La station de Megève propose, cet hiver, une très belle exposition dédiée à la BD de montagne, présentant une centaine d’oeuvres originales et de nombreuses reproductions, avec une scénographie digne des grands musées. On y croise les dessins d’immenses auteurs tels que Georges Bess, Cosey, Taniguchi, Trondheim, Uderzo et tant d’autres.
Il faut dire que Megève a travaillé avec un commissaire d’exposition qui connaît parfaitement le monde du 9e Art, Thierry Groensteen.
Ce dernier a proposé une approche par thématiques, afin de ne pas « simplement » exposer des planches ou des dessins originaux, mais aussi interroger le visiteur sur ce que représente la montagne selon qui la parcoure ou l’admire, et selon les époques.
L’exposition démarre ainsi par l’Histoire, celle de la conquête de la montagne et aussi, du coup, celle des pionniers de l’illustration et de l’édition racontant l’exploration des cimes. Nous pouvons voir les très anciennes éditions de Gustave Doré, pour son album Dés-agréments d’un voyage d’agrément (1851) et ses commentaires assez cocasses (et très modernes pour le coup) sur ce tourisme balbutiant. On peut aussi se pencher sur des éditions originales de Bécassine dans sa pérégrination alpine.
Le second espace est dédié à l’alpinisme. L’occasion de retrouver les dessins marquants et innovants d’Olivier Balez (La Cordée du Mont Rose) et des fac-similés, en Japonais, des magnifiques planches du Sommet des Dieu de Taniguchi !
En pleine saison de sports d’hiver, et alors que l’exposition est entourée des domaines skiables de l’Evasion Mont-Blanc et de l’Espace Diamant, il est question de ski, bien sûr ! Après avoir foulé les pistes en vrai (et la neige vaut le détour, avec un hiver très enneigé au Pays du Mont-Blanc), vous rirez de la parodique aventure de Lapinot au ski (par Trondheim, tellement vrai !) ou des planches des Triplés de Nicole Lambert. Vous rêverez des approches de Samivel et vous serez empli de nostalgie face au travail de Guy Delisle.
Méditation et création, qu’inspirent les cimes, seront illustrées par le travail d’auteurs comme Georges Bess (Le Lama Blanc), Vanoli et Baudoin, aux dessins bluffants de finesse. Et n’oublions pas l’histoire de la conquête de la montagne avec les planches originales de Nicolas Debon, qui nous laissent admiratifs, ou encore celles des locaux de l’étape, Elisa Giacomotti et Jean-Marie Cuzin, prolifiques auteurs des albums contant l’histoire de la Vallée de Chamonix.
L’émerveillement et la modeste place de l’être humain dans l’immensité montagnarde se vivent – enfin – à travers les œuvres de Cosey (Le Boudda d’azur), Taniguchi encore (le poétique Terres de Rêve), Emmanuel Guibert (Le Photographe), Rosinski (Thorgal) ou Uderzo (Astérix chez les Helvètes, nombreux à fréquenter Megève). Impossible de citer tous les auteurs cependant, car ils sont nombreux.
A noter aussi un petit espace enfants très sympa et des animations, dont des stages de création, à certains moments de l’hiver.
On ressort donc de l’exposition avec des images plein les yeux, chanceux d’avoir pu apprécier autant d’oeuvres originales superbes, aux styles éclectiques mais reliés par une même ligne de crête, le tout dans une scénographie qui n’a rien à envier aux grands musées.
Exposition « Lignes de Crête », Le Palais (espace culturel Edith Allard), Megève (Haute-Savoie).
Ouvert jusqu’au 18 avril 2022, du mardi au dimanche (de 15h à 19h).
Tarif : adultes 8€ ; réduit 4€ (étudiants, adultes handicapés, carte de résident, demandeurs d’emploi et bénéficiaires du RSI) ; gratuit pour les moins de 16 ans.