Interview

Ralph Meyer s’attaque à une saga viking : Asgard

Sceneario.com : Bonjour Ralph. Ton actualité prochaine est la sortie d’asgard une nouvelle série prévue en deux tomes avec Xavier Dorison au scénario. Avant d’aborder ce titre, peux tu te présenter pour nos internautes ? Quel a été ton parcours ?

Ralph Meyer : Bonjour. Mon parcours est somme toute classique. J’ai commencé à dessiner enfant et depuis je ne me suis plus arrêté. Avec l’appui de ma mère, j’ai pu m’orienter vers une filière artistique.Après un Bac philo et arts plastiques et un passage dans une école de pub, j’ai intégré les cours de bande dessinée et illustration de l’institut St Luc à Liège. Par la suite, après un peu de galère, j’ai rencontré Philippe Tome. C’est après avoir vu deux pages d’une histoire policière, polar dans mes cartons qu’il m’a proposé Berceuse assassine.

Sceneario.com : Tu as travaillé sur Berceuse assassine, sur IAN (dont une intégrale sort d’ailleurs bientôt), sur des lendemains sans nuages, sur La page noire et entre autres, tu as participé avec Xavier Dorison sur le premier tome de XIII Mystery. Que retiens tu de ces travaux ? De ces collaborations avec ces auteurs ?

Ralph Meyer : Chaque scénariste a des modes de fonctionnements différents, c’est plutôt enrichissant de voir ces approches diverses sur la façon de traiter une histoire. Au final, je suis plutôt fier d’avoir travailler sur tous ces bouquins et avec tous ces talentueux scénaristes.

Sceneario.com :Tu retrouves donc Xavier Dorison au scénario d’Asgard. Après XIII Mystery, comment est né ce projet ?

Ralph Meyer : Tout d’abord de l’envie de remettre le couvert avec Xavier. Nous nous sommes découverts sur le XIII mystery et nous avons pris beaucoup de plaisir à réaliser cet album ensemble. Outre l’amitié qui aujourd’hui nous lie, nous sommes plutôt en phase sur la manière de raconter une histoire avec le même degré d’exigence sur toutes les étapes de réalisation d’un bouquin. D’autre part, nous avons été contacté après le XIII Mystery par les éditions du Lombard qui nous proposaient de participer aux « Mondes de Thorgal », une collection de spin-off autour de la série-mère. Pour certaines raisons, nous nous sommes finalement retirés du projet. Restait l’envie de raconter une histoire de vikings…

Sceneario.com : Qu’est ce qui t’a intéressé dans cette aventure ?

Ralph Meyer : Le souffle qui existait dès la première mouture du scénario. A la lecture de ce dernier, j’ai eu des réminiscences des sensations que me procuraient les livres de Jack London lorsque j’étais enfant : la Nature sauvage, dure et dangereuse, le froid, le vent… Et c’est ce qui m’a donné mon angle d’attaque sur ce projet, l’envie de transmettre ces sensations aux lecteurs. Il y avait aussi le désir de changer d’univers. La plupart de mes bouquins antérieurs se situaient dans des cadres contemporains ou futuristes et surtout dans des milieux quasi-exclusivement urbains. La possibilité que m’offrait Asgard était dès lors super excitante.

Sceneario.com : Peut-on dire qu’Asgard est une sorte de récit à la Melville et son Moby Dick ?

Ralph Meyer : Tout à fait ! C’est LA référence, l’histoire qui est à la base d’un genre : La chasse obsessionnelle au monstre. Nous avons transplanté ce genre dans un univers viking en espérant avoir un ton qui nous soit propre.

Sceneario.com : Comment sont nés les personnages d’Asgard ? étais tu sur la même longueur d’onde que Xavier Dorison ?

Ralph Meyer : A la lecture, oui. Après sur le physique d’Asgard, nous avons pas mal tâtonné pour arriver au résultat que vous avez dans l’album. Mais au final, nous en sommes tout les deux très satisfaits. A partir de là, le personnage de Sieglind se devait d’être un peu l’opposé d’Asgard. De même Gözlin, le guerrier de la hilde se devait d’être une sorte de miroir inversé d’Asgard, c’est-à-dire beau, au plus haut de l’échelle sociale de l’époque,etc… Chaque personnage dans ce type de récit a sa fonction.

Sceneario.com : Quels sont tes influences graphiques ?

Ralph Meyer : Difficile en ces jours tristes de vous parler de quelqu’un d’autre que Jean Giraud qui reste mon influence majeure. Peut-être moins au niveau graphique (même si le lien est patent) que sur une certaine philosophie du dessin qui veut qu’on n’est pas obligé de suivre une seule voie toute sa vie. Je suis bien sûr loin d’avoir exploité cette idée de manière aussi intense et avec autant de virtuosité que lui mais, à mon échelle, j’aime beaucoup ce terrain de jeux. C’est pourquoi j’éssaie sur chaque projet de trouver un traitement graphique qui soit adéquat avec le type de récit que je dois mettre en scène.

Sceneario.com : Comment travailles tu avec Xavier Dorison, ton scénariste?

Ralph Meyer : Main dans la main, Xavier accepte que je sois parfois intrusif dans le scénario tout comme je fais attention à ces remarques sur la partie graphique. Cela permet d’avoir tout au long du processus une histoire qui reste de la matière vivante. C’est très agréable car la réalisation d’un album est un véritable marathon où il est parfois difficile de garder intact son degré de motivation sur le projet. Avec cette manière de travailler, l’enthousiasme de l’un et de l’autre est un puissant moteur.

Sceneario.com : Comment organises tu ta journée de travail ?

Ralph Meyer : Je n’ai pas d’organigramme très précis. L’idée étant de profiter au mieux des heures où mes enfants sont à l’école. : )

Sceneario.com : Coté recherches : comment t’es tu lancé pour retrouver l’esprit, la période des Vikings ?

Ralph Meyer : J’ai compilé beaucoup d’images pêchées sur le net ou dans divers bouquins sur les vikings mais surtout sur les fjords. Quelques films également. Après avoir longuement regardé tout ce matériel, des images mentales ont commencé à poindre sur la manière dont je voulais traiter ce récit.

Sceneario.com : Quels sont tes futurs projets ?

Ralph Meyer : Un western avec Xavier. Un projet que nous avons en gestation depuis pas mal de temps et qu’il nous tarde d’entamer.

Sceneario.com : Questions viking : si je te dis Les Vikings de richard Fleisher ?

Ralph Meyer : Oui, bien sûr, le premier film que je suis allé rechercher au moment de mes recherches de documentation. Cela dit, j’ai été plus influencé par « Walhala rising » de Nicolas Winding Refn, (le réalisateur de Drive) par sa représentation de la nature nordique, très simple, sans effet. Les gammes chromatiqes utilisées correspondaient à la manière dont je voulais traiter cet univers.

Sceneario.com : Vinland saga ?

Ralph Meyer : C’est assez étrange au depart de voir des Vikings dans un style manga. Même si les japonais sont très fort pour faire rentrer n’importe quel univers dans leur moule et qu’ils savent très bien raconter une histoire accrocheuse, je n’ai pas dépassé les deux premiers tomes.

Sceneario.com : Thorgal ?

Ralph Meyer : Une lecture qui m’a enchanté plus jeune. La reference en matière de Viking. Même si en fait, Thorgal dépasse le genre car on y trouve des Vikings mais aussi du merveilleux ou encore de la science-fiction. C’est une série très hybride. C’est là, je crois, que nous traçons notre propre voie. Nous avons opté pour une vision plus naturaliste.

Sceneario.com : Quel est ton dernier coup de coeur pour une bande dessinée ?

Ralph Meyer : « Z comme Don Diego » chez Dargaud qui, dans le registre particulièrement difficile de l’humour, m’a vraiment fait rire.

Sceneario.com : Quel est on dernier coup de cœur pour un livre ?

Ralph Meyer : « Chantemerle » de Gabriel Chevallier. Une satyre sociale de 1934 qui n’a pas pris une ride.

Sceneario.com : Quel est ton dernier coup de cœur pour un film ?

Ralph Meyer : « Drive » de Nicolas Winding Refn,

Sceneario.com : quel a été ton dernier coup de coeur pour une musique ?

Ralph Meyer : Le dernier single de « Die antvoord », un groupe de rap sud-Africain qui s’intitule « I fink u freaky ».

Sceneario.com : Merci Ralph d’avoir navigué un peu avec nous.

Ralph Meyer : Avec plaisir.

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