Sceneario.com : J’ai lu que ce projet t’avait été « proposé » par Delcourt. Ne penses-tu pas que les éditeurs brident la créativité des (jeunes) auteurs avec ce genre de projet, alors qu’ils pourraient faire des albums plus aboutis mais moins commerciaux ?
Laurent Panetier : Mais cet album et ce projet sont aboutis !! Ce n’est pas le genre de Delcourt de proposer quelque chose de « pas finis », ou non aboutis !!!
Moi, ce projet, je l’ai plutôt vu comme une opportunité. Il y avait une demande de Delcourt et j’y ai répondu, et cela a collé. L’idée de Thierry Joor (Directeur littéraire chez Delcourt) c’était justement de laisser libre cours à la créativité. Il avait un thème de départ et il nous a laissé évoluer librement dedans avec un objectif essentiel pour lui comme pour nous : créer un univers, des décors, des personnages, bref créer une vraie belle BD plutôt qu’un recueil de Blagues compilées et sans âme.
Et je te rassure cela n’a en rien bridé ma créativité puisque entre temps j’ai un autre projet personnel qui a été accepté et un second sur le point de l’être.
Sceneario.com : Comment est-ce que Delcourt vous a vendu ce thème ?
Laurent : Thierry a été honnête. Il nous a dit implicitement qu’on allait sans doute faire face à une volée de préjugés bien tenaces de la part de gens qui n’auront même pas lu l’album.
Après ils nous a dit : « Je veux de la belle BD, des paysages de l’ambiance, des personnages hauts en couleurs mais attachants. ». Moi cela m’a convaincu.
Sceneario.com : Penses-tu que Delcourt proposerait ce genre de projet à des auteurs plus connus ?
Laurent : Je ne sais pas, je pense que ce genre de projets sont des rampes de lancements pour de jeunes auteurs…Mais il faudrait demander à Delcourt…
Sceneario.com : Penses-tu pouvoir plus facilement leur proposer des projets plus personnels par la suite ?
Laurent : Non. Il n’y a pas eu de « deal » ou « d’échange de bon procédés ». Le seul avantage pour nous, c’est d’être connu dans la place. Après chaque projet est traité individuellement. Mais c’est vrai que je peux soumettre des projets à Thierry plus facilement car il me connaît….Ce n’est pas pour autant qu’il les accepte….
Sceneario.com : Que penses-tu de cette frénésie des éditeurs à sortir des séries interminables d’albums comiques à un rythme défiant l’entendement ? Penses-tu vraiment que cela peut apporter quelque chose à la BD et aux lecteurs ?
Laurent : C’est dur de juger en toute objectivité, car je profite de cette « frénésie » en ayant des projets acceptés et édités. Ce que je sais c’est que le rythme est très soutenu et qu’on se retrouve dans la même situation que dans l’édition de romans et essais…Il n’y a qu’à voir le nombre d’ouvrages publiés en septembre…Les libraires s’y perdent et ne peuvent tout proposer, alors ils font des choix , ils y sont contraints…Pour la BD c’est pareil, mais d’un autre côté c’est normal car elle est devenue un médium de masse…Je ne penses pas que les bédéphiles soient les seuls à acheter, monsieur tout le monde, pas forcément amateur de BD en achète beaucoup aussi. C’est souvent ce public qui est visé par les nouvelles sorties. Au grand damne des puristes de la BD qui crient au scandale. Qu’ils se réveillent ! si les éditeurs peuvent aussi sortir des BD plus conceptuelles ou dites d’auteurs, c’est parce que dans leurs catalogues il y a des BD commerciales qui se vendent bien et qui permettent des prises de risques sur des projets plus intimistes, ou plus ciblés…
Sceneario.com : Mais justement, ne crois tu pas que cela risque d’insiter les éditeurs à ne faire que de la BD commerciale ? Vu que les autres ne vont pas leur rapporter grand chose. C’est peut être ça que craignent les puristes…
Laurent : Cela pourrait. D’ailleurs certains éditeurs ne font plus que de la BD dite « commerciale ».
Mais je crois qu’il faut éclaircir deux trois choses :
1) Un projet plus intimiste, plus ciblé ou conceptuel ne veut pas systématiquement dire mauvaise vente. Au contraire, quand je lis ce que font Larcenet, Trondheim, Sfar, Geerts, Abolin , Pont et bien d’autres et que je vois leur succès, je me dis que les deux sont compatibles.
2) En France on a un soucis : L’intelligenstia. Cette pseudo-sphère des penseurs cultivés qui savent ce qui est bien et ce qui est mal se portent systématiquement en faux contre tout ce qui est commercial. Dans leur registre sémantique d’ailleurs, le terme « commercial » a un synonyme très intéressant : « populaire ». Si l’on prend l’exemple du cinéma : Gérard Dépardieu a été encensé par ces « bien pensants » tant qu’il a fait des rôles types « Les Valseuses » puis a été littéralement pourri lorsqu’il a joué dans la « Chèvre ». Ce qui est populaire ou commerciale gène. Dans la BD c’est pareil, on dénonce des séries commerciales pour ce qu’elles représentent et non pas pour ce qu’elles sont. On va dire : « Encore une merde !! » ou « Tiens ils n’a pas du se fatiguer le scénariste » sans même ouvrir le livre pour voir….Parfois cette première pensée est conforté par la lecture du bouquin, mais pas toujours.
3) On dit aussi souvent que les BD type « Blagues Corses » ou « Les cyclistes » sont pour un public de supermarché. (En faisant la grimace). Bah oui, de nos jours tout s’achètent en supermarché, même les bouquins de Trondheim on les trouve chez Leclerc ( !!!). Moi je suis fier d’avoir ce public, parce que c’est celui qui me ressemble. Et croire que tout ceux qui achètent des BD dans les supermarchés ne sont pas des amateurs de BD, pas des vrais lecteurs ou encore des gens sans culture c’est une connerie monumentale.
4) En résumé qu’est-ce qu’une BD commerciale ? une BD qui se vend ? Alors je souhaite que nous soyons tous auteurs « commerciaux ». |
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Sceneario.com : Cet album est donc imaginé, voulu et vendu (aux auteurs) par Delcourt. Est-ce qu’en plus Delcourt à son droit de regard (de véto) sur le contenu ? Est-ce que certaine chose vous ont été imposée ?
Laurent : Aucun véto. Je n’ai eu aucune restriction de la part de Thierry. Par contre, nous soumettons tous nos gags à Thierry pour avoir un éclairage extérieur, un autre angle de vue. De toute façon, Delcourt étant responsable du contenu des livres qu’il édite, je trouve normal qu’ils demandent à voir ce qu’il y a dedans. Mais à aucun moment ils nous ont dit « pas ça !! ». Au contraire Thierry nous encourage a exploré toutes les pistes, tous les domaines.
Sceneario.com : Tu as sorti avec Cédric Ghorbani la BD « les Cyclistes » chez Vents d’Ouest. Peu de temps après sortait Les Vélomaniacs chez Bamboo (je ne fais aucune hypothèse sur l’antériorité des scénarii chez l’un ou chez l’autre). Ne pensez-vous pas que les éditeurs sont dans une course à celui qui sortira le premier une bd comique dans un domaine encore inexploité ?
Laurent : C’est logique. Les éditeurs sont des investisseurs. Si nous, auteurs, de temps en temps on se pose la question : « Tiens quel est le thème qui n’a pas encore été abordé et que je pourrais faire ? » eux doivent sans doute se poser la même question en ajoutant : « Et quel est celui qui pourrait bien se vendre ? ». Je parierai même sur le prochain sujet qui va sortir des cartons, mais je ne le ferais pas, car je bosse dessus…
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Sceneario.com : Concernant le thème des blagues sur les corses, il a déjà été abordé dans la BD (on pense aux aventures de Jack Palmer en particulier). Ne penses-tu pas que l’on va vous taxer de copieurs ?
Laurent : Si on me dit qu’on a copié Pétillon, d’abord je rougirai, car ce serait un vache de compliment…Après plus sérieusement, on pourra penser cela mais en lisant le Tome 1 des blagues Corses on verra que nous abordons le sujet avec une toute autre optique. Pétillon voyait cela de l’extérieur par le biais de l’enquête de Jacques Palmer, nous on s’est campé à l’intérieur. On raconte la vie d’un petit village corse Umiupaessalu (U miu paessalu cela veut « mon petit village » en corse) et de ses habitants.
Sceneario.com : As-tu une expérience du monde Corse ? T’es tu documenté ? Si oui comment ? Via des albums existants ?
Laurent : Mes parents habitent Nice et sur le port il y a un ferry qui part tous les jours vers la Corse, alors forcément…Steph (Fich) et moi nous sommes beaucoup documentés (documentaires audiovisuels, bouquins, magazines, guide vert de chez Bibendum, contes et légendes, et bien sûr méthode pour connaître des rudiments de Corsu.. ). Nous voulions créer un univers, que cela ressemble à la Corse, avec ses particularités, ses côtés sauvages, ses côtés plus citadins et sa beauté incroyable. Nous nous sommes attachés à nos personnages et nous voulions absolument éviter de tomber dans les clichés purs et durs. Bon en faisant un album de Blagues, on est obligé de tomber dans le cliché parfois. Mais on a toujours essayé de les traiter avec respect et surtout en essayant de se mettre à la place des corses pour pouvoir parfois renvoyer aux Pinzuti (Les français du continents) la monnaie de leur pièce. Je travaille sur le T2 et je découvre chaque jour un peu plus la Corse et plus je la découvre et plus je m’y attache. Siamu Tutti Corsi !!! |
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Sceneario.com : Cet album sort en même temps que « blagues juives » (et après « blagues belges »). Ces BD sont présentées comme reprenant en images des blagues connues (voire archi-connues) et pas forcément en proposant de nouvelles. Penses-tu que cette formule est la bonne ? (Car quand on connait les blagues, on n’est pas surpris, donc c’est une lecture moins plaisante)
Laurent : C’est là que Thierry Joor, je trouve a bien géré la chose. J’ai très vite proposé à Thierry des scénarii originaux (créés en collaboration avec Fich) pour justement ne pas avoir une impression de déjà vu et pour créer un liant à l’album. Et il a accepté car cela rentrait dans notre objectif commun de faire une belle BD. Nous nous sommes aussi basés sur les anecdotes et sur la culture corse pour créer certaines blagues. C’est pour cela que l’on a intégré ici et là quelques mots de Corses (j’espère que je n’aurais pas fait da faute !! Je suis débutant). On voulait aussi que cet album sans prétention permette à certaines personnes ayant des a priori terribles sur la Corse de s’en départir. Si cela peut permettre de découvrir un peu plus la Corse et si cela donne envie d’aller la visiter alors on aura gagné !!
Sceneario.com : Ne penses-tu pas que comme pour les blagues Belges, on a largement fait le tour de la question corses (coté humour je veux dire) ?
Laurent : Non, je ne crois pas. Au contraire tout le challenge est là. La Corse est pleine de ressources, de paysages, de spécialités culinaires, d’hommes et de femmes fiers et volontaires que les clichés véhiculés nous empêchent (nous les continentaux) de voir. Tous ces thèmes n’ont pas été abordés ou très peu. Il y a notamment en Corse des comiques hilarants qui égratignent sans concessions leur congénères : Tzek et Pido par exemple me font hurler de rire. Dans un autre registre Tintin Pasqualini malheureusement disparu est une source intarissable de rigolade. Il y a encore beaucoup à faire sur la Corse, niveau humour, c’est sûr…
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Sceneario.com : Fich, comment s’est passée ton arrivée sur ce projet ? C’est Laurent qui t’a contacté ? Ou bien l’équipe a-t-elle été formée par Delcourt ?
Fich : J’ai rencontré Laurent par Internet… Il avait vu mes dessins sur des sites qui donnent la possibilité aux auteurs méconnus du public de laisser leurs projets pour se faire connaître… C’était début 2005 et à ce moment-là, Laurent allait publier son premier album avec Cédric Ghorbani: Les cyclistes… On a très vite sympathisé et très longuement discuté par mail du métier pour se rendre compte qu’on avait envie de bosser ensemble… Fin 2005, Laurent m’a parlé de reprendre un projet chez Delcourt que Cédric venait de laisser tomber… C’était les blagues corses, sur une idée de Guy Delcourt… Comme cela faisait des années que je cherchais à publier mes dessins, je n’ai pas hésité une seconde et l’aventure a commencé… |
Sceneario.com : Est-ce que c’est toi qui voulait absolument faire un album comique ?
Fich : Absolument n’est pas vraiment le terme… Disons que comme je viens de la fameuse école humoristique Franco-Belge (où Belgo-Française, suivant où l’on se place), mon style se prête assez naturellement à l’esprit d’un album comique… Mais j’espère ne pas en rester là car pas mal d’auteurs ont su prouver qu’avec un style humoristique, on pouvait aussi raconter des histoires intenses, profondes, dramatiques et pas seulement que des histoires « rigolotes »…
Sceneario.com : Qu’elles sont tes sources d’inspiration ? Qu’elles sont tes références ?
Fich : Ma plus grande source d’inspiration est la vie elle même. Car faire de la BD est avant tout la retranscription sur le papier du regard que l’on porte sur les choses qu’on observe. Mais il est vrai que l’âme humaine, la nature ou l’écologie sont des thèmes qui m’attirent de plus en plus.
Pour mes références, elles sont multiples! Comme pour beaucoup d’auteurs de ma génération, Hergé est LA référence… Je dévorais les Tintin… Ensuite, Walthéry, parce qu’il habitait à 2km de chez moi et que j’allais lui rendre visite de temps en temps… Il y a eu aussi André Benn, avec son personnage Mic Mac Adam… Ce fut là mes principales influences durant mon adolescence…
Et puis par la suite, est venu des tas d’auteurs: Cosey, Franquin, Uderzo, Janry, Hislaire, Comes, Dany, Edika, Derib (j’en oublie sûrement!) et enfin Georges Van Linthout qui m’a aidé dans mes premiers pas. Actuellement, j’admire énormément le travail de Trondheim, Larcenet, Guy Delisse… Mais aussi, celui de Sfar, De Crecy, Zep, Téhem… Mais si j’élargis le sens de ce que sont des références, le cinéma m’a beaucoup apporté, avec ce que son langage a de commun au langage BD… La peinture aussi, j’aime beaucoup les impressionnistes et les surréalistes…
Et enfin la musique, qui d’apparence n’a pas grand chose en commun avec la BD, et pourtant! Disons, pour rester simple, que les deux disciplines peuvent être complémentaires et s’apporter mutuellement pas mal de choses…
Sceneario.com : Quel délai as-tu eu pour la réalisation de l’album des Blagues Corses ?
Fich : Bon, je ne vais pas le cacher, pour ce premier tome, le délai était assez court (8 mois 1/2), d’autant que j’aime prendre mon temps pour bien faire les choses… Mais d’un autre côté, je suis heureux d’avoir relevé le défi…
J’ai appris énormément en très peu de temps, et je pense que le fait d’avoir travaillé de manière si intensive y est pour quelque chose… Pour le second tome, je dispose de plus de temps et j’espère de ce fait faire un album graphiquement encore meilleur que le premier…
Sceneario.com : Penses-tu que cela était suffisant pour t’exprimer pleinement ?
Fich : Même si le délai était court, je pense avoir tout donné pour cet album au moment de son élaboration… Donc oui, je pense m’être exprimé graphiquement pleinement!
Sceneario.com : Comment t-y prends-tu pour faire passer de l’humour dans ton dessin ? Sur quoi travailles-tu précisément ? Les postures ? Les regards ? Les expressions ? Le comique de situation ?
Fich : Franquin disait que le gag est comme la mécanique d’une horloge… Tout doit être minutieusement étudié pour faire en sorte que les rouages du gag fassent rire, sourire ou pourquoi pas, réfléchir… Graphiquement, c’est la même chose… Tout est y important… Et lorsqu’il faut accentuer une particularité plutôt qu’une autre pour l’efficacité du gag, il ne faut pas hésiter… Mais il est vrai que j’ai mes préférences, mes « petits trucs »… J’aime le comique de situation… J’aime donc l’utiliser lorsque cela s’y prête…
Sceneario.com : Comment fais-tu pour être sur que ton dessin va faire mouche auprès du public ? Tu le testes auprès d’amis, afin d’avoir un peu de recul ? |
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Fich : Tout d’abord, j’ai les réactions de Thierry Joor, de Laurent et de ma compagne, qui sont les premiers lecteurs de ce que je fais… Si je suis a côté de la plaque, ils ne se gênent pas pour me le dire et c’est tant mieux, car ça remet les choses à leur place… Si je suis dans le bon, ils me le disent aussi, et c’est toujours très encouragent… En fait, je pars du principe que j’ai encore tout à apprendre et que leurs avis m’aident à y parvenir…
Ensuite, c’est vrai que si j’ai la possibilité de faire lire mes planches à ma famille ou à mes amis, c’est toujours des avis supplémentaires qui me guident vers mon « apprentissage » du métier…
Mais cela ne garanti en rien de faire mouche au près du public… Car si je faisais mouche, cela voudrait dire que j’ai découvert le secret de la réussite, et donc du succès… Or, nous savons tous combien le succès est aléatoire et qu’il n’y a aucune recette qui puisse le garantir!
Sceneario.com : comment réagiriez vous aux critiques souvent dures et faciles que vous pourriez lire sur le web ?
Laurent : Bah, on va automatiquement nous comparer à d’autres productions qui existent sur le marché et dont je ne parlerai pas. J’espère simplement que les gens iront plus loin et ouvriront le Bouquin et verront…Après de nos jours on critique tout et n’importe quoi sans même savoir de quoi il en retourne…Alors je pense qu’il faut monter au créneau (et merci de nous permettre de le faire) pour expliquer ce qu’est ce livre et puis après, si certains campent sur leurs positions, c’est leur problème…
Sceneario.com : Le festival de Bastia qui a lieu en Décembre, met en avant la bd d’humour et le dessin de presse, si vous êtes invité cette année, ou les prochaine, y iriez-vous?
Laurent : Avec joie. Nous avons fait cet album en nous amusant et en respectant tout le monde et à ce titre je serais très curieux de connaître l’avis des Corses sur notre album…
Sceneario.com : merci à vous deux pour ces éclaircissements sur la création et la réalisation de ce nouvel album Les Blagues Corses chez Delcourt. Bonne chance à vous.
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