Interview
France de Riga par SERAPHINE
Sceneario.com : Bonjour Séraphine, vous œuvrez en tant qu’auteur de bandes dessinées depuis quelques années. Comment vous êtes-vous intéressée au 9ème art ?
Séraphine : Toute petite, j’aimais beaucoup dessiner. Je n’ai pas été élevée dans une culture bande dessinée mais plutôt dans celle de l’art en général. Comme j’adorais écrire des histoires et les dessiner, je me suis inscrite dans un atelier de dessins spécialisé en bandes dessinées et c’est comme ça que j’ai commencé à faire de la BD.
Sceneario.com : Le deuxième tome de « France de Riga » est sorti en ce début d’année (02/2008). Comment analysez-vous votre incursion dans l’Histoire de la Belgique et de toute la Baltique ?
Séraphine :Si on se réfère à l’Histoire, la Belgique était sous le joug hollandais jusqu’en 1830, elle était donc hollandaise. Avant cela, elle était espagnole. Après 1830, ce pays est devenu la Belgique. L’histoire se passe en grande partie à Bruxelles (à partir de 1792) qui n’est donc pas encore la Belgique et quand le personnage France de Riga décide de partir vers Hambourg (Allemagne) en tant que marchande à la toilette, c’est au moment où tous les pays de la hanse connaissent un essor conséquent. En effet, c’est tout un réseau commercial qui se développe dans le nord de l’Europe, qui est extrêmement important et qui régit presque tout le reste de l’Europe. Je n’ai pas voulu écrire l’histoire de l’immigration suite à la révolution française vers le sud de l’Italie et autres pays merveilleux, dont le thème a été largement exploité. J’ai préféré traiter plutôt l’exode de ceux qui craignaient les lois révolutionnaires françaises vers le nord parce qu’il a été, lui aussi, très important et que peu de récits ont traité de ce sujet. De plus, il y a beaucoup de choses intéressantes à développer dans cet univers-là, très différent du nôtre. C’est l’histoire des calvinistes protestants qui n’ont rien à voir avec les chrétiens du sud.
Sceneario.com : Pourquoi avoir choisi le thème de ce courant féministe des « Blanchisseuses » autour de la Baltique ainsi que l’époque post-révolutionnaire du 18ème ?
Séraphine : En ce qui concerne les "blanchisseuses", c’est moi qui les ai définies ainsi. Normalement, les personnes qui venaient du sud s’appelaient les Carbonieri (Les charbonniers). C’étaient des italiens qui venaient vendre le charbon à Paris et les grandes villes. Ceux-ci ont créés une espèce de confrérie qui se nommait ainsi. Aussi, ça m’a amusé de faire le contrepoids en créant un mouvement plus féministe qui s’appelle "Les blanchisseuses". Beaucoup de groupes se sont appelés de toute sorte de noms mais pas de blanchisseuses.
Sceneario.com : Quand vous vous êtes lancé dans ce projet, avez-vous, au préalable, pris l’attache de spécialistes d’Histoire ?
Séraphine : Oui, je me suis beaucoup documentée, j’ai visité de nombreux musées, à Paris et ailleurs, j’ai pris beaucoup de notes et fait énormément de croquis en fonction de tableaux de peintures qui étaient très révélateurs par leurs décors (façons de s’habiller, de se déplacer…). J’ai également rencontré une historienne hambourgeoise de l’art qui m’a bien aidé pour ce qui est du passé historique de l’Allemagne et les pays de la Baltique.
Sceneario.com : Ce diptyque est l’occasion d’apprécier votre juste travail graphique qui diffère des productions précédentes. Comment expliquez-vous cette sensation de douceur qui émane de vos dessins ?
Séraphine : Je ne sais pas. C’est vous qui le dites.
Sceneario.com : Est-ce que c’est une question de couleurs ?
Séraphine : Oui, il est vrai que j’ai fait dans "France de Riga" de la couleur directe. C’est bien différent du travail que j’ai produit avec "Ascension" qui était de conception plus classique. La couleur directe donne une toute autre impression, plus douce.
Sceneario.com : Comptez-vous persévérez dans cette voie historique et produire une suite ou un deuxième cycle à cette série ? Pourquoi ?
Séraphine : Pourquoi pas ! Pour le moment, je fais autre chose mais il n’est pas exclu de réaliser un deuxième cycle sur cette époque et sur ces personnages. Il est sûr qu’il y a de quoi faire pour créer quelques albums encore. Pour le moment, c’est un peu en attente. Il faudra voir avec mon éditeur mais je suis partie sur autre chose pour le moment.
Sceneario.com : Au regard des séries précédentes (« Hybride », « Ascension ») que vous avez réalisées, vous démontrez une volonté à vouloir diversifier votre production. Faites-vous partie de ces auteurs qui ne peuvent se focaliser sur un seul genre et qui ressentent le besoin de toucher à un maximum de domaines ? Pourquoi ?
Séraphine : Oui, bien sûr, il y a beaucoup de thèmes qui m’intéressent. J’ai en attente pas mal d’histoires que je développerais certainement un jour. Je n’ai pas envie de rester avec un seul personnage. J’ai plein de choses à raconter.
Sceneario.com : Compte tenu de votre propension à travailler plutôt en solo, préférez-vous poursuivre dans cette voie ou aimeriez-vous vous associer à d’autres auteurs ? Scénaristes ou dessinateurs ?
Séraphine : Oui, j’aimerais beaucoup. Jusqu’à présent, lorsque je demandais aux éditeurs de me proposer des scénaristes ou des gens avec qui je pourrais travailler, ils me rétorquaient que je devais continuer comme ça, que les histoires que je racontais convenaient. Mais oui, j’aimerais bien m’associer à d’autres.
Par ailleurs, c’est vrai que j’aime créer des histoires, y travailler, je n’imagine pas recevoir un scénario tout fait et me plonger uniquement dans le dessin. J’aime travailler les scenarii que je dessine.
Sceneario.com : S’il fallait faire un choix en scénariser et dessiner, quel serait votre choix ?
Séraphine : Dessiner mais aussi toucher un petit peu au scénario quand même.
Sceneario.com : Quelles sont en général vos sources d’inspiration ? Y a t’il des auteurs dont le travail vous influence ?
Séraphine : En fait, je ne sais pas. Bien sûr, tout ce qui m’entoure peut m’inspirer. Ce qui pourrait m’influencer est surtout les peintures, les tags sur les murs… Il y a beaucoup de tableaux que j’apprécie mais il y a des périodes que je préfère à d’autres.
Sceneario.com : Seriez-vous prête à vous lancer dans des styles d’ouvrage auxquels vous ne vous êtes pas encore attaqué (humour, héroic fantasy…) ?
Séraphine : L’héroic fantasy, j’aimerais beaucoup mais pour cela, on verra dans l’avenir. En ce qui concerne l’humour, faisant des dessins réalistes, je ne vois pas très bien comment je pourrais faire.
Sceneario.com : Avez-vous d’autres projets dans les cartons ou en cours de réalisation ?
Séraphine : Oui, j’ai d’autres projets et ils sont en cours de réalisation certainement. Je suis dans l’attente des contrats pour pouvoir en parler réellement.
Sceneario.com : Partagez-vous d’autres passions que celle concernant la réalisation de bandes dessinées ?
Séraphine : J’en ai beaucoup et apprécie énormément le contact avec la nature.
Sceneario.com : Merci de vos réponses et bonne chance pour la suite !
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