Interview

David Chauvel pour LE CASSE

Sceneario.com: David, fidèle auteur des Editions Delcourt, vous voilà à la tête de la série collection LE CASSE. D’où vient cette idée ?

 

David CHAUVEL: De Guy Delcourt. J’étais très frustré, après avoir terminé la série 7, de ne pas avoir pu travailler, pour diverses raisons, avec tous les gens avec qui j’aimerais travailler (et ils sont nombreux, que ce soit en France ou à l’étranger…). Guy avait envie qu’on relance une mini-série « à thème », mais encore fallait-il trouver le thème en question, et le bon. Nous avons tourné en rond autour de l’idée, jusqu’au moment où il s’est souvenu que « 7 Voleurs » était une histoire de « casse », mais dans un univers inhabituel : celui du médiéval fantastique. Il m’a proposé l’idée, que j’ai trouvé excellente.

 

Sceneario.com: Pouvez vous nous parler du concept ?

 

David CHAUVEL: Tout est dans le titre !! 🙂 En fait, il s’agit juste de raconter une histoire de Casse, de préférence original. L’univers est au choix de l’auteur, le butin peut être n’importe quoi, l’équipe peut être d’une comme de cent ou mille personnes, le Casse peut échouer ou réussir… C’est totalement libre. Les seules conditions sont de coller au thème… Et de s’amuser.

 

Sceneario.com: Allez vous monter cette collection sur le même principe que la série Sept ?

 

David CHAUVEL: Absolument. La collection proposer une série de déclinaisons sur un même thème imposé. Pour des raisons évidentes, nous n’avons pas fait 7 albums. 8, pour une thématique de ce genre, me paraissait un peu beaucoup. Six était un bon chiffre.

 

Sceneario.com: Serez-vous l’auteur d’un des albums ?

 

David CHAUVEL: Oui. Il y a eu plusieurs variations. Tout d’abord, j’ai commencé une histoire sur fond de japon fantastique médiéval, mais je me suis vite rendu compte qu’elle était impossible à faire tenir en seul volume. Comme j’étais parti sur l’écriture de cette histoire, je me suis donc mis en retrait du Casse et ne comptais pas en écrire… Mais finalement, suite à une série de défection et à l’envie commune, qui remonte à longtemps, de Denys et moi, de travailler ensemble… Je me suis lancé dans l’écriture de « Soul Man », un polar américain très noir, sur fond des tubes de Stax et Atlantic… Et je me suis tellement amusé, j’ai été tellement épaté par le travail de Denys que rétrospectivement, j’aurais vraiment eu tort de rater ça…

 

Sceneario.com: Lorsque l’on dirige une collection, quel est le travail à réaliser ?

 

David CHAUVEL: Il est plus vaste qu’on ne le pense, à priori. J’ai d’abord cherché les scénaristes, qui sont parfois arrivés directement avec un dessinateur. Pour certains, ça a été très vite, pour d’autres beaucoup moins… Il faut ensuite jouer de la baguette de chef d’orchestre… D’abord veiller à la diversité des récits proposés, que ce soit dans l’univers, les personnages, le déroulement, la narration, le style etc… Il faut ensuite, pour ceux qui n’en ont pas, trouver un dessinateur. Et le bon. C’est souvent une partie longue et difficile. De même pour le coloriste. Organiser les plannings de chacun, suivre le déroulement des albums, depuis le story-board de la première page jusqu’au dernier mot du quatrième de couverture, ce qui prend entre un et deux ans, selon les albums. Faire le relais avec la maison d’édition, travailler au « design » de la collection, à la promotion, etc… Bref, c’est passionnant de bout en bout.

 

Sceneario.com: Comment choisissez-vous les auteurs ?

 

David CHAUVEL: A l’affectif et à l’instinct. Soit ce sont des gens que je connais et avec qui j’ai envie de travailler parce que je les apprécie et j’apprécie leur travail. Soit parce que j’ai lu quelque chose d’eux qui m’a plu. Le choix, le casting, est totalement subjectif. Il ne s’agit aucunement de faire une « dream team » du scénario, mais de faire ma « dream team » à moi. Et c’est exactement la même chose pour le dessin.

 

Sceneario.com: Pour ce tome 1, pourquoi avez-vous approché Christophe Bec ?

 

David CHAUVEL: J’ai flashé sur le premier tome de Bunker, qu’il a écrit, et qui venait de sortir. Tout simplement. Bien sûr, je connaissais aussi ses autres travaux, mais après avoir lu cet album, je l’ai contacté, sans me poser plus de question. Il a rapidement accepté, pour mon plus grand plaisir… Je lui ai proposé Dylan Teague, un anglais, dont j’avais repéré le travail sur le net. Coup de chance, Dylan avait très envie de faire des albums au format franco-belge… Auquel il s’est particulièrement bien adapté. Nous sommes tous les deux très satisfaits, je crois, de cette collaboration…

 

Sceneario.com: Qu’est ce que vous aimez dans le travail de directeur de collection ?

 

David CHAUVEL: Honnêtement ? Tout !! J’adore travailler avec des gens qui font fait leur preuve car on a l’impression continuelle de « jouer sur du velours ». J’adore travailler avec des débutants car ils ont un enthousiasme et une Je vais être très franc, devenir éditeur il y a cinq ans m’a permis de sortir d’une sorte de traintrain dans lequel je m’étais involontairement installé et qui m’entraînait sur la pente de la perte de motivation pour mon travail d’écriture. Depuis, tout a changé. Ma vision du métier et du monde de la bande dessinée ont changé, j’ai pris beaucoup de recul sur ma façon d’écrire et d’envisager mon activité de scénariste, j’ai énormément appris, j’ai tout remis en question et en perspective… Vis à vis du scénario, c’était comme un renouveau, une deuxième « naissance »… C’est énormément de travail mais aussi énormément de plaisir, et pas mal d’angoisse, aussi parfois. Car le « marché » est extrêmement difficile et on a toujours envie que chaque livre trouve un public…

 

Sceneario.com: Une préférence à celui de scénariste ?

 

David CHAUVEL: Non. Les deux sont à la fois très proches et très très différents. Et il y a sans doute plus de différence que de points communs. Aujourd’hui, je n’aimerais pas qu’on me demande d’abandonner l’un pour l’autre… Car pour être très franc, je ne sais vraiment pas ce que je choisirais…

 

Sceneario.com: En dehors de Casse, quelle est votre actu pour les mois à venir?

 

David CHAUVEL: En tant qu’éditeur, je vais publier "Au nom de la bombe", un gros livre sur les Essais Nucléaires français. Une somme d’histoires, de témoignages, d’informations rassemblée par Albert Drandov et dessinée par Frankie Alarcon… Ainsi qu’un étonnant et superbe livre jeunesse "Ananke"… Je suis très fier des deux. En tant que scénariste, je publie une adaptation d’Alice au pays des merveilles, magnifiquement dessinée par Xavier Colette. Je suis très curieux de voir les avis et réactions sur Soul Man, notre polar du Casse, avec Denys, puisque c’est un retour au "polar noir à l’américaine", après des années d’abstinence. Et un peu plus tard sortira le premier album de la nouvelle série de fantasy dessinée par Jérôme Lereculey. Une sorte de suite à "7 Voleurs"…

 

Sceneario.com: Quel a été votre plus gros coup de coeur 2009?

David CHAUVEL: J’en ai deux. "La Brigade Chimérique" que j’ai découvert récemment et qui m’a fortement impressionné. Et le deuxième tome de Siegfried. Il y a une magie dans ce livre, que je n’arrive pas vraiment à expliquer, mais qui, avec moi, fonctionne à plein. Je me permets également d’ajouter le premier livre de Pierre Place chez Warum "Au rallye" et le premier album de Natacha Sicaud chez Diante "Sauve qui peut, deux albums et deux auteurs à découvrir d’urgence !! 🙂

 

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