Interview

Gilles CHAILLET

Sceneario.com : Si quelqu’un ne vous connaissait pas encore, que pourriez vous dire en quelque mot pour vous présenter.
Gilles Chaillet : Je suis dessinateur de Bande Dessinée, passionnée d’histoire et plus particulièrement par Rome. J’ai eu enie de faire de la Bande dessinée en découvrant le journal de Tintin à l’age de 8 ou 9 ans. Je disais à l’époque à mes parents : »quand je serai grand je voudrais faire de la Bande dessinée »… à cela on me répondait : « va faire tes devoirs on verra ensuite… ».
Dans le même temps je découvrait la civilisation Romaine dans l’œuvre de jacques Martin avec Alix, et mes deux passions sont nées en même temps. Je voulais faire de la BD et représenter Rome comme ça devait être à l’époque des Romains. Mes deux passions m’ont suivi toute ma vie.
Je suis rentré chez Dargaud après mon BAC à Lauréat, en 64, d’abord comme stagiaire, puis durant une douzaine d’année comme maquettiste. Grace à cette période de longue collaboration, j’ai fait la connaissance de Goscinny et Uderzo, qui m’ont demandé de m’exercé pour devenir « un Nègre » sur Astérix, je n’ai jamais travaillé sur un album, mais je faisais du marchandising. Mais j’ai aussi réalisé les 14 albums de la série Idefix. C’est l’ancien rédacteur en chef de Pilote qui écrivait les textes et je faisais les dessins. J’avais donc des supers relations avec Uderzo et Goscinny qui voulaient que nos noms soient mentionnés, mais c’est à l’époque DARGAUD qui n’avait pasvoulu, disant que Idéfix, c’était quand même de Uderzo et Goscinny… Ce qui n’était pas forcément faux.

Sceneario.com : En 77, sort le premier LeFranc.
Gilles Ghaillet: En effet. A l’époque lorsque je présentait mes travaux chez Dargaud, on me disait que c’était quand même pas mal, « ça ressemble à du Martin quand même ». Jusqu’au jour ou, on m’a annoncé que mon maître recherchait quelqu’un pour reprendre LeFranc. Sur le moment je ne m’en suit pas senti capable, et puis je me suis dit que de toute façon je n’arriverais jamais à m’imposer seul , et puisque pour une fois on me proposait de faire du jacque Martin, j’ai essayé, même si je n’y croyais vraiment absolument paS. A ma grande surprise, 15 jours plus tard, j’étais convoqué chez Casterman, pour faire la connaissance du Maître. J’étais très impressionné d’ailleur. Il avait mon essai dans la main, avec des coups de correction en rouge dessus. Il m’a dit : « vous ne dessinez pas très bien, mais ce qui est étonnant c’est que vous situez mon monde comme si c’est moi qui le dessinait. Si vous acceptez d’être corrigé, je vais vous donner les première pages d’un scénario de leFranc, et si ça me plait on ferra un album ensemble. » Ca a donc commencé comme ça.

Sceneario.com : Et il y en a eu 9….
Gilles Chaillet : Oui, mais 7 d’abord, puis un grand trou suite à un désaccord entre Jacques Martin et les éditions Casterman. Période pendant laquelle j’ai fait les voyages d’Alix. Puis on a refait deux albums ensemble, avant de se quitter bons amis.

Sceneario.com : 80, c’est l’arrivée de Vasco, en tant que scénariste et dessinateur.
Gilels Chaillet : Oui, alors que quelques années avant on ne voulait pas de moi parce que j’étais trop connoté jacque martin. Dargaud était à l’époque en plein dans Pilote, et je n’avais pas un style très tendance. Alors que l’ Journal tintin, ravi de mon style, on me demande de créer un nouvel héros pour le journal de tintin. Je ne pouvais pas créer un héros de la même trempe que Alix, je ne voulais pas faire un doublon. J’ai donc eu l’idée de faire un personnage médiéval, parce que j’aime beaucoup cette époque aussi, et que j’avais lu de nombreux livres sur ce thème. Et surtout un livre sur Rome au moyen age. Voilà donc une bonne façon de parler de Rome sans faire du Jacques Martin. Et donc l’ami Vasco est né.

Sceneario.com : Vasco est un personnage qui visite de nombreux pays. D’ou vous viennent toutes ces inspirations ?
Gilles Chaillet : De mes voyages eux même. A part le tibet ou je n’ai jamais mis les pieds, je précède toujours mes héros sur les lieux du crime. Ce sont des endroits qui m’attirent, et je vais quérir là bas l’inspiration, j’achête des bouquins, je fais des photos dans les musées, et c’est bien rare que je ne ramène pas des idées pour mes histoires.

Sceneario.com : Dans le dernier Vasco, il est en Ecosse, vous avez donc été quelques temps sur place ?
Gilles Chaillet : Trois semaines excellentes, magnifiques. Avec l’un des personnage de l’histoire le baron, qui est un ami qui existe vraiment et mon personnage lui ressemble étrangement. Mon ami parlant vraiment bien l’anglais, contrairement à moi, nous sommes parti avec nos femmes à la conquête de l’écosse, et ça a été un très très bon voyage, avec des habitant s assez rude, mais très sympathique, et lorsque l’on est français on est bien accueillit.

Sceneario.com : Le prochain album de Vasco se déroulera ou ?
Gilles Chaillet : En Espagne. Mais pas uniquement. Le rideau se lèvera sur Grenade, et le gros de l’histoire se passe entre Avignon et Tolède.

Sceneario.com : Vous avez aussi participé à un épisode de la série « Le triangle Secret ». Comment êtes vous arrivé sur cet album ?
Gilels Chaillet : Tout simplement. Didier Convard est un grand ami. On avait envie depuis très longtemps de faire un album ensemble. On avait même commencé une série chinoise, pas de la Bande Dessinée, des romans policier écrit par un ancien ambassadeur de chine en Hollande avant guerre. On avait envie de retrouver ce genre d’ambiance. Mais bon j’étais très pris par LeFranc et Vasco, lui travaillait sur Neige, on a jamais eu le temps. Un jour c’est Christian Gine, ami commun également, qui était à Angoulème en 99 ou 2000, je ne pas exactement, il m’a dit que Didier Convard travaillait sur un projet, et que ça serait bien si je rejoignait l’équipe pour faire une dizaine de page… j’en ai fait 14… Je me suis dit que j’arriverais bien à caser 10 pages entre deux albums et que c’était l’occasion de travailler ensemble. J’ai lu très vite le scénario que j’ai trouvé formidable. J’ai un très bon souvenir de notre façon de travailler ensemble, je sortais des méthodes « Martinniennes » qui sont plutôt très dirigistes, alors qu’avec Didier c’était un travail avec beaucoup de dialogues, c’était un tellement bon travail, que ça va nous ouvrir sur d’autres choses.

Sceneario.com : passionné par Rome, vous avez même réalisé une très grande carte.
Gilles Chaillet : Et oui…. C’est l’œuvre de ma vie on va dire. La aussi ça a commencé vers l’age de 9 ans. Cette idée m’a poursuivit toute ma vie. J’ai engrengé le maximum d’information. Je m’étais inscrit en candidat libre à l’institut d’art et d’archéologie de Paris, et là j’ai pu lire toutes les recherches qui avaient été faite sur la topographie de rome entre 1830 et 1960 environ, et j’ai fait la connaissance de la conservatrice du musée de civilisation Romaine à Rome, qui elle m’a permis d’avoir accès aux documents de recherche qui avait été fait 1960 et 1990, et qui n’étaient pas encore publiés. Avec tous ces documents je suis partit un beau jour de 1989 avec un petit bout du rempart au sud de la ville, sans imaginer qu’un jour j’aurais fait la boucle. Cinq ans plus tard, ou bout de 5000 heures de dessins, et 3000 heures de couleurs pour ma femme, le plan était terminé… Je me souviens bien de ce jour là, c’était un soir, le ciel commençais à noircir, j’ai été pris d’un petit moment d’angoisse… j’ai dit à ma femme : « Il ne me reste plus qu’à mourir maintenant »… (rires)
J’ai mis mon plan dans un carton à dessins. Après 2 ou 3 expositions, Didier Convard, encore lui, qui venait de temps en temps à la maison, m’a conseillé de le présenter à glénat, ce que j’ai fait. On lançait les premeirs albums de la Loge Noire. Je lui ai présenter mon travail et il m’a dit « je ne savais pas que tu étais fou, je ne sais pas ce qu’on va faire avec mais je te le prend. La prochaine fois que tu vas à Rome, tu mitrailles de photos et on ferra quelque chose avec l’ensemble. »

Sceneario.com: Si on continue dans les années en 2003, on arrive à la scénarisation de Intox.
Gilles Chaillet: Pour être tout à fait honnête, c’était une idée de ma femme. Elle écrivait ses idées sur des petits bouts de papier. Je venais d’arrêter Lefranc, et on c’est mis à bosser là dessus. Ca a été un vrai travail à 4 mains. c’est une façon très différente de travailler. On se prépare chacun des petites fiches, et on se les montrait, parfois ça marchait, parfois non.

Sceneario.com: Le travail se faisait tout au long de la journée?
Gilles Chaillet: Pour ça c’est bien une femme. Pour moi il n’y a pas de limite entre la vie privée et le travail. Elle parfois me disait… “Je suis ta femme, Chantal, et j’ai envie de faire l’amour…” (rires) Mais quand même on en parlait souvent.

Sceneario.com: Et Tomblaine?
Gilles Chaillet: Pour Tomblaine c’est Casterman qui voulait que je fasse un album pour lui. J’avais déjà fait un synopsis quelques années auparavant, et je me suis donc replongé dedans. L’un des aïeux de mon beau père avait fait les 55 jours de Pékin en tant qu’infirmier. Il avait pris de nombreuse notes sur des cahier tout ce qu’il se passait. Je m’étais dis que ça serait intéressant d’en faire une histoire. Il ne me restais plus qu’à trouver le dessinateur. Mon ami bernard, ancien du journal deTintin lui aussi a donc accepté de me rejoindre dans cette aventure. On a bouclé le cycle, avec le 5° tome. On a envie de faire un second cycle, mais on a des projets tous les deux en ce moment. Pour moi j’ai un travail de commande qui me plait bien sur l’Empereur Romain pour une fondation Belge distribué par le Lombard.
Et puis avec Didier Convard, on va travailler sur un one-shot de 92 pages, un trhiller qui aura pour cadre l’Italie de la Renaissance, donc on reste dans mes passions…

Sceneario.com: Gilles, merci beaucoup.
Gilles Chaillet: C’est moi qui vous remercie.

Sceneario.com: Ca a été un vrai plaisir d’échanger avec vous, vous êtes un grand bavard passionné.
Gilles Chaillet: J’aime bien parler de ce que j’aime.

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