John Carter est un film trop inégal pour être totalement convaincant. Andrew Stanton, à qui ont doit notamment les excellents Le Monde de Némo ou Wall-e de la firme Pixar réussit pourtant un film qui en terme de réalisation n’est pas dénué d’intérêt. Le tout début est en cela un réel plaisir de cinéma avec son montage quand on suit John Carter dans les rues de New-York et les jeux de lumière où l’ombre envahit les visages du notaire et du jeune Edgar dans la « visite » du manoir. La réalisation se démarque également par le choix d’une utilisation de la technologie toujours au service de l’histoire et de ses personnages (démarche qui était également celle de son collègue Brad Bird dans le dernier volet de la franchise Mission Impossible (Mission Impossible – Protocol fantôme), et qui semble un des points forts des réalisateurs issus de l’animation), ainsi que d’une volonté d’imposer un rythme posé propice à la mise en place d’un univers et à l’épanouissement des personnages. Mais le cœur du problème du film est là, concentré quasiment à lui seul dans la faiblesse du scénario. Si on peut accorder aux défenseurs du film que l’argument du « déjà vu » n’a pas de sens ici puisque le film est adaptaté du roman qui a contribué à forger le visage de la SF telle qu’on la connait au travers de la saga Stars Wars, ou plus récemment Avatar, cela n’enlève rien à la pauvreté des dialogues alliant tour à tour naïveté confondante et grotesque affligeant. Et il faut bien avouer que l’interprétation des deux acteurs principaux Taylor Kitsch (John Carter) et Lynn Collins (Dejah Thoris) n’est pas pour arranger les choses. Construit en creux sur presque les deux tiers du film le scénario penne à retenir l’attention. Paradoxalement trop d’intrigues sont soulevées sans être un temps soit peu approfondies, et ce qui aurait pu donner du corps à l’univers martien, le dessert au final plus qu’autres choses. Pâle reflet de la trame scénaristique, l’invention de cet univers semble peu inspiré : toutes les créatures non humanoïdes possèdent six membres (Tharks, singes blancs…), tous les vaisseaux se ressemblent (les navettes sont les déclinaisons des plus gros engins…). John Carter ressort comme un space opéra bien tiède et souffre à ce titre (et à d’autres) de la comparaison avec La Guerre des étoiles (et a fortiori avec la saga toute entière) – je mentionne ici plus précisément l’épisode IV, car le projet a été au départ conçu comme une trilogie. Un autre point est la faiblesse du méchant de l’histoire, Sab Than n’est pas Dark Vador… On pourrait poursuivre le jeu des comparaisons encore un moment, notamment en abordant les parallèles entre le Capitaine Carter et le Capitaine Lawrence (Lawrence d’Arabie), mais la réalisation d’Andrew Stanton n’étant pas à la hauteur de David Lean dans la prégnance du désert comme élément structurant (ou déstructurant) de la psyché du héros, autant s’arrêter ici. On regrettera également que les scènes de batailles soient trop vite avortées et avec elles le souffle épique du film. Pour conclure je dirais que John Carter est un film trop timide qui n’assume jamais pleinement les dimensions romanesque, épique et lyrique que son sujet lui tendait. Dommage car on était prêt à y croire…