26 octobre 2011
Les aventures de Tintin de Steven Spielberg au cinéma
Tintin au cinéma… cela fait des années que les fans d’Hergé aussi bien que ceux de Spielberg attendent ça (et je ne parle pas des fans des deux…). En effet, c’est en 1984 que Steven Spielberg a acheté les droits de la franchise, avec la bénédiction d’Hergé lui même ! C’est donc un rêve de longue date que concrétise le célèbre et génialissime réalisateur.
En fait, la surprise ne vient sûrement pas du fait que Spielberg soit le réalisateur de Tintin, cela nous paraissait déjà une affaire conclue. Elle est surtout venue il y a quelques années, lorsque l’on nous a annoncé qu’il allait s’associer à Peter Jackson, lui aussi tintinophile de longue date !
Experte en performance capture depuis le Seigneur des Anneaux où Andy Serkis (le capitaine Haddock) jouait déjà Gollum couvert de capteurs, puis avec King Kong ou ce même Andy Serkis jouait le personnage éponyme, la Weta, la société d’effets spéciaux créé par Peter Jackson, a rendu possible la création de l’univers de Tintin aujourd’hui sur nos écrans. Mais le rôle du réalisateur du Seigneur des Anneaux ou du très beau The Lovely Bones ne s’arrête et ne s’arrêtera pas là concernant les aventures du héro à la houppette, puisqu’il prendra la suite de Spielberg pour réaliser les deux prochains volets de la trilogie initiée ici par Steven Spielberg.
Bon, faire deux autres épisodes, c’est bien joli, encore faut-il que le premier soit réussi. Le dernier film d’aventure de Spielberg (et son dernier film tout court depuis 2008), Indiana Jones IV, n’a pas été la réussite escomptée. Qu’en est-il de ce Tintin ?
L’intrigue reprend des éléments, combinés par les soins de Steven Moffat (le nouveau showrunner de Doctor Who !), Edgar Wright (co-scénariste et réalisateur de Shaun of The Dead, Hot Fuzz…) et Joe Cornish (scénariste et réalisateur de Attack The Block), de trois albums de Tintin : Le Crabe aux Pinces d’Or, Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge. Je vous épargne d’un résumé, l’intrigue comportant déjà beaucoup moins de surprises pour un spectateur français familier des albums que pour un spectateur américain. Toujours est-il que le mélange de ces albums nous permet d’assister à la rencontre de Tintin et du capitaine Haddock avant de se plonger dans une des intrigues les plus palpitantes que nous ait écrite Hergé.
Le film s’ouvre avec un générique des plus inventifs, dans un style film d’animation 3D, riche en références aux albums d’Hergé. C’est peu après que la transition vers le monde de Tintin dans lequel nous serons plongés pendant près d’une heure cinquante s’opère en rendant habilement hommage à son auteur. Soudain, il est là devant nous, Tintin. Après un moment de surprise (même en ayant vu les bandes annonces), puis deux ou trois dizaines de secondes pour s’habituer, il n’y a plus de doute : Jamie Bell est Tintin. Et heureusement qu’il ne nous faut pas plus de temps car déjà tout l’univers prend vie et s’active sous nos yeux, et c’est l’aventure qui démarre !
Et il faut bien l’avouer, elle ne s’arrêtera plus. Pas une seconde de répit dans ce Tintin, les scènes d’actions, dont certaines particulièrement mémorables, s’enchainent avec le développement de l’intrigue d’une manière maitrisée et fluide. En fait, on ne se rendra compte du chemin parcouru rétrospectivement par nos héros seulement quand le générique final commencera à défiler. A ce moment là, la suite est d’ores et déjà très attendue, et pour tout avouer on serait même bien resté une ou deux heures de plus…
Ce premier volet est donc particulièrement prenant et réussi. L’univers visuel est extrêmement riche et ne manque pas de nous rappeler certaines cases d’Hergé. Par ailleurs, de nombreux clins d’œil à son univers sont disséminés ici et là, clins d’œil que l’on pourra s’amuser à repérer tout au long de l’aventure (« oh ! Un crabe aux pinces d’or ! »). Mais que serait l’univers Tintin sans ses personnages ? C’est ici un plaisir de les retrouver en « chair et en os ». Le rendu visuel des personnages est très réussi, et on comprend le choix de Spielberg concernant la performance capture. Ainsi, les personnages 2D d’Hergé trouvent des homologues 3D particulièrement reconnaissables, qui de plus peuvent garder des traits caricaturaux (il n’y a qu’à voir le nez du capitaine Haddock).
La performance capture permet également au film de bénéficier d’un casting cinq étoiles : Jamie Bell, Andie Serkis, Daniel Craig, Nick Frost, Simon Pegg, Gad Elmaleh…
Ils peuvent en effet via ce procédé faire preuve de tout leur talent sans faire d’ombre aux personnages qu’ils incarnent de par leur physique connu. Les chamailleries de Dupont et Dupond (à moins que ce ne soit l’inverse) sont ainsi à l’écran celle des personnages de bande dessinée, et non celles des deux compères Simon Pegg et Nick Frost. Surtout, c’est la relation entre Tintin et le capitaine Haddock qui prend ici vie.
Alliez tout cela une bonne dose d’humour, une bande originale signée John Williams qui, bien que plus discrète que sur un Indiana Jones, saura insuffler un souffle d’aventure, et à une réalisation sans faute de Steven Spielberg qui redouble d’inventivité (il n’y a qu’à voir certaines transitions présent/passé pour le moins impressionnantes) pour pouvoir affirmer que oui, c’est bien Tintin que l’on retrouve au cinéma, et que, de plus, c’est une vraie réussite.