Interview
Jean David Morvan…. et Spirou
Jean-David MORVAN : Hmm, l’idée d’envoyer Spirou à Tokyo date d’avant la création du 47. Je veux dire qu’avec Laurent Duvault de Dupuis, nous avions planifié les thèmes de 4 albums. Tokyo arrivait en troisième position. On s’y est tenu.
Je pense que c’est la ville qui fait rêver les nouvelles générations, elle a supplanté New-York. Et comme Spirou est une BD pour les jeunes…
Sceneario.com : On remarque tout de suite les costumes : rouge pour Spirou et bleu pour Fantasio. Ces couleurs sont souvent indissociables de nos héros. Hasard, ou volonté de conserver ce « code couleur » ? C’est important de ne pas choquer le lecteur, de garder les caractères des personnages ?
Jean-David MORVAN : Eh bien, ce n’est pas nous qui avons inventé ces codes couleurs. Ma foi, pourquoi les changer maintenant ? On nous accuse déjà assez de trahir comme ça… 🙂
Sceneario.com : Le ton de cet album semble être résolument différent des autres, même de ceux que vous avez écrits. Très tourné fantastique, moderne, sérieux (par exemple, les regards, les attitudes générales). C’est un risque ça, non ?
Jean-David MORVAN : Faire Spirou, c’est de toute façon un risque. Finalement, c’est un challenge qui ne peut nous apporter que des ennuis… Je veux dire : on n’avait pas besoin de ça pour vivre, et on savait au départ qu’on se ferait descendre. Il faut sacrément avoir envie de faire de la BD pour accepter de le faire quand même quand on sait au départ comment ça va se passer.
En plus, chez Dupuis, ils nous ont demandé de viser le public "jeune", qui ne lisait plus Spirou, simplement parce qu’il y avait eu juste 1 album en 10 ans (qui était d’ailleurs lui aussi assez sérieux). Voilà qui explique le côté moderne, parce qu’on ne se contente pas de suivre une licence, une bible. On ne fait pas du dessin animé, figé dans un style. On essaye des trucs à chaque fois. Chacun a le droit de dire qu’on se plante ou pas. Mais personne ne peut dire qu’on n’essaye pas de faire des trucs différents.
Je crois que l’album est assez panaché en émotions et en tons. Il y a du sérieux et du burlesque en même temps. On aime assez ça, nous.
Sceneario.com : 3 albums, 3 tons différents. C’est important pour vous, Jean-David, d’explorer différentes facettes de Spirou, d’aller dans des directions différentes, voire faire toucher l’univers de Spirou avec certains des vôtres ?
Jean-David MORVAN : Ah mais justement, on nous a confié Spirou et Fantasio en disant qu’ils étaient à nous, que nous étions les auteurs. Mais on sait aussi qu’on est juste de passage (pour combien de temps, mystère). Il faut donc faire évoluer sans vraiment trahir le personnage, afin de le léguer "vivant".
Je crois qu’on reste dans le cadre, même si on lit le contraire parfois.
Sceneario.com : Spirou est un univers très riche, avec des séries dérivées, comme « Le petit Spirou » ou « Une aventure de Spirou et Fantasio par… ». Vous seriez tentés d’y faire un petit tour, voire de créer votre propre « spin-off » ?
Jean-David MORVAN : Ma réponse est oui. Le manga en est un, et un sacré non ?! Encore de quoi se faire bien éreinter… 🙂
Sinon, on avait un projet avec Philippe Buchet, qui avait été contacté pour reprendre la série. Tout le mondé chez Dupuis était ok, mais on n’avait pas fait le contrat.
Maintenant, l’équipe a changé, j’espère que ça va se faire tout de même.
Nous, on est prêt.
Sceneario.com : Y a-t-il échange avec les différents auteurs de ces deux collections ?
Jean-David MORVAN : Euh… J’en connais certains, d’autre non. Jose les connait tous, c’est un sacré mondain. Mais moi, je sors peu 🙂
Sceneario.com : Tout le monde a cru à la mort de la série au tome 46 (« Machine qui rêve »), beaucoup reprochaient qu’on ait chamboulé ainsi le mythe Spirou. Etes-vous critiques face aux albums précédents, et en particulier celui-là ?
Jean-David MORVAN : Non. Mais nous, on ne pouvait pas repartir de là. C’est un Spirou que seuls Tome et Janry pouvaient faire, après 20 ans de travail sur le groom. Ils l’ont fait, c’était courageux.
Sceneario.com : Y voyez-vous une grande source d’inspiration (hormis les personnages eux-mêmes). Pourrait-on, par exemple, voir réapparaître ce clone de Spirou, ou Zorglub ou encore Vito Cortizone ? Où bien êtes-vous plutôt tentés de développer votre propre univers de Spirou ?
Jean-David MORVAN : Je ne sais pas si on peut utiliser le clone, mais je ne sais pas si ce serait une bonne idée… Enfin, en soi, c’est une bonne idée. Mais c’est tellement différent des autres histoires…
Les autres, oui, on a le droit, et si on a l’occasion, on le fera.
Notre idée, c’est de faire des aventures DE Spirou et Fantasio, pas des aventures AVEC Spirou et Fantasio. Je veux dire par là que c’est l’univers déjà créé qui nous intéresse. C’est pour ça qu’on remet des personnages d’avant, histoire d’être cohérents avec ce que les autres ont fait avant.
Il y a un petit univers à utiliser, s’en passer serait dommage.
Sceneario.com : Jean-David un grand merci pour cette interview…
Jean-David MORVAN : De rien, mais je vous laisse je file au Japon….
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