14-18
Le diable rouge (avril 1917)

Au printemps 1917, les troupes françaises stationnent au pied du plateau de Californie dans l’Aisne, plateau sur lequel les allemands, en position dominante, se sont installés. Armand et ses copains rescapés ont du mal à trouver le sommeil puisqu’ils se doivent participer à la grande offensive concoctée par le commandant en chef des armées Nivelle et qui a pour but d’enfoncer la ligne allemande sur le chemin des Dames. Eu égard à l’ampleur du projet et de la position peu avantageuse des soldats français, Armand est peu optimiste sur le déroulement des opérations, sentiment partagé par Maurice qui poursuit son témoignage au travers des lettres à Nicole. Le lendemain, le 16 avril 1916, c’est le début de l’engagement. Epaulés par les chars, les français se ruent sur l’ennemi. Mais ce dernier, grâce à son artillerie, lamine les assaillants, obligeant ceux-ci à se terrer. L’offensive Nivelle est suspendue. Les morts se comptent par milliers et dans l’attente d’une prochaine offensive, certains esprits s’échauffent. Comme Jacques qui tente de provoquer une rébellion. Malheureusement, il est arrêté et promis à une sanction radicale. Le 4 mai, une nouvelle offensive est lancée. La mort va faire encore des ravages, y compris dans le petit groupe d’Armand.

Par phibes, le 26 juin 2017

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Notre avis sur 14-18 #7 – Le diable rouge (avril 1917)

Pour les besoins de ce septième opus, Eric Corbeyran a souhaité se focaliser, après la bataille de la Somme, au mois d’août 1916, sur une autre offensive guerrière aussi meurtrière que la précédente, et concernant le Chemin des Dames dans le département de l’Aisne. Pour ce faire, l’on retrouve le groupe d’amis (ou du moins ce qu’il en reste) d’un même village réquisitionné en 1914 pour l’effort de guerre, témoins directs de ce conflit dévastateur.

C’est sous l’égide d’un prologue annonciateur d’un nouveau drame que débute ce récit. Ce dernier a l’avantage de nous éclairer une fois encore et avec la justesse historique qu’on reconnaît au scénariste sur les vicissitudes vécus par ces poilus transformés en chair à canon sur un front totalement transformé. Ici, c’est donc l’offensive Nivelle qui est évoquée et subie par Armand, Jules, Maurice et Jacques. L’horreur de ce conflit est parfaitement ressentie, via les inquiétudes permanentes de ces soldats dont on sent une certaine résignation mais également une rébellion naissante. Le malheur frappe aveuglément et froidement, en tout endroit, et vient malheureusement toucher une fois encore les amis rescapés jusqu’à présent.

A n’en pas douter, Eric Corbeyran excelle encore dans l’art de narrer la guerre. Evidemment très inspiré, très documenté, l’artiste évoque avec beaucoup d’intelligence et de puissance ces offensives destructrices en s’attachant à des personnages psychologiquement très marqués, vivants au jour le jour. Mais aussi, il ne manque pas de voir ce qui peut se passer à l’arrière du front, via des séquences de vie des compagnes ou autres parents des soldats, souvent dans des effets qui laisse sous-entendre un effort d’adaptation mais aussi une angoisse inéluctable.

Le témoignage graphique d’Etienne Le Roux, épaulé par Loïc Chevalier, est comme à son habitude des plus remarquables. L’artiste ne regarde pas à la dépense pour évoquer la guerre, via des scènes de destruction assourdissantes, horrifiques juste comme il sied pour nous sensibiliser sur ce qu’elle peut engendrer d’inhumain. Beaucoup de vignettes se passent de commentaire tant elles sont criantes de vérité. Il suffit de regarder le carnet graphique de Maurice pour saisir l’impact néfaste de la folie ambiante et de la mort. Pareillement, les personnages, leurs expressions résignées suscitent bien des émotions et illustrent exceptionnellement ce qui a pu se passer réellement à l’époque.

Un nouvel épisode sur la première guerre mondiale bouleversant, à la faveur d’un témoignage sans appel et exceptionnel, porté par un duo d’artistes complètement investi dans son sujet.

Par Phibes, le 26 juin 2017

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