Interview

Interview de Philippe Marcel de la Cafetière

Sceneario.com : Philippe Marcel, responsable et créateur des Editions de La Cafetière, peux-tu nous en parler ?
Philippe Marcel
: La Cafetière existe depuis près de 10 ans, au départ c’est la rencontre de deux amis autour d’un fanzine, Benoit Houbard et moi-même. On s’est donc retrouvé sur l’envie de travailler dans l’édition, sur autre chose que des publications régulières du fanzinat.
Nous avons commencé sur une collection de courts récits, sur le principe de la nouvelle avec des auteurs que l’on connaissait. L’objectif était de se faire un petit catalogue. Très rapidement on s’est retrouvé avec des récits qui ne rentraient pas dans ce format là, et ainsi d’autres collections sont apparues.
Nous avons aujourd’hui une toute nouvelle collection qui s’appelle « Morceaux » et dont nous sommes vraiment très très fiers, avec un concept tout à fait nouveau, qui consiste à faire travailler un musicien et un auteur de Bandes Dessinées ensemble, les deux faisant une création originale, tout en travaillant l’un avec l’autre au niveau de la création.
Les autres collections sont Créscendo (des nouvelles), Corazon (Récits moyens formats) et Brasero (Récits grands formats). Donc quatre collections avec une trentaine de titres et une vingtaine d’auteurs.

Sceneario.com : Et présent sur de nombreux festivals !
Philippe Marcel :
Oui. Présent à la Conciergerie depuis le début, à Angoulème, à Saint Malo, au Salon du Livre. L’avantage de la Conciergerie c’est d’accueillir des petits éditeurs dans Paris sans que ce soit trop coûteux.

Sceneario.com : Lorsque l’on est petit éditeur, comment se déroule la diffusion ?
Philippe Marcel :
Dès le départ, nous savions de par notre expérience du fanzinat, que la diffusion est un vrai travail en soit. J’ai donc tout de suite voulu travailler avec un diffuseur, en l’occurrence Makassar, qui c’est vrai nous prend une partie de notre marge, mais c’est normal, puisqu’ils font la diffusion et la distribution. Mais ça permet de nous soulager beaucoup.
Maintenant des petits éditeurs arrivent très bien à faire leur propre diffusion. Après, c’est un choix.

Sceneario.com : Sans dévoiler tous les chiffres de La Cafetière, un tirage c’est combien d’albums ?
Philippe Marcel :
C’est très variable. Mais c’est entre 1500 et 3000 exemplaires.

Sceneario.com : Et y en a-t-il qui sont sortis plus du lot que d’autres ?
Philippe Marcel :
Oui, Cubik par exemple qui est épuisé, mais aussi dans les plus récents, il y a le Steak Haché de Damocklès. D’ailleurs comme cet album avait bien marché, le nouvel album de Fabcaro est tiré à un plus grand nombre.

Sceneario.com : Parle-nous de ce nouvel album…
Philippe Marcel :
Mais pourquoi TALIJANSKA nous a-t-on demandé plusieurs fois… Tout simplement parce que c’est le titre d’un morceau de Goran Bregovic (musicien Tzigane) que l’auteur FABCARO écoutait beaucoup en travaillant son album. Lorsque l’on écoute ce morceau, il est entraînant, c’est une ritournelle, une musique de manège et il correspond bien à l’album. Cet album est une série de gags en une planche, avec une vision un peu cynique de l’humanité en général, avec de l’humour un peu décalé.

Sceneario.com : Et cette collection Corazon, elle existe depuis quand ?
Philippe Marcel :
Elle a été créée car nous recevions de la part d’auteurs qui avaient été publiés dans notre collection Crescendo, des récits plus longs, et ils ne correspondaient pas à cette collection, du coup on a crée Corazon.

Sceneario.com : Que penses-tu du monde de la BD actuellement ?
Philippe Marcel :
Ou la la…..en combien de secondes ??? (rires) On parle beaucoup de crise de la BD en terme de production quantitative. C’est bien que des petits éditeurs existent pour publier des auteurs qui n’auraient pas forcément la meilleure chance au milieu d’éditeurs plus importants. Mais c’est aussi bien que des éditeurs plus importants existent.

Sceneario.com : C’est difficile pour vous de vous en sortir, en tant que petit éditeur ?
Philippe Marcel :
Oui, oui c’est difficile. On parle souvent des Labels indépendants, un vocable qui vient du milieu de la musique. Moi je préfère le terme d’éditeur alternatif, car on n’est pas indépendant d’un marché qui existe. On a des problèmes de diffusion… Et en effet ce n’est pas évident. Mais c’est bien qu’on existe.
Peut être que si crise il y a , on sera le roseau qui plie mais qui ne casse pas.

Sceneario.com : Car plus passionné peut être que les autres ?
Philippe Marcel:
Oui, mais aussi car la Cafetière ne va pas licencier 40 personnes. C’est dans un sens aussi un avantage. On est dans un système où il faut faire de la nouveauté pour exister. Plus il y a de nouveautés, plus le turn-over en librairie devient court, et donc ça devient de plus en plus difficile.

Sceneario.com : Quelles sont les sorties prévues chez La Cafetière ?
Philippe Marcel :
En 2007 il y aura la fin de Nuit, et un deuxième ouvrage de la collection Morceaux et plein de projets.

Sceneario.com : Combien d’albums sont publiés par an ?
Philippe Marcel :
Entre trois et cinq. On aimerait faire plus, mais c’est déjà bien, car on souhaite vraiment faire un travail de qualité, en étant un vecteur du travail de l’auteur. C’est essentiel pour nous de travailler avec l’auteur. C’est très important d’arriver à un ouvrage qui nous satisfasse, nous, l’auteur et les lecteurs. 

Sceneario.com : Un grand merci pour ta présence sur notre stand et au plaisir de lire les ouvrages de la Cafetière.

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