Interview

Entretien avec Alain Ayroles entre la cape et les crocs.

Sceneario.com : Bonjour Alain. Ton actualité est la sortie du dixième et dernier acte de la série (culte) De Cape et de Crocs . Avant toute chose, peux tu te présenter pour nos lecteurs ?

Alain Ayroles : Je suis le scénariste de De cape et de crocs, dessiné par Jean-Luc Masbou, de Garulfo, série aujourd’hui terminée, et d’un album de la collection « 7 » : Sept missionnaires, mis en images par Luigi Critone, ainsi que d’une autre série : D, avec le dessinateur de Garulfo, Bruno Maïorana.

Sceneario.com : Qu’as-tu ressenti lorsque tu as mis le mot fin à la fin de cette saga ?

Alain Ayroles : Beaucoup d’émotion, l’impression de dire adieu à de vieux amis.

Sceneario.com : Quel regard portes-tu aujourd’hui sur cette aventure?

J

Alain Ayroles : je suis assez étonné et un peu impressionné que Jean-Luc et moi ayons réalisé une aussi vaste saga.

Sceneario.com : As-tu été au bout de tes idées sur la série ? As-tu suivi depuis le début le plan que tu t’étais fixé ?

Alain Ayroles : Le scénario était en constante évolution : de nouvelles péripéties, de nouveaux gags sont venus s’ajouter au fil des tomes, dans une logique feuilletonnesque à la Dumas, avec de périlleux moments d’improvisation dignes de la commedia dell’arte ! Mais les grandes lignes de l’intrigue n’ont pas beaucoup bougé et l’esprit de la série, surtout, est resté le même.

Sceneario.com : Prévoyais tu autant de succès pour cette aventure ?

Alain Ayroles : Des dialogues ampoulés, un vocabulaire ardu, des alexandrins dans une BD… Notre projet avait tout du suicide commercial. Mais je faisais confiance au pouvoir de séduction du dessin de Jean-Luc.

Sceneario.com : Comment est né cette saga et pourquoi ce choix de mettre des animaux qui parlent au milieu d’humains ? Comment sont né Armand Raynal de Maupertuis et don Lope de Villalobos ? Sans oublier l’ancien garde du cardinal Eusèbe ?

Alain Ayroles : Tout est parti d’un jeu de rôles que nous avions créé, où certains joueurs incarnaient des animaux doués de parole. Armand, Don Lope et Eusèbe ont été inspirés par certains de ces personnages. Lors des discussions entrecoupées de fous rires qui ont présidé à la création de la série, Jean-Luc et moi avons très vite compris que ce mélange d’humains et d’animaux parlants, qui évoquait autant La Fontaine que Tex Avery, constituait une source inépuisable de gags et de situations absurdes.

Sceneario.com : Quels sont tes influences à ce sujet ?

Alain Ayroles : Molière, Dumas, les Monty Python, Rostand, les films de pirates et de cape et d’épée… la liste est longue et hétéroclite ! Des clins d’œil à toutes ces œuvres qui ont nourri notre imaginaire apparaissent tout au long de la série.

Sceneario.com : Que penses tu du travail fourni par Masbou tout au long de ces dix actes ?

Alain Ayroles : Jusqu’à la fin, Jean-Luc a conservé la même exigence, elle s’est même accrue de tome en tome. Son style a quelque chose d’unique, une magie particulière qui vous fait rentrer dans le dessin pour voyager en compagnie des personnages. Il a fait de De cape et de crocs une bande dessinée à très grand spectacle !

Sceneario.com : Comment travailles tu avec Masbou sur De cape et de Crocs ?

Alain Ayroles : Il y a toujours eu beaucoup d’échanges entre nous : je lui raconte un premier jet de l’histoire qui s’enrichit de nos discussions, je lui soumets ensuite une première version de découpage graphique qu’il m’arrive souvent de retravailler en fonction de ses remarques, puis il me soumet à son tour la page crayonnée avant d’attaquer enfin la couleur.

Sceneario.com : On a pu lire qu’Eusèbe allait être le héros d’une histoire en deux tomes. Peux tu nous dévoiler quelques éléments de cette histoire ?

Alain Ayroles : On y explorera le Paris du XVIIème siècle, depuis les salons des précieuses jusqu’à la Cour des miracles. Nous y effectuerons un travail d’une grande rigueur historique pour décrire au plus vrai la vie méconnue des lapins de l’époque, surtout ceux qui étaient garde du cardinal.

Sceneario.com : Récemment, est sorti le tome 2 de la série D. Peux tu nous en dire deux mots ?

Alain Ayroles : Le rythme s’accélère, l’intrigue devient plus complexe et certains personnages révèlent d’inattendues parts de ténèbres. Le troisième et dernier tome, sur lequel Bruno Maïorana et moi sommes en train de travailler, recèle encore bien des surprises et contient certaines scènes qui, je crois, vont être assez angoissantes !

Sceneario.com : Outre toutes les séries déjà en cours, as-tu d’autres projets à venir ? de nouvelles séries en vues ?

Alain Ayroles : Je réalise en ce moment le dessin d’un projet solo : L’âge des chiens, une histoire d’héroïc fantasy décalée. Je peaufine aussi le scénario d’un mystérieux one shot que mettra en images un non moins mystérieux, et très talentueux, dessinateur.

Sceneario.com : Petit quizz de capes et d’épées ! Si je te dis : Le bossu ?

Alain Ayroles : La botte de Nevers dont nous usons dans l’acte X n’est pas celle décrite par Paul Féval, mais son adaptation pour le cinéma par le maître d’armes Claude Carliez.

Sceneario.com : Les trois mousquetaires ?

Alain Ayroles : Honte sur moi ! J’ai écrit au moins sept tomes de De cape et de crocs sans avoir lu le roman !

Sceneario.com : Cyrano de Bergerac ?

Alain Ayroles : On oppose souvent le Cyrano de Rostand à son modèle historique. Notre Maître d’armes est un mélange des deux.

Sceneario.com : Le capitaine Alatriste ?

Alain Ayroles : Un clin d’œil lui est adressé dans le prologue en noir et blanc de l’acte IV. Dans la version cinéma, Viggo Mortensen campe un fort honorable Don Lope !

Sceneario.com : Merci, Alain, pour ce temps passé avec nous.

Alain Ayroles : Merci à vous !

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