Interview

Romain Hugault

Sceneario.com : Bonjour Romain, pour nos scénearionautes qui ne te connaîtraient pas encore, peux-tu te présenter ?
Romain Hugault : J’ai 27 ans, je fais de la bd depuis 2 ans. Je dessine depuis tout petit, mais comme mon père était pilote dans l’armée de l’air, j’ai baigné tout de suite dans le milieu aéronautique… D’où mon intérêt très tôt à dessiner tout ce qui vole…
J’ai fais 5 ans d’études d’art, j’ai un BTS de design et un DSAA (diplôme sup. d’arts appliqués) en illustration. J’ai accroché au "format" graphique de la bd car je trouve que c’est très complet, il faut tout travailler en même temps, le rythme, le dessin, la couleur, le "jeu d’acteur" des personnages, etc.
Mon handicap est le dessin des personnages, que j’essaie de travailler. Comme je ne suis pas aussi un très bon dialoguiste, même si j’ai des idées, j’ai besoin d’un scénariste pour mettre en forme le récit et le structurer.

Sceneario.com : Pour revenir sur l’année passée, comment s’est passé l’après Angoulême, où on le rappelle, tu as été lauréat du prix "Décoincer la bulle" ?
Romain Hugault : Le prix m’a permis de mettre un pied dans le monde de la bd en ayant un coup de projecteur sur mon travail. Pour un nouvel auteur qui débarque, c’est une chance d’avoir un soutien à la fois financier et surtout que l’on communique sur l’album ! Depuis Angoulême, j’ai bossé pour essayer de ne pas gâcher les opportunités et de ne pas laisser refermer les portes qui se sont ouvertes.

Sceneario.com : En ce qui concerne le dernier envol, pourquoi le choix de baser ton récit sur la période de la Seconde Guerre Mondiale ? N’aurait-on pu transposer le récit avec la Guerre de Corée ou la Première Guerre Mondiale ?
Romain Hugault : Tout est venu naturellement. En fait, j’avais fait la lettre du kamikaze tout seul dans mon coin, sans but d’édition, (comme je n’avais pas de scénariste, ça me permettait de faire une histoire de 10 pages en illustrant la lettre en "voix off"). A la base je voulais faire quatre histoires d’époques différentes. Mais quand Pierre Paquet a voulu éditer le dernier envol, il m’a proposé de me faire aider par un scénariste, qui avait déjà le cerveau en ébullition. Régis Hautière m’a donc proposé de relier les histoires et de se concentrer sur quatre destins de pilotes de la seconde guerre. Sans le faire exprès, je crois que c’était une bonne solution "commerciale" pour un premier album car cette période intéresse beaucoup de monde, les gens passionnés d’aviation mais aussi d’histoire en général. Par contre, c’est clair que je ferai un album un jour sur l’aviation de la grande guerre, le sujet est peu couvert, mais extrêmement intéressant. Ce ne sont pas les idées qui manquent…

Sceneario.com : Tu reviens ce mois-ci avec un nouvel album :  Au-delà des nuages. Que peux-tu dire nous dire sur cette nouvelle série ?
Romain Hugault : C’est un diptyque aéronautique (ça vous étonne ?) qui couvre la période 1933/1943, le premier tome parle des courses d’avions dans les années 30, le tome 2 se situe pendant la seconde guerre. On suit deux héros qui sont pilotes, l’un est français, l’autre américain. On va voir comment leur relation d’amitié, de rivalité, évolue. Le scénario est plus "classique" en ce sens où c’est une histoire longue, mais on a beaucoup plus de place pour développer les relations des personnages et faire évoluer leurs états d’esprit.

Sceneario.com : Dans cette question, j’étais tenté de faire le lien avec le Dernier Envol, étant donné le succès de ce premier album, Régis et toi vous êtes vous mis une certaine pression sur le nouveau titre ?
Romain Hugault : Pour ma part, c’est vrai que je me sens attendu au tournant et je me suis mis un peu de pression tout seul. Cela dit, je ne suis pas sous calmant, on ne fait que de la bd … Dans le dernier envol, on n’a que des scènes aériennes où l’on peut en mettre plein la vue au lecteur, or là il y a une "vraie histoire" avec des scènes, avec des dialogues dans un bar ou une soirée mondaine et j’espère ne pas faire décrocher le lecteur.
Concernant Régis, je ne l’ai jamais vu en pression, ça doit être drôle de le voir perdre son flegme légendaire.

Sceneario.com : La comparaison avec le Dernier Envol, même si pour l’instant elle est malvenue, est tentante. Cela t’agace-t-il que l’on fasse le rapprochement entre les deux ?
Romain Hugault : Pas du tout, il en faut plus pour m’agacer ! Il faudrait juste que les lecteurs fassent le rapprochement dans la bibliothèque ça m’arrangerait au niveau des ventes…

Sceneario.com : Sur le dernier envol, tu avais été aidé par Régis Hautière, sur Au-delà des nuages, il signe le scénario. Travailler avec un scénariste réduit-il ton autonomie ou avez-vous abordé ce travail comme une véritable entraide ?
Romain Hugault : Notre couple fonctionne bien, car nous sommes complémentaires, et on ne s’est jamais refusé une idée ou un choix graphique, chacun son rôle et on se respecte… De plus, il n’y connaît rien en avions, donc ça a l’avantage de faire avant tout une histoire d’hommes plutôt qu’une bd plan-plan bourrée de trucs techniques et d’explications sur le missile truc ou le moteur machin…

Sceneario.com : Lequel de vous deux a été à l’origine du scénario ?
Romain Hugault : Au départ, je lui ai montré une photo d’un avion de course de 1935, et je lui ai dit que je voulais faire une histoire dans cette période, et dessiner des bêtes comme ça… puis on a choisi de raconter la relation de deux pilotes rivaux… C’est vraiment parti de mon envie de dessiner les zincs magnifiques de cette période.

Sceneario.com : Au-delà des nuages se passe durant les années folles. Le travail de documentation a-t-il été important pour représenter cette période ?
Romain Hugault : C’est clair que c’était plus velu que pour la doc sur la seconde guerre ! Mais j’ai toujours fini par trouver ce que je voulais, même si j’en ai bavé. C’est une période peu traitée, même si elle était très très riche, l’aviation était en plein essor et les Français à la pointe…

Sceneario.com : Ce nouvel album marque-t-il un tournant pour toi sur le plan du dessin ?
Romain Hugault : Je ne dirai pas un tournant, car je n’ai pas changé de style, mais c’est dans la continuité. J’ai surtout bossé les personnages, les visages, les expressions, car c’était le problème sur le dernier envol

Sceneario.com : Concernant les couleurs, c’est toujours toi qui les réalises, au point que l’on pourrait dire qu’elles font partie de ton style. Qu’apportent-elle à ton dessin ?
Romain Hugault : Exactement, pour moi c’est indissociable, je ne sais pas d’où ça vient, peut-être de la peinture que je faisais avant… Mais c’est aussi un « handicap » car mes encrés manquent de puissance. Là encore, c’est un point que je bosse.

Sceneario.com : Comment est venue l’idée de faire le lancement de cette bande dessinée dans ce lieu qu’est l’Aéro-Club de France ? Etant toi-même aviateur, en es-tu membre ?
Romain Hugault : C’est tout bête, il y a une scène dans l’album qui se passe dans l’Aéro-Club de France, qui est la première institution aéronautique au monde… (Elle date de 1898 et a été créée pour le développement de l’aviation en France et dans le monde). C’est elle qui organisait les courses de vitesse qui sont dans l’album, (le trophée de l’époque est toujours là bas d’ailleurs). J’ai eu l’idée de faire une soirée d’inauguration dans le même cadre que dans la bd car les locaux sont magnifiques et sont restés comme à l’époque.
Par contre, non je ne suis pas membre…

Sceneario.com : Sinon pour finir, comment se déroulent tes dédicaces, car lors de la conférence de presse tu dédicaçais essentiellement des personnages. Est-ce une nouveauté pour toi ?
Romain Hugault : Heu, non, j’ai toujours dédicacé des personnages, c’est juste que c’est un peu moins dur qu’avant… de toute façon les lecteurs ont toujours le choix, avion ou perso… ah? Monsieur veut une pin-up ?

 

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