a pris le nom. Il se trouve qu’il y a un épisode ou jean était aux états-unis, moi en France, c’était plus difficile de se voir, et j’avais envie de me lancer, de faire un scénario, donc j’ai fait le tome 5 les Seigneurs Force sans lui. Sinon tout les autres, on les a fait ensemble.
Sceneario : C’est aussi une série atypique, il y a un cycle en 3 albums, puis des one shots et un cycle en deux albums. D’habitude les séries sont plutôt faite de cycle qui ont toujours le même nombre d’album.
Marc Bati : Il y a d’autres exemples, regarde Valerian ou Thorgal c’est le cas aussi. Mais surtout, on n’a pas réfléchi à ça, on fait en fonction des histoires qui viennent et de la place qu’elle demande.
Sceneario : Il y a un délai de 4 ans entre les deux derniers albums
Marc Bati : Oui, il y a une partie du délai qui est de ma responsabilité, puisque je fais beaucoup de choses en même temps. Je n’ai pas toujours pu travailler de manière continue sur l’album. Mais il aurait quand même du sortir au moins un an avant. Il y a eu des problèmes de calendrier avec l’éditeur. L’album était prêt le janvier 2003, c’est marqué sur la dernière page de l’album. Il aurait du sortir il y a un an. Il y a eu différents retards.
Sceneario : Parmi les choses que tu fais à coté de la bande dessinée, je sais que tu organise le festival des très courts
Marc Bati : Oui, il y a les très courts sur lequel je suis assez pris en ce moment. Puisque que c’est dans pas longtemps, 7-8-9 mai au forum des images à châtelet/les halles. Et ça se passe dans une vingtaine de villes en même temps. Les très courts se sont des courts métrages qui durent 3 minutes maximum et il y a quelques films qui débordent un peu a cause des génériques mais ça ne dépassent pas quatre minutes.
Sceneario : Qu’es ce qui t’a amené à organiser ce festival ? c’est très éloigné de la bande dessinée
Marc Bati : Ca me passionne autant que la bande dessinée. C’est très créatif aussi. Et c’est très intéressant en tant qu’expérience. C’est aussi une expérience humaine. Contrairement à la bande dessinée, c’est quelque chose qui se fait en équipe avec énormément de personnes qui collabore. La bande dessinée, on est souvent seul sur sa table à dessin, ou avec un scénariste de temps en temps. On a aussi un retour de la part des spectateurs tout de suite, chose que l’on a pas quand on fait les planches d’un album. De plus, la bande dessinée c’est beaucoup plus lent et long à faire. Les très courts ça va a toute vitesse. Donc c’est très complémentaire.
D’autre part, en tant qu’auteur de bande dessinée, je suis un créateur qui présente mes œuvres a un éditeur, dans le cas des très courts, je suis plus du coté de l’éditeur qui reçoit les œuvres des réalisateurs qui me les soumettent. Je vois ce que c’est de décider. Celui la, oui, un autre, non, etc …
C’est un point de vue qui n’est pas forcement facile non plus. Je vois comment on est, face à un éditeur à qui on présente un projet et qui en a vu une dizaine dans la journée. Ce n’est pas toujours facile de choisir. Les choix se font parfois à de toutes petites choses qui font la différence avec le voisin, il faut tomber au bon moment. C’est vraiment très très subjectif. Mais il n’y a pas d’autres solutions. C’est intéressant de le vivre de l’autre coté de la barrière en tant qu’auteur.
Sceneario : Il y a aussi un projet de bande dessinée avec bruno bellamy
Marc Bati : Oui, tout à fait. On est en train de réaliser une nouvelle série qui s’appelle les voyage du tiger-lily. C’est une nouvelle série, il n’y a aucun rapport avec sylfeline, la série que nous avons fait ensemble. On retrouve un petit peu le style de personnage féminin de Bellamy, mais l’histoire n’a rien à voir avec celle de sylfeline. Le scénario est plus dense et plus musclé. C’est entre blade runner et sylfeline (rire). Pour plus d’info, il y a un mini site www.tiger-lily.net, dont s’occupe bruno, dessus il y a le personnage principal et quelque image pour donner une idée.
Sceneario : Donc sur cette série, tu es ‘juste’ scénariste ?
Marc Bati : Pas du tout. On fait le scénario et les dessins ensemble. La première version du scénario a été écrite par bellamy, je l’ai repris et remis en scène. Je m’occupe aussi du story board, de la mise en place des personnages et du crayonné. Bruno reprend ça et fait l’encrage et l’habillage avec son style. Ca donne une bonne complémentarité entre nos deux styles.
Sceneario : D’autres projets ?
Marc Bati : Non, à part un petit port folio sur les fées. Il doit être en librairie depuis moins d’un mois.
Sceneario : Sur ton site perso il y a une partie qui est consacrée au tibet.
Marc Bati : J’ai réalisé un site qui permet de présenter les contributions de dessinateurs connus ou inconnus pour soutenir un peuple en voie d’extinction, au moins au niveau culturel. Je ne suis pas en première ligne pour la défense sur le sujet mais j’y participe. Je reçois un a deux dessins par mois, il y a plus de 150 dessins maintenant. Il y a aussi un projet d’album. Un collectif sur le Tibet qui va être fait l’organisateur du festival de sollies.
Sceneario : Merci beaucoup