Interview

Faut pas m’en BD ! Festival de bande dessinée – Dijon 2004

Faut pas m’en BD ! Festival de bande dessinée – Dijon 2004

Scenenario.com :Qui est derrière le projet ? Comment vous est venue cette idée ?
Angel :
L’idée est née de Charles et de Loïc, tous les deux amateurs et lecteurs de bandes dessinées, ils se battent encore aujourd’hui pour savoir lequel des deux a eu l’idée en premier. Ils avaient l’envie de mener un projet qui soit différent de ce qu’ils avaient pu appréhender jusque là dans d’autres manifestations relatives à la BD.
Charles : On ne se retrouvait pas dans ce qui pouvait se faire et on avait envie d’avoir une démarche originale et propre par rapport à une forme de festival de BD trop schématisée.
Loïc : Et surtout on avait envie de faire bouger Dijon dans ce domaine. Nous sommes étudiants en formation aux métiers de la culture et on repère vite où est le manque dans une ville, à Dijon c’est la BD ! Maintenant nous sommes sept amis à travailler sur le festival.

Scenenario.com :Et comment se structure justement cette équipe ? Qui fait quoi ?
Angel :
Charles et Loïc ont créé l’association dont ils sont respectivement président et trésorier, ils ont monté les dossiers, recherché les financements, établi la programmation. Aujourd’hui ils coordonnent l’ensemble du festival. Moi j’ai rejoint les deux acolytes en avril pour plancher sur la communication et je travaille maintenant avec Soy et Fanny. Mathilde et Flore sont chargées de la logistique en terme d’accueil.

Pour les besoins du festival nous sommes soutenus par une solide équipe de bénévoles qui nous aident sur des points plus spécifiques que sont la technique, la déco et l’aménagement des lieux, l’accueil, la billetterie… Je profite de cette occasion pour les remercier encore une fois de leur dévouement !

Scenenario.com :Le festival arrive bientôt, que ressentez-vous actuellement ?
Loïc :
Nous sommes satisfaits de l’aboutissement du projet. De l’idée à la réalisation nous n’avons pas eu à faire de concessions par rapport à l’éthique du projet même si nous n’avons pas eu tout le soutien financier escompté.
Angel : Maintenant on a une certaine appréhension de savoir si le public sera au rendez-vous mais la communication est lancée et on commence à avoir de bons retours sur la programmation et le déroulement du festival.

Scenenario.com :Quelles sortes de réactions suscite, justement, ce festival ?
Angel :
Les amateurs sont plutôt ravis qu’il se passe enfin quelque chose au niveau BD à Dijon. Et puis ils sont surtout étonnés de l’esprit de la programmation.

Scenenario.com :La particularité du festival est de se démarquer des autres manifestations qu’on trouve habituellement autour de la BD ! Vous aller animer différents pôles autour du thème de la BD : un café BD avec Edmond Baudoin et Céline Wagner, une nuit cinéma consacrée à Enki Bilal, un concert jazz autour de l’œuvre de Larcenet… Quel regard, quel genre de dynamique voulez vous développer autour de cette approche ?
Loïc :
On veut amener les gens à avoir un regard curieux par rapport à une forme artistique et on veut principalement décloisonner les genres pour avoir un autre regard sur un art dit « mineur ».
Charles : Notre souhait est de créer des espaces de rencontres entre des gens qui ne se seraient pas forcément croisés autour de disciplines différentes mais qui ont toutes en commun la bande dessinée.

Scenenario.com :Pensez-vous, d’ailleurs, que le dialogue auteurs/lecteurs ne soit pas assez développé dans les manifestations habituelles de ce genre ?
Angel :
Oui, les gens ne peuvent pas prendre le temps. Leur BD achetée, ils se massent derrière la file d’attente pour obtenir une dédicace et une fois qu’ils ont leur dessin il faut laisser la place au suivant. On aimerait laisser le coté « usinage » au vestiaire et c’est pour cela qu’on a aussi prévu un espace où le public pourra boire un café, manger un bout, lire son livre et discuter.

Scenenario.com :Dans les festivals classiques la priorité est mise sur les stands dédicaces, sur les ventes d’occas’ et pas forcément sur la forme d’Art qu’est la BD, est-ce pour ça que vous n’avez invité, finalement, que très peu d’auteurs ?
Loïc :
On pourrait répondre oui mais si on a peu d’auteurs, c’est aussi parce que c’est une première édition et qu’auprès des maisons d’édition on a besoin de se faire connaître. Après dans l’idée du festival, avoir peu d’auteur permet plus d’échange et de rencontre, il faut savoir prendre le temps.
Fred de Sceneario : Oui, et pas forcément focaliser sur le coté « je vais avoir des dessins sur mes albums »

Scenenario.com :Pourquoi ne pas avoir tout regroupé dans un seul espace ?
Angel :
Parce que techniquement ce n’était pas possible. Comment trouver un lieu où présenter tout ce qu’offre le festival (ciné, concert, expo…)
Charles : Et puis on voulait investir la ville et des lieux qui n’attendent pas à priori la BD.

Scenenario.com :A Dijon, mis à part le salon du livre de Longvic, très peu de choses ont vraiment été faites autour de la BD, c’est assez intéressant de dynamiser de cette façon cette magnifique ville !
Loïc :
C’est vrai ! Mais par rapport à Longvic on ne fait naître aucune concurrence, on est simplement pas sur le même créneau. Et d’une manière générale le Nord Est de la France est plutôt mal pourvu en terme de manifestations BD.
Fred de Sceanario : Il y a tout un tas de petits salons, malgré tout, dans le coin ou dans l’Est, mais peut être pas de cette ampleur, ni même avec ce genre d’ambition !
Angel : Je n’ai pas l’impression que notre festival ait tellement d’ampleur ou peut être qu’on manque de prétention. On fait seulement quelque chose qui correspond à nos envies et comme le dit si bien Charles « Nous sommes notre premier public ».

Scenenario.com :Finalement souhaiteriez vous que votre démarche se répercute dans d’autres festivals ?
Charles :
On ne prétend pas devenir une référence ou avoir créer une forme qui n’a jamais existée. Mais si on pouvait perpétuer un esprit et faire sauter les schémas… ce serait bien ! A l’interne c’est ce qu’on voudrait développer.
Fred de Sceanario : Sans forcément devenir une référence, ça pourrait être intéressant que même certains auteurs ouvrent ce genre de dialogue par eux-mêmes ! Je me souviens que Philippe Bonifay avait tenté d’ouvrir le salon d’Audincourt à ce genre de concept de dialogue et d’ouverture ! Les auteurs que vous avez contactés ont, semble-t-il, été assez réceptifs à cette volonté…

Charles : Complètement, l’exemple le plus frappant en est la venue d’Edmond Baudoin et Céline Wagner qui ont accepté de venir pour un café BD qui leur est consacré.

Scenenario.com :Tel que vous voyiez les choses, aimeriez vous que ce festival devienne un rendez-vous annuel ?
Angel :
Bien sûr ! Et si en marge du festival on pouvait avoir des petites manifestations ponctuelles se serait bien. Organiser des rencontres, des ateliers, des soirées… à l’année serait un bon développement de l’activité de l’association.
Fred de Sceanario : Ca permettrait vraiment de cultiver un regard pas forcément inscrit dans une date mais plus dans le temps…
Angel : Tout à fait…

Brièvement, revenons sur les tarifs pour ces quelques jours.
Cafés BD : Gratuit
Maison du festival : 3€

Nuit Cinéma : 4€ par film auprès de l’ACFBD
BD concert : 6€
On a des tarifs parce qu’on a des frais, si on avait pu faire des entrées gratuites on l’aurait fait. Le public aura aussi la possibilité de prendre un pass festival à 18€ avec accès à la maison du festival pour les deux jours, accès aux trois films de la nuit cinéma, accès au BD concert.

Scenenario.com :Merci en tout cas à toute l’équipe pour ce moment passé avec nous. On se donne rendez-vous à Dijon alors !

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