Sceneario.com: Patrick Renault, qui es-tu ?Patrick Renault: J’ai un parcours classique pour atterrir dans la BD : études de lettres, journalisme, jeu de rôles, romans de fantasy… Aujourd’hui, je travaille dans une agence de pub la journée et j’écris mes scénarios le soir.
Sceneario.com: Comment es tu arrivé dans la Bande Dessinée ?
Patrick Renault: J’ai toujours eu besoin de raconter des histoires, depuis tout petit. J’ai travaillé longtemps dans le jeu de rôles et c’était une évolution naturelle. Évidemment, j’ai toujours lu beaucoup de BD et comics, en essayant de comprendre comment ça fonctionnait. Ce n’est pas un hasard !
Sceneario.com: Et chez Soleil ?
Patrick Renault: Mon meilleur ami était édité chez eux, mais je suis quand même allé voir tout le monde au début… Le courant est très bien passé avec Jean Wacquet, le directeur éditorial de Soleil. Il est très sérieux et on a la même culture comics. Donc on se comprend tout de suite ! Sans compter qu’on rigole bien…
Sceneario.com: Une fois encore et comme souvent ces derniers temps en BD, la Russie est très à la mode. Les rafraîchissements entre l’est et l’ouest inspireraient-ils les scénaristes ?
Patrick Renault: Je crois qu’on développe tous une sorte de nostalgie pathologique de la Guerre Froide. Bientôt 20 ans depuis l’écroulement du bloc communiste et le monde dans lequel on vit est devenu effrayant de complexité, hyper déroutant. C’était tellement plus simple, ce vieux monde bi-polaire !!! Quel que soit son camp, il y avait les bons et les méchants… Aujourd’hui ça a quelque chose de “rassurant” ce découpage manichéen. Alors on prend plaisir à s’y replonger, dans l’imaginaire.
Sceneario.com: Hunter T1 a-t-il été réalisé avant de savoir qu’il allait intégrer la collection 12 septembre ou bien est-ce une sorte de commande de l’éditeur pour coller à ces univers de ladite collection ?
Patrick Renault: Jean Wacquet m’a parlé de 12 Septembre et m’a demandé si je voulais développer une série. J’ai aussitôt répondu présent ! L’approche de la collection était très stimulante et la liberté totale. J’ai cherché mon angle à moi… Pour raconter ce qu’était l’espionnage “d’aujourd’hui”, je voulais montrer comment avait disparu celui “d’avant”. Ça a été le point de départ de la série.
Sceneario.com: La série Hunter est-elle appelée à basculer dans le fantastique, l’ésotérique ?
Patrick Renault: Désolé, cette information est classifiée ! C’est comme ça le monde de l’espionnage : on ne sait jamais à quoi se fier…
Sceneario.com: Comment se passe ta collaboration avec Léandro ? La barrière de la langue n’est-elle pas un facteur d’incompréhension entre vous ? T’est-il facile de lui faire dessiner exactement ce que tu souhaites voir apparaître dans les vignettes ?!
Patrick Renault: Le script a été traduit en espagnol et on communique par mails, en anglais. On n’a pas vraiment eu de problèmes. Par contre, ça ajoute une certaine lourdeur à la prod : à la fin, je parlais en anglais avec Leandro, lui en espagnol avec les coloristes, et moi en français avec elles. Un joli bordel !!! D’ailleurs je tiens à remercier Delphine et Angélique, qui ont supporté ces petites difficultés. Je suis très content de ce qu’elles ont fait sur les couleurs…
Et pour répondre à la seconde question, j’ai exactement ce qu’il y a dans le script, à chaque case ! Mon scénario est plutôt détaillé et Leandro est super pro. Il colle autant que possible au texte et il fait toujours passer le storytelling au premier plan. C’est une qualité rare et j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à travailler avec lui… et ça va continuer ! Il est très fort !!!
Sceneario.com: D’où te vient cette envie de raconter ce genre de thriller ?
Patrick Renault: J’ai toujours été fan de 007, des vieux films d’espionnage, etc. Les récits “de genre” sont intéressants parce qu’ils reposent sur des codes, auxquels on est attaché. Et puis, l’espionnage, c’est un jeu sur la réalité : les apparences, le vrai, le faux, les différents points de vue, l’illusion et ce qu’il y a derrière le voile… En fait, les mêmes problématiques qui m’interpellent dans l’art ou la magie ! Un super terrain de jeu…
Sceneario.com: T’es-tu inspiré de faits réels ? Où as-tu puisé ton inspiration ?
Patrick Renault: Oui, bien sûr ! Je me suis beaucoup documenté, sur l’espionnage moderne (l’intelco) et sur la Guerre Froide. Il y a plein de petites citations ou d’allusions cachées dans les dialogues, qui renvoient à des faits réels ou des films… Il y a même une anecdote tellement surprenante à la fin de l’album que j’ai dû ajouter une mention “tiré de faits réels”, sans quoi les lecteurs trouvaient ça “irréaliste” : le monde à l’envers, je vous jure !!! J’aime travailler sur une base historique, c’est une source d’idées et d’anecdotes inépuisables. Et comme je ne me drogue pas, c’est une bonne alternative…
Sceneario.com: Quels sont tes futurs projets ?
Patrick Renault: La suite d’Hunter, déjà. Ensuite, au rayon des certitudes, je travaille sur Les Mondes de Cthulhu, une anthologie d’histoires courtes basées sur le Mythe de H.P. Lovecraft, dans un contexte contemporain. Derrière, j’ai une série de polar réaliste, un western comique, et un récit catastrophe. Tous attendent de trouver le dessinateur idéal pour démarrer… et ça ne saurait tarder !