Interview

Rencontre avec José Villarrubia, auteur avec Alan Moore du Miroir de l’Amour

Le Miroir de l’amour est un poème d’Alan Moore qui retrace l’histoire de l’homosexualité, de la préhistoire à nos jours. La première version date de la fin des années 80. A cette époque, Moore fait parti d’ AARGH ! (Artists Against Rampant Governement Homophobia) une association d’artistes qui protège les droits des homosexuels contre la politique du gouvernement Tatcher, qui avait voté la Clause 28. Cette loi considérait comme illégale la valorisation de l’homosexualité.

Le poème a ensuite été adapté au théâtre avant d’être publié dans cette nouvelle édition avec les photos de José Villarrubia. C’est à l’occasion de la sortie de la version française que Sceneario a été invité à l’inauguration de l’exposition des photos qui illustrent le livre. Cette exposition a lieu à la galerie Peter’s Friend, 25 gallerie Montpensier du 9 au 25 novembre 2006.

Sur chaque double page, il y a une partie du texte de Moore sur la gauche et une photo de Villarrubia sur la droite,illustrant le texte.

Sparte alla plus loin
L’amour mâle
était imposé aux soldats de l’armée
pour qu’ils défendent
jusqu’à la mort
leurs amants montés en première ligne

exigeant une race plus forte
ils exposèrent leurs enfants
aux éléments.
Leurs filles particulièrement

Peut-être est-ce pour cela
qu’au temps des invasions romaines
ils n’en restait plus que seize.

Nous avons pu poser quelques questions à José Villarrubia qui était présent pour l’inauguration.

Sceneario : j’ai vu qu’il y avait eu une pièce de théâtre avant le livre avec les photos.
José Villarrubia : oui, j’avais lu le texte seul sans les images dans le magazine Rapid Eye et j’ai demandé à Alan Moore si je pouvais faire une adaptation théâtrale, je connaissais son travail, mais pas lui personnellement. Il m’a donné son accord et c’est comme cela que nous avons commencé à travailler ensemble. J’ai donc fait l’adaptation pour le théâtre et je lui ai envoyé une vidéo pour qu’il puisse voir la pièce, car j’habite à Baltimore et lui à Northampton. Il a bien aimé et Melinda, sa femme, aussi.

Un peu plus tard, François Peneaud, un de mes amis français, a eu l’idée de faire un livre sur le Miroir de l’amour. Il m’a demandé pourquoi je ne voulais pas y participer. Il y avait deux raisons : la première version avait été illustrée par des dessinateurs et la deuxième raison c’est que je travaillais déjà avec Alan sur son roman Voice of the Fire. Je ne voulais pas lui demander de travailler sur un autre de ses livres, c’était un peu exagéré. J’ai dit à François que "je ne lui demanderais pas mais toi tu peux". Il en a parlé à Chris Staros l’éditeur de Top Shelf Productions. Ils ont demandé la permission à Alan et aux dessinateurs (Steve Bissette et Rick Veitchet) qui avaient fait la première version, et ils ont donné leur accord.

J’ai donc travaillé sur la nouvelle édition et j’ai eu une grande liberté pour faire ce que je pensais le plus approprié comme le format, la taille du livre, le papier utilisé, … après j’ai fait le design, les annexes. Mon ami David Drake à écrit l’introduction puisqu’il avait fait la pièce de théâtre avec moi, et Robert Rodi a écrit un avant-propos qui explique l’histoire de la bande dessinée, quand elle a été crée et la version anglaise mirror of love est sortie.

J’ai rencontré Jérôme Martineau de Carabas qui m’a dit qu’il voulait faire une version française du Miroir de l’amour. Je cherchais un éditeur pour la version française et il voulait le faire d’une façon très similaire à celle de Top Shelf. J’ai eu la même liberté de réalisation que pour la version anglaise.

Sceneario : Comment avez-vous trouvé les modèles pour les photos du Miroir de l’amour ? La majorité sont des amis ; il y a beaucoup d’artistes dans ma famille. Mon frère est photographe de mode. Il a beaucoup d’amis qui sont modèles. Il y a aussi beaucoup d’amis de Baltimore, pas forcément des modèles professionnels. Comme je fais beaucoup de photos pour les beaux-arts, les gens savent que je suis un photographe sérieux, alors les gens sont d’accord pour travailler avec moi.

Sceneario : vous avez aussi travaillé sur Voice of the Fire
Oui, c’est le roman d’Alan Moore. Dans le temps, il y avait des dessins dans les livres pour illustrer les chapitres. Je trouvais que c’était intéressant de faire ce genre de chose mais avec des photos. J’en ai parlé avec Alan et il aimait bien l’idée. J’ai été le voir en Angleterre. Il a marqué sur une carte de Northampton tous les sites de l’histoire. Je les ai tous visités avec Melinda et j’ai pris beaucoup de photos et avec des modèles et d’autres prises j’ai réalisé les photos qui illustrent le livre.

Sceneario : Quelles sont les relations de travail que vous avez avec Alan Moore ? Avant tout Alan est un ami, il me donne beaucoup de liberté. C’est de la même manière qu’il travaille avec Eddie Campbell. En plus des photos, j’ai travaillé une fois sur un de ses scénarii de bande dessinée pour un chapitre de la série Promothéa. Cela a été une collaboration différente parce qu’il m’a demandé ce que je voulais faire et j’avais quelques idées. Cela a été nouveau pour moi car il écrit des scénarii qui sont très détaillés, très longs, d’une très belle manière mais très spécifique. J’ai fait tout ce qu’il m’a demandé et je lui ai montré d’autres choses que j’avais faites en plus. Cela lui a beaucoup plu et il était très content. Alan apprend à utiliser Photoshop, il est très talentueux. Il m’a montré des choses qu’il avait faites lui-même car il dessine très bien, même s’il ne le fait pas souvent.

Sceneario : Vous êtes professeur, photographe, dessinateur et coloriste, comment organisez-vous vos journées ?
Je travaille tout le temps, sept jours par semaine, douze heures par jour. Je fais ce que j’aime. Je suis très heureux mais c’est peut-être un peu trop quelques fois.

Sceneario : quelles relations avez-vous avez vos élèves ? Chaque côté apporte-t-il quelque chose ? Oui, j’adore mes élèves. L’année dernière, j’ai pris une année sabbatique en France, mes élèves sont la seule chose qui m’a manqué de Baltimore. J’aime bien partager les choses que je fais, que je vois, les artistes que je découvre, … de leur côté les élèves font des travaux tout le temps. C’est très excitant pour moi car chaque jour, je me lève et je vais voir plein de travaux nouveaux qui n’existaient pas la semaine précédente et nous parlerons toute la matinée de ces travaux.

Sceneario : il y a de nouveau un échange d’idées, de point de vue ?
Exactement, c’est ce que je trouve intéressant. J’ai des élèves très talentueux qui travaillent très dur. J’ai vu un étudiant français cette semaine. Il m’a dit qu’il n’y a pas de comparaisons, dans mon école les élèves fournissent plus du double de travail qu’il fournit normalement. C’est peu être la manière américaine, je pense. Quand tu fais beaucoup de choses, tu apprends plus, tu avances plus, tu te développes plus. Ils travaillent très dur.

Sceneario : quels sont vos prochains projets ?
J’ai un autre grand projet avec Alan Moore. C’est sur un de ses textes poétiques qu’il a écrit pour Alan Moore’s Magic Words. C’est un texte qui sert d’introduction à la magie. Il révèle la magie dans la vie quotidienne. C’est magnifique, très émouvant. Je tente de faire une adaptation de ce texte avec des photos et des dessins. Pour une fois, je n’utiliserai pas l’informatique. Ce sera mon nouveau challenge, j’ai beaucoup utilisé l’informatique avant sur mes photos. Je suis plus intéressé par ne pas les retoucher cette fois.

Sceneario : merci beaucoup

Livres

Rencontre avec José Villarrubia, auteur avec Alan Moore du Miroir de l’Amour

Auteurs, séries ou albums liés.

Publicité