Interview

Régis Loisel

Sceneario.com : Quand on termine de raconter la Génèse de Peter Pan, comment se sent-on ?
Loisel :
Bien! Beaucoup mieux !
C’est vrai que c’est une histoire qui a été faite sur une période de 14 ans, même si pour moi ça a durée plus longtemps que cette période. Mettre un point final, c’est une page de ma vie qui se tourne, et quand je dis ça, je me méfie parce que tous les journalistes ont pensé que je m’étais débarrassé du bébé, alors que non, pas du tout. Je n’ai quand même pas passé 14 ans de ma vie à faire quelque chose pour sur le dernier album bacler et l’expédier. C’est complètement crétin de penser ça. Mais bon, il y a plein de journalistes qui ne comprennent rien, donc c’est normal. Voici donc pour le rectificatif, sachant que dorénavent je suis plus prudent dans mes propos.
Donc, bien sur que je me sent bien, je vais pouvoir essayer de m’adonner à autre chose.

Sceneario.com: Est ce qu’il vous a été dur de faire ce dernier album?
Loisel :
Dur, oui, comme les 5 autres d’ailleurs. Un peu plus dur peut être, mais pour des raisons toute simple, j’ai déménagé, des soucis familiaux, mais il a été comme les autres en fait. Comme il s’agissait du dernier album il fallait pas que je me rate, il fallait vraiment que je raconte tout ce qu’il fallait, sans le bâcler, sans laisser quelque chose au hasard. J’ai donc fait et donné le maximum, et quand on donne le maximum c’est certainement un peu plus difficile.

Sceneario.com :Concernant la Quête de l’Oiseau du Temps, nous avons entendu parler d’un travail avec Aouamri. Ou en est ce projet ?
Loisel :
Doucement mais ça avance… Ce qu’il fait est très bien, c’est formidable. Mais bon en mon sens, en celui de Le Tendre et celui de l’éditeur il lambine un peu. C’est un peu pénible… « Momo si tu m’entends, accélère un peu, sinon tu vas te lasser, t’épuiser, te fatiguer… »

Sceneario.com : Après « La Java des Gaspard », « Les Farfelingues », pensez vous faire d’autres scenarii ?
Loisel :
Alors non, mettons les choses au clair. La « Java des Gaspard » c’est Guilmard qui l’a fait, j’y suis absolument pour rien, et pour « Les Farfelingues » j’ai été à 15% sur le tome 1, à 5% sur le tome 2 et plus du tout sur le tome 3, pour le tome 3 je ne connaissais même pas le scénario. Je me suis juste permis d’y adjoindre mon nom, afin de booster l’intérêt qu’on pourrait avoir pour cette auteur et cette série.
C’est vrai qu’avec cette série on ne sait pas vraiment si c’est pour enfants, pour adultes, si bien que ça a été un coup dans l’eau. Mais je ne suis en aucun cas le scénariste, je n’ai rien écrit du tout, j’ai juste donné quelques petits conseils techniques sur les personnages. Ca ne veut pas dire non plus, que si je m’y étais mis à 100% ça aurait été mieux. Je rend donc a César ce qui est à César.

Sceneario.com : Vous avez refait la couverture de « Troubles Fêtes » pour la nouvelle édition, pourquoi ?
Loisel :
Tout simplement parce que l’éditeur qui voulait ressortir ce bouquin me l’a demandé. Mais je ne suis pas certain que ce fût une bonne chose de ma part.

Sceneario.com : Les éditions Mosquito ont sorti une monographie sur vous, il y est annoncé un tome 2, où en est ce projet.
Loisel :
Au mois de novembre je suis allé à Grenoble pour répondre aux questions de Michel Georges, qui est la personne qui s’occupe de Mosquito entre autres, pour le moment je ne sais pas ou en est cette interview, mais en effet un tome 2 est prévu.

Sceneario.com : Angoulème a ouvert ses portes un peu plus grandes aux mangas, qu’en pensez vous ?
Loisel :
Je trouve ça très bien, il faut ouvrir la BD tout azimut. Je pense qu’il faut éviter de faire un discourt trop important sur la BD un peu marginal et un peu élitiste, même si j’aime bien, c’est bien que ça existe. Je trouve qu’actuellement on prend trop ça au sérieux et qu’on met en exergue que ce type de BD, il suffit d’ailleurs de voir la présélection de u festival d’Angoulème de cette année, qui était à 80% sur le même type de BD. Mais je dis et redis que c’est une BD formidable, mais qu’il n’y a pas que ça. C’est une BD élitiste et donc moins populaire et si on commence à encenser cette BD les jeunes auteurs ne vont plus savoir quoi faire . Ils vont se dire que pour faire de la BD il faut raconter sa vie, « j’ai 19 ans, je vais faire un truc autobiographique et c’est pas la peine que je sache dessiner, le principal c’est de faire un bouquin ». C’est donc quelque chose à double tranchant, et je pense que ceux qui font les présélections pour le Festival d’Angoulème ne l’entendent pas de ce discours là.
Je leur en ai parlé d’ailleurs, de manière fort sympathique, mais ils ont tout pouvoir. Je trouve qu’il y a des jeunes dessinateurs en herbe qui veulent travailler le dessin ou le scénario, et qui ont des gros doutes car ils trouvent qu’on ne parle plus de la BD traditionnelle , mais d’une BD mal dessinée, écrite à la main, avec un dessin par page. Donc attention.

Sceneario.com : Où va-t-on retrouver Régis Loisel, dans la BD, au cinéma ?
Loisel :
Non, on va me retrouver très rapidement dans la BD. J’ai deux projets. L’un avec un dessinateur , Laurent Maillet, et un co-scénariste, un ami, Jean-Blaise Djian. Et le deuxième projet, est une BD à la Franck Caprat avec une BD à quatre mains ou je ferai du dessin, du vrai dessin pas du story board. Mon dessin sera repris sur table lumineuse et retravaillé tout en étant respecté.

Sceneario.com : Chez quel éditeur ?
Loisel :
Je suis justement à Angoulème pour prospecter pour ces deux albums.

Sceneario.com : Régis merci beaucoup.
Loisel :
Merci beaucoup à toi.

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