Interview

De Marc et De Wulf, dessinateurs et scénaristes de Stam et Pilou

Sceneario : Commençons par une petite présentation, messieurs, s’il vous plaît ! :o)

DW : Nous sommes tous deux dessinateurs et scénaristes de Stam et Pilou. On écrit à quatre mains et on dessine à quatre mains ce qui est assez rare. On travaille séparément sur nos planches puis en se les échange. On se complète et puis on rectifie. On a aussi plusieurs collaborateurs qui nous aident pour l’encrage, la mise en couleur, le lettrage etc… Nous, on écrit les histoires, on les dessine et pour la finition, les décors etc on délègue. C’est un choix, il n’y a que vingt-quatre heures dans une journée. Chacun travaille chez soit à son rythme. On est passé au numérique ce qui permet un gain de temps. Cela nous laisse plus de temps pour les scénarios, les négociations avec les éditeurs…

Sceneario : vous travaillez ensemble depuis combien de temps ?

DM : Depuis presque neuf ans. On a le même style de dessin et les mêmes goûts en bande dessinée. On a commencé par d’autres projets et puis il y a eu Stam et Pilou. Quelque par sponsorisé par la poste Belge. La poste cherchait des personnages pour leur club de jeunes philatélistes. Il lui fallait deux mascottes. On a créé les personnages de Stam et Pilou pour le Stampilou club et un an plus tard la série BD. Le club est opérationnel depuis 2001 et tous les ans il y a cinq à six milles adhérents qui paient une cotisation. En parallèle, les albums ont leur propre vie. D’une certaine manière, la poste en est le partenaire.

 

Sceneario : Vous avez la maîtrise totale de vos personnages ?

DM : Absolument. Et comme auteurs on a la maîtrise de la production de A jusqu’à Z, avec la possibilité d’intervenir sur l’impression jusqu’à la dernière minute. Ce qui est relativement rare, car la plupart du temps, lorsque l’on a livré nos dessins à un éditeur, la suite ne dépend plus de nous.

Sceneario : Quelle a été l’idée de départ de l’histoire de Stam et Pilou ?

DW : Au début la poste nous avait demandé un garçon et une fille. Il y avait déjà le nom du club de Stampilou. On devait donc créer des personnages à partir du nom Stampilou. Ce qui a donné Stam et Pilou. Ensuite on a rajouté librement nos autres personnages.

DM : Pour le concept on a ciblé une BD humoristique que l’on peut laisser partout, sur la table de salon ou même dans la salle d’attente d’un médecin ; vraiment quelque chose que toute la famille puisse lire. Avec un humour à différents degrés qui puisse intéresser aussi bien les grands que les petits. Une bande dessinée dans la pure tradition Belge que l’on puisse lire de sept à soixante dix sept ans comme disait Hergé à l’époque.

Sceneario : Comment montez-vous les gags. Il y a un thème pour chaque album ?

DW : Ca vient progressivement lors de nos discussions, par exemple pendant les dédicaces. L’un propose un thème. On en discute et cela prend forme au fil du temps, chacun écrit des gags. L’histoire finalement est comme un « cintre pour les y accrocher ».

DM : Dans chaque page il y a au moins deux gags, visuels ou verbales et au fond l’histoire est une excuse pour raconter des bêtises. On essaie avant tout de divertir, sans prétention.

Sceneario : Vous avez le temps de lire des BD ?

DW + DM : Oui, dans des genres très diversifiés. Par exemple « La croix de cazenac », « Les Maîtres de l’Orge », on aime bien aussi les BD gros nez comme « Titeuf ».

Sceneario : C’est vrai que Stam et Pilou font des bêtises comme le fait Titeuf.

DM : Mais on est plus gentil que Titeuf. Tant dans le vocabulaire que dans le style de bêtises. Stam et Pilou ne font jamais exprès. C’est pour cela que la série s’intitule « Les aventures involontaires de Stam et Pilou ». C’est plutôt leur spontanéité de gosse qui les mets en mauvaise posture. Et celui qui en souffre le plus c’est le papi ! C’est la bonne vieille tradition britannique de Laurel et Hardy avec le clown blanc et l’auguste. Stam et Pilou sont les augustes et le papi le clown blanc qui souffre. Par exemple quand le papi veut emmener Pilou en vacances, il faut toujours trouver le moyen d’emmener Stam. Car ils ne sont que voisins, mais Pilou ne veut pas partir sans Stam.

Sceneario : Pas évident de trouver tous ces gags pour chaque album !

DM : on a tous les deux des enfants. Et il faut bien reconnaître que l’on est restés très gosses tous les deux, ma femme dit « on est restés emmerdeurs » (rires). Ca nous démange d’écrire des gags. On sorts d’autres albums en Belgique qui ne seront pas traduits en français, plus dans l’humour noir. Au total courant 2007 on aura sorti six albums.

Sceneario : Vous disiez faire de la bande dessinée depuis l’âge de 12 ans. Qu’est-ce qui s’est passé avant Stam et Pilou ?

DW : J’ai travaillé dans un studio d’une série très populaire en France qui s’appelle ??. Ils vendent un million d’albums par année. C’est là que j’ai fait mes premières armes.

DM : J’ai fait les Beaux Arts et depuis l’âge de 16-17 ans j’ai toujours fait des gags aussi bien pour les journaux locaux, que des peintures, des dessins … on a toujours été occupés.

Sceneario : Quel accueil réserve le public français aux Stam et Pilou par rapport au public Belge ?

DM : Il n’y a pas de différence. Et on voit la même catégorie de gens. L’humour est universel ! Comme disait Philippe Bouvard, « L’humour est anglo-saxon, les français font de l’esprit ».

Sceneario : Dans vos histoires, vous vous inspirez d’humoristes en particulier ?

DM : On fait des clins d’oeil. Par exemple à De Funes ou Bourvil.

DW : Naturellement on est inspirés par les films et les lectures. Mais surtout on crée des gags qui nous font rire tout en travaillant (rires).

DM : en plus on est payé pour ça ! (rires)

Sceneario : Mais vous avez d’abord envie de raconter des histoires ou bien d’être drôles ?

DM : On est tous les deux des raconteurs d’histoire avant tout. Pour le côté humoristique, je crois que l’on a tout simplement ça en soit. On a l’oeil pour le détail. Et quand on a l’oeil pour le détail, on voit tous les défauts et ce sont ces défauts là qui font toujours rire sortis de leur contexte. On ne se casse pas la tête, ça vient automatiquement.

DW : Il y a aussi toujours une part de dramatique dans une blague, il y a toujours quelque chose qui tourne mal. C’est comme « vidéo gag », c’est triste au fond ce qui arrive après ! (rires)

DM : Par contre on se rend compte qu’il est de plus en plus difficile de rigoler des défauts des autres. C’est quelque chose qui nous vient des américains. Pourtant, il faut savoir rigoler de tout à commencer par nous-mêmes. Il y a de moins en moins de liberté.

DW : Pourtant lorsque l’on regarde les média, on a l’impression que d’un côté on essaie de choquer le plus possible, mais d’un autre côté il faut faire attention à ceci, il faut faire attention à cela…

DM : Si on regarde l’époque de Coluche, le style des gags a bien changé. Même un gars comme Bigard fait plutôt dans le genre gentil.

Sceneario : Merci de vous être prêtés au jeu des questions-réponses pour Sceneario.com !

DM et DW : Merci à vous, et à bientôt.

 

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