Marianne Eskenazi, auteure de la BD Le maillot rouge

Sceneario.com : Bonjour ! Pourriez-vous vous présentez en quelques mots et nous dire comment vous est venue votre passion pour le dessin ?

Marianne Eskenazi : Eh bien, j’ai 29 ans, je vis à Paris et je suis dessinatrice de BD et d’illustrations. A mes heures perdues, je suis aussi enseignante. Pour ce qui est de ma passion pour le dessin, il est difficile de savoir comment elle m’est venue car je crois bien avoir toujours dessiné, plus ou moins intensément selon les moments de ma vie. Ca fait partie de moi.

Sceneario.com : Votre actualité, c’est l’album Le maillot rouge. Quelle est la part d’autobiographie dans cette histoire ?

Marianne Eskenazi : Quand j’écris, j’essaie de rechercher une vérité des sentiments, ou tout du moins une sincérité. Ca oblige à pas mal d’introspection. Du coup on retrouve beaucoup de ma propre expérience dans cette histoire. Mais le paradoxe, c’est que quand une histoire devient couchée sur le papier, elle nous échappe, et s’éloigne de notre propre vie. C’est aussi la magie de la chose.

Sceneario.com : Le fait de s’exprimer par la BD peut-il faire changer le regard de ceux qui vous connaîtraient le mieux et qui pourraient s’offusquer d’apprendre des choses sur vous que vous ne leur auriez peut-être jamais dites sinon ?

Marianne Eskenazi : Cela est fort probable, mais c’est quelque chose dont je fais complètement abstraction. Je ne crois pas que l’on puisse écrire en pensant à ses proches penchés sur son épaule, même quand il ne s’agit pas d’œuvres autobiographiques.

Sceneario.com : Dans la blogosphère, les internautes vous connaissent sous le pseudonyme Paprika. Pourquoi avoir choisi de signer sous votre véritable nom votre BD ?

Marianne Eskenazi : Je me sens très bien dans mon pseudonyme de Paprika sur Internet… Toutefois, une fois imprimé, ça devient autre chose. En tant qu’auteur je m’identifie davantage au nom « Marianne Eskenazi » qu’à « Paprika ».

Sceneario.com : Les visiteurs de votre blog ont depuis longtemps déjà découvert ce qui est désormais votre album. Pierre Paquet, votre éditeur, a-t-il été un de ces visiteurs et vous a-t-il contacté suite à une visite ou bien est-ce vous qui êtes allée au-devant des éditeurs ?

Marianne Eskenazi : Non, c’est moi qui suis allée au-devant des éditeurs. Il s’avère que ce sont deux mondes assez différents et que rares sont ceux qui connaissaient mon blog. Qui plus est, mon blog lui-même est resté relativement confidentiel par rapport aux blogs les plus visités. J’étais donc aux anges de la réponse positive de Pierre !

Sceneario.com : Postées page par page sous forme de posts sur le blog, les planches du Maillot rouge avaient ainsi chacune un titre propre. N’a-t-il jamais été question de garder ces titres pour la version papier, comme un souvenir de là d’où la BD vient ?

Marianne Eskenazi : Quand j’ai écrit l’album, je l’ai pensé comme un tout. Le titre des planches était une contrainte imposée par le format du blog, contrainte que j’ai prise en compte (je ne me suis pas contentée de les numéroter). En général, je trouvais le titre à la dernière minute, au moment de publier la note. Cependant, le laisser aurait amené une séparation artificielle entre les planches qui sont en fait pensées pour se lire les unes à la suite des autres, sans à-coups.

Sceneario.com : En postant page par page, saviez-vous cependant exactement où vous alliez en venir ou la formule blog vous a-t-elle fait modifier des choses au scénario ?

Marianne Eskenazi : Oui, je savais exactement où j’allais depuis le début, même si je n’avais pas fait le découpage à la planche près dès le départ. La ligne était claire dès le départ.

Sceneario.com : Lorsque vous avez su que votre BD allait être éditée, êtes-vous revenue sur des dessins, des couleurs, des textes ?

Marianne Eskenazi : Bien sûr, j’ai retouché des planches, après réflexion et discussion avec mon éditeur. Une version papier demande un peu plus de rigueur qu’une version web.

Sceneario.com : Avez-vous eu des craintes quant au passage de vos planches sur support papier, par rapport aux couleurs, aux luminosités ? Dans quelle mesure avez-vous été impliquée par l’éditeur et l’imprimeur à la validation des couleurs de l’album ?

Marianne Eskenazi : Je suis plutôt confiante de ce côté-là ! Les albums de la collection Discover sont souvent beaux et bien réalisés. J’attends encore les premiers exemplaires, et je suis impatiente ! J’ai eu une grande liberté dans la réalisation de la couverture, le choix de la typo, etc.

Sceneario.com : Le thème de l’ancienne image d’en-tête de votre blog (on l’y a vue jusque fin avril 2008) faisait penser à la Jade d’Ana Miralles. Quelles sont vos influences graphiques ?

Marianne Eskenazi : J’avoue que je ne suis pas très cultivée en BD et que je ne connaissais pas Ana Miralles, en feuilletant un peu, je découvre que j’aime énormément son style. Graphiquement, je suis une grande admiratrice de l’art nouveau de Klimt, ou encore Mucha, mais je n’oserais pas me comparer à eux. En BD, je reste profondément attachée au premier auteur de BD réaliste que j’ai découvert : Bourgeon. J’ai lu Les Passagers du Vent beaucoup trop jeune, et j’ai adoré.

Sceneario.com : Quels sont actuellement vos projets et comment la parution du Maillot rouge va-t-elle modifier des choses ou des manières de faire dans votre façon d’aborder vos réalisations ?

Marianne Eskenazi : Ce n’est pas facile d’enchaîner après un album aussi personnel et dans lequel je me suis autant impliquée. Je suis vraiment ravie de cette parution qui est pour moi un véritable « achievement », avec le double sens du mot anglais (fin et succès). Maintenant, j’ai envie de faire quelque chose de complètement différent, tout en restant dans des histoires intimistes.

Sceneario.com : Merci d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Bonne chance au Maillot rouge et bonne continuation ! Mais… au fait… Ce maillot… Etait-il rouge ou orange ? ^_^

Marianne Eskenazi : Merci à vous ! Ca fait plaisir de voir que vous l’avez vraiment lu ^^.

Le blog de Marianne Eskenazi : http://www.blogdepaprika.com/

Le site des éditions Paquet : www.paquet.li