Interview

Interview de Louis, auteur prolifique !

TESSA T6 couv

Sceneario.com : Bonjour Louis, et merci de prendre de ton temps pour répondre une
 nouvelle fois à nos questions, pour le plus grand bonheur des
 scénearionautes. Ca tombe bien, car ton actualité est semble t-il bien chargée !

Louis : Salut Matt et merci pour l’invit’ !

Sceneario.com : Louis, on va commencer si tu le veux bien par ton actualité 
immédiate, avec la sortie d’Aurore Montréal, le sixième et avant
-dernier tome de ta série Tessa, éditée par Soleil.

Louis : Avec plaisir 😉

Sceneario.com : Ce tome est sans conteste le plus loufoque de la série. Qu’est-ce qui a guidé ce choix d’un album si léger, peut-être au détriment de l’intrigue de la série ?

Louis : Alors, c’est une question qu’il faudrait poser conjointement à Nico Mitric, vu qu’il est le cerveau sur Tessa, et moi les bras, mais je pense que c’est pour avoir une « respiration », avant le final. Le calme, avant la tempête en quelque sorte.

TESSA extrait

On voulait aussi remercier pas mal de monde, à notre façon, pour le soutien durant cette fantastique aventure de presque 10 années ! Ca compte dans une vie !

Sceneario.com : Grâce à son intrigue qui se déroule lors d’un festival bd,
 Aurore Montréal est aussi l’occasion de très nombreux clins d’œil,
 notamment aux X-men. Ces héros de comics américain te tiennent à cœur ?

Louis : Oui, ainsi qu’à Nico. En fait, si vous le regardez bien, on a déjà fait des hommages à la période mythique Claremont/Byrne/Austin dès le tome 1, lors du cours d’anglais prodigué à Tessa par sa mère. Et puis d’autres clins d’œil par-ci par-là. Mais dans le tome 6, avec le cosplay en toile de fond, on a pu se lâcher.

Sceneario.com : Après des années et des années d’exploitation, tu continues à 
suivre les parutions encore aujourd’hui ?

Louis : Alors, je suis un énorme lecteur de comics, je ne lis quasi que ça, mais paradoxalement, presque plus les X-men. Aujourd’hui je leur préfère les Avengers, et surtout, un groupe comme Authority. C’est sûrement normal. La thématique des X-men, c’était l’acceptation de soit, au passage de l’adolescence au monde adulte, et du fait de se sentir différent. Maintenant que je sais être un mutant ( j’ai trois tétons), ça ne me questionne plus 😉

Extrait planche

Sceneario.com : En définitive, Aurore Montréal, c’est l’album que tu as pris le
 plus plaisir à faire ?

Louis : Clairement. Pas tant pour l’histoire, parce qu’à ce niveau, le trois est mon chouchou, mais parce que je me sens enfin à l’aise niveau dessin, et que le plaisir est au rendez-vous à chaque coup de crayon.


TESSA T6 extrait

Sceneario.com : Le prochain "Tessa" bouclera la boucle, avec des révélations et
 un final particulièrement attendu par les lecteurs. Un peu de pression ? Quelques révélations à faire avant l’heure ?

Louis : Et finir avec un régime de bananes dans le fondement ? Sûrement pas ! Nico deviendrait sadique, pour me faire payer cela, et il aurait raison ! 😉 ha ha ha


Sceneario.com : En juin 2011, coup de tonnerre dans l’édition BD avec l’annonce officielle du rachat de « Soleil » par Guy Delcourt. Est-ce que ce rachat a changé quelque chose pour toi personnellement, ou pour 
tes séries ? La migration de 42, agents intergalactiques, et la fin de Tessa sont-elles les conséquences directes de la nouvelle politique éditoriale ?

extrait

Louis : Boum. Ca résume. Sérieusement, j’ai eu des projets signés et arrêtés dont 42, et tout un tas de « petites choses », qui ont bouleversé mes habitudes d’auteur « Soleil ». Je ne suis donc plus un auteur « Soleil ». Pour être honnête, je ne sais même plus ce que Soleil veut dire. Ce n’est pas une critique, c’est un état de fait. Soleil, c’était Mourad. Sa personnalité, avec les points positifs, et les négatifs. Mais avec le temps, on avait appris, je pense, à se respecter l’un et l’autre parce que nous étions francs, l’un envers l’autre, et que nous respectons les gens qui partent de rien, et se défoncent. Là, je repars de zéro, avec quelqu’un que je ne connais pas, et avec qui, sans le connaître, j’ai un « passif  commpliqué », rapport à la guerre Sillage/Tessa. Disons qu’aujourd’hui, je me sens « à l’aise » en tant que scénariste, pour la maison Soleil/Delcourt, mais pas en tant que dessinateur. Ca changera peut-être, ou pas, mais ce n’est pas un drame. J’ai carte blanche sur ce que je développe en ce moment avec JL Istin, et même sur un projet parti d’une envie de Mr Delcourt, donc que demande le peuple ? Pour conclure, et répondre simplement : Oui, le rachat a été lourd de conséquences. Mais c’est sûrement un bien, à l’arrivée.

Sceneario.com : Cette interview, c’est également l’occasion de revenir sur ce «
coup de gueule » bien senti que tu as poussé en juillet dernier, sur ton blog.
 Ce skud, tu l’as tiré en direction principale de Philippe Buchet et
 David Morvan, auteurs de la série Sillage, qui avaient crié au plagiat lors de la sortie de Tessa il y a 10 ans. Les deux auteurs l’avaient même exprimé de manière détournée dans les pages du tome 4 des Chroniques de Sillage.

Louis : Le missile n’est pas parti de façon aussi téléguidée vers deux personnes. C’était généralisé vis à vis de tous ceux qui m’ont mis ça dans le pif pendant presque 10 ans. Je venais de lire le chronique de Sillage en question, la veille du coup de gueule. Disons que ça a été la goutte d’eau… Jdm m’a demandé de l’appeler, on s’est expliqué, j’ai posté son droit de réponse, et on passe à autre chose. J’aurai dû crever cet abcès plus tôt, mais j’étais « gentil », à l’époque. Plus maintenant… Si tu veux lui demander son avis, pour compléter ici, tu peux. Le but n’est pas d’entretenir une guerre, que je considère terminée, de fait.

 extrait

Sceneario.com : Comment un auteur comme toi a pu encaisser ces suspicions pendant 
toutes ces années ? Qu’est-ce qui t’as décidé à publier ton droit de réponse quelques années plus tard ?

Louis : Cf ci dessus. Mais aussi des choses plus personnelles, comme un entretien avec le nouveau patron, qui m’a montré que la pilule n’était pas passée, et ne passerait jamais. J’en ai déduis qu’il y avait une minette dans l’espace de trop, dans la boite, et qu’il valait mieux en rester là. Personne ne m’a demandé d’arrêter. Je le précise. C’est un choix perso, et mûrement réfléchis. Je n’ai pas de problème pour repartir de zéro, du coup, je le fais. Et je fais bien, je pense.
Nico voulait arrêter après son cycle de 7 tomes, et me proposait de continuer seul, mais il faut savoir s’arrêter, quand il le faut. Je ne dis pas « jamais ». On reverra peut être Tessa, plus tard, sous une forme ou une autre. Ici, ou ailleurs, mais ce sera une autre histoire, une autre aventure, et rien n’est moins sûr, alors… This is the End.

ESCOBAR extrait

Sceneario.com : Revenons à des sujets plus légers avec la sortie, le 4 octobre, 
de la deuxième partie d’Escobar, ton diptyque publié chez Le Lombard.
 Que peux tu nous dire de ce deuxième tome afin de faire patienter les lecteurs ?

Louis : Que vous devriez être surpris ! J’aime bien emmener les lecteurs dans une direction, leur faire croire des choses, pour leur dire que, en fait, non, c’était une fausse piste. Les gentils qui ne sont pas si blancs que cela, et les méchants pas si noirs… Vous aller donc vous rendre compte qu’Escobar n’est pas qu’une BD d’aventure, mais aussi une histoire de… rdv le 4 Octobre ! ;)


Sceneario.com : Le personnage d’"Escobar" aurait très bien pu devenir ta nouvelle 
"Tessa", en exploitant ce personnage si mystérieux pour de nombreux
 tomes. Le diptyque aurait-il pu évoluer en série ? Pourquoi s’être
 arrêté là ?

Louis : En effet. Pour la petite histoire, Esco devait être un one-shot, mais le Lombard m’a demandé d’en faire une série. J’ai donc trois diptyques de prêts, le premier inclus. Mais voilà, la série est sortie au mauvais moment, en interne, où des soucis remuaient la maison elle-même. Beaucoup de titres en ont fait les frais, et le succès commercial n’a pas été au rendez-vous. Ca a été très dur pour moi, surtout que le succès critique était là, lui. Enfin, ce n’est pas bien grave, il y a pire dans la vie ! Le Lombard a reconnu ses erreurs, et moi les miennes. J’ai tenté des choses, des tas de choses qui, semble t’il, n’ont pas fédéré. Il faut apprendre de ses échecs. Mais nous sommes en très bons termes avec Le Lombard, et l’envie de se donner mutuellement une autre « chance » ( ha ha ha je ris, vous verrez pour quoi en tant voulu), est d’actualité… Alors, vers l’infini, et au delà ! Ps : Carmen fera des apparitions dans Miss Deeplane 😉

Sceneario.com : Dessinateur sur Tessa, scénariste sur Husk ou sur Khaal, chroniques
 d’un empereur galactique, auteur complet sur Escobar, tu as su très
 rapidement montrer ta polyvalence. Quelle est la casquette que tu 
préfères ? Quelle est celle qui te permet le plus de vivre de ta 
passion ?

Louis : Et bien, la casquette de dessinateur. Dans les deux cas. Je rêve d’être dessinateur de bandes dessinées depuis que je suis gosse. L’être devenu est donc inégalable comme plaisir. Mais je suis devenu scénariste sur le tas, par envie d’adulte, cette fois, et force est de constater que cette casquette prends de plus en plus d’importance dans ma vie, et j’en suis plus que ravi ! C’est devenu un vrai plaisir, et je dirais même, un vrai besoin ! J’adore créer des mondes, et y faire grandir des personnages, les faire vivre, parler. Cela me permet de toujours aborder des sujets en toile de fond qui me parlent, me tiennent à cœur. Cela me permet d’explorer des tas d’univers que je n’aurais jamais eu la chance, ni le temps, de pouvoir dessiner moi-même ! Le dessin prend du temps, beaucoup de temps ! Et surtout, ce qui me motive au plus haut point, c’est de voir ce que deviennent ces mondes sous les coups de crayons des auteurs ultras talentueux avec qui j’ai la chance de travailler ! C’est magique, réellement magique !

Sceneario.com : Au rayon des nouveautés, en 2013, nous pourrons nous réjouir avec 
la publication des aventures d’une nouvelle héroïne, pas si nouvelle que ça finalement… Peux-tu nous en dire plus sur Miss Deeplane qui fera son apparition chez Clair de Lune ?

Extrait planche

Louis : Miss Deeplane devait être un nain… ha ha ha ! C’est vrai ! Lorsque l’on m’a demandé de créer une mascotte pour feu le magazine des geeks, Dixième Planète, on m’a demandé un nain. J’ai suggéré de plutôt proposer au lectorat, majoritairement masculin, une jeune et jolie jeune femme. Et voilà, Miss Deeplane était née ! J’ai été, à partir de là, été crédité comme « le papa de Miss Deeplane », et vous retrouverez cet état de fait dans la BD ! Mais le temps à passé, le magazine a disparu, j’ai récupéré les droits de mon perso, et l’envie d’en faire quelque chose. C’est mon premier perso, l’avant Tessa. Cette dernière doit beaucoup à Miss Deeplane d’ailleurs. Son look, son visage, sa taille, son attitude, et ses premiers succès, car le lectorat du magazine qui aimait Miss Deeplane à suivi les débuts de Tessa, et je l’en remercie. Le lectorat de Tessa suivra t’il Miss Deeplane, bouclant ainsi la boucle ? Nous le verrons, et je le souhaite car, pour le coup, Miss Deeplane sera ma « nouvelle Tessa », là ou Escobar ne l’a pas été. Cette série sera bien plus proche de Tessa dans le ton, mais bien différente malgré tout. Bien plus adulte déjà, avec des sujets abordés volontairement plus « crus », comme l’identité, sous toutes ses facettes, à commencer par l’identité sexuelle, la Miss étant bisexuelle et actuellement en couple avec une jolie jeune femme. Puis viendront des thèmes sur le racisme, l’exclusion, et le communautarisme, mais tout ceci à travers le prisme de l’humour, dans un contexte super héroïque complètement décalé. Vous pouvez suivre le premier épisode en direct, sur mon blog, et mon facebook ! Vous pourrez ainsi vous faire votre première impression !

extrait de planche

Sceneario.com : Pour la création de cette série, tu as mis le public à 
contribution sur certains éléments graphiques. Ton public occupe une véritable place dans tes phases créatives apparemment ? Est–ce que Miss Deeplane sera l’occasion de te revoir en séances de dédicaces ?

Louis : Le public est omniprésent, oui, et j’ai tissé de chouettes liens avec certains lecteurs, avec qui les rapports vont au-delà de la bd aujourd’hui, comme avec Arkhan, Guizmo, Vincent Poirier, JJ Detournay, Arnaud Binda, etc… Sans oublier des gars comme Julien Lopez, Thomas Bernabé, et j’en passe… Merci à tous. Par contre, pour les séances de dédis, non, il ne faudra plus compter sur moi pour en faire beaucoup. J’en ferai, par ci par là, au compte-goutte. Comme au bistro BD de l’ami Corteggiani, ou chez quelques libraires que j’aime bien, mais je ne peux simplement plus assumer de front la charge de boulot, et les tournées dédis. Je suis présent sur le net, très présent. On peut me commander des illus, des commandes perso… Les dates de dédis me fatiguent trop, et la santé ne suit pas. J’ai dû par le passé annuler deux tournées, et je ne veux plus que cela se reproduise, par respect pour le public, les libraires, et les festoches.

Sceneario.com : Tu as aussi participer à la seconde saison de Sept. Cette expérience t’a t’elle plu ?

Louis : A mort ! C’était super enrichissant ! Merci à Thierry Mornet pour m’avoir présenté David Chauvel.

Sceneario.com : Participerais-tu sur d’autres séries concepts si on te le demandait ?

Louis : Of course ! Envoyez les propals !

Sceneario.com : Vas-tu continuer à illustrer des pin-ups ?

Louis : Of course ! Le red hot ladies volume 2 sortira en 2013. Ce sera le « pin ups de Louis » tome 4.

Sceneario.com : As tu d’autres projets dans tes cartons ?

Louis : Et bien oui, plein ! Déjà, au chapitre des projets en cours, et signés il y a « 42 Legacy ». Chez Clair de Lune. Julien Motteler assure pour livrer la suite, et la fin de « 42 agents intergalactiques ». Les afficionados apprécieront de voir toutes les portes de « 42 », et de « Tessa » se fermer. Ce diptyque est pour eux, les vrais fans de l’univers « Tessa-42 ». Mais ce sera aussi un point de départ pour, nous l’espérons, de nouvelles aventures.

Mais ce n’est pas tout, j’ai aussi signé pour un diptyque comme scénariste sur la collèc « 1800 », dirigée par Istin. C’est avec deux dessinateurs bourrés de talent, Thomas Verguet et Bastien Orenge, et mis en couleurs par Serial Color. Le sujet m’a été proposé par Guy Delcourt qui voulait voir quelque chose sur Edgar Allan Poe. Autant vous dire qu’une sérieuse descente aux enfers s’annonce pour les lecteurs. Ce sera sombre, glauque, et malsain au possible ! Un vrai plaisir d’écriture !

Extrait planche

Je parlais de « Chance » tout à l’heure par rapport au Lombard, et c’est sous ce titre qu’un diptyque verra le jour, scénarisé par l’ami Olivier Péru. Nous le commencerons après Tessa tome 7.

Mais je bosse aussi sur de nombreux projets, dont un avec Mario Shovel, un avec Marc Simonetti, illustrateur de génie, un avec Guilen, dessinateur de comics génial, et un autre avec Tom Lyle, légende du comics US, qui a œuvré sur Spiderman, entre autres ! Bref, j’ai du boulot !

 

Sceneario.com : Louis, merci beaucoup pour toutes ces confidences qui ne manqueront pas d’intéresser les fans de ton travail !

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