ACHAB
Les Trois doublons

Elie et Achab sont les seuls rescapés du Bruce coulé par Moby Dick. Tout deux il dérivent et s’échouent sur une île de l’archipel des Marquises. Chaque jour la soif de vengeance ronge un peu plus Achab, chaque jour sa haine grandit… Elie a perdu la raison, Achab a la jambe blessée, mais le destin en a décidé autrement : cette île ne sera pas le tombeau des deux amis. L’aventure n’est pas terminée…

Par melville, le 6 juillet 2010

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Notre avis sur ACHAB #3 – Les Trois doublons

Communément le démon est représenté comme un être rouge avec des cornes et une longue queue fourchue, mais dans cette histoire c’est sous la forme d’un terrible cachalot blanc que sa perfidie s’exprime, ici le malin n’est autre que Moby Dick !

Les Trois doublons, troisième volet de la préquelle de l’œuvre majeur d’Herman Melville imaginée par Patrick Mallet est encore une fois une très grande bande dessinée. Inconditionnel de cette série depuis ses débuts, pour moi Achab fait partie de ces récits précieux qui me sont chers.

Depuis le tome 1 le jeune Achab alors âgé de 13 ans a bien grandit, et avec lui sa folie destructrice. Construite sur un seul et unique but, mettre a mort le cachalot qui a tué son père puis l’un de ses deux frères, l’existence d’Achab est un enfer pour son entourage comme pour lui d’ailleurs. Car si la journée il est fier et solide, la nuit, ses remords le rattrapent… Il faut noter la grande cohérence dont fait preuve l’auteur dans la construction de la psychologie pour le moins tourmentée de son personnage : c’est vraiment finement joué de la par de Patrick Mallet car on perçoit que, pages après pages, Achab s’enfonce un peu plus dans la folie, que sournoisement la raison le quitte à mesure que l’emprise de Moby Dick s’affirme sur son esprit et tout cela en décrivant fidèlement la vie des pécheurs de baleines du XIXème siècle. Très fort !
Et c’est bien ce qui séduit dans cette série, cette l’alliance subtile de la rigueur historique à la force de l’aventure avec un grand « A ». Achab étanche la soif d’aventures chargées d’émotions fortes et de dépaysement de l’enfance et plonge l’adulte dans les tréfonds de l’âme humaine.

Dans ce tome 3, Patrick Mallet fait appel à un procéder narratif un peu différent des tomes précédents. Le texte est de manière générale plus fournis et une partie du récit est sous forme de « voix off » extraite des journaux de bords respectifs d’Achab et d’Emily, ce qui permet une confrontation astucieuse de leurs destinées tragiquement liées… Ce tome renferme un scénario très riche de paysages différents et de petits détails foisonnants. Les personnages secondaires, je pense notamment en disant cela à Elie, Ned et bien sûr à Emily, ont un rôle important et donnent du corps, de la densité au récit.
Alternant des scènes fortes en tension à d’autres ou la tendresse des émotions prend le pas, le scénario est toujours aussi fluide et dynamique. Patrick Mallet est assurément un grand metteur en scène.

Côté dessin c’est également un réel plaisir que d’apprécier le trait empreint d’une certaine candeur de Patrick Mallet. A lui seul il offre à son récit l’entrée dans le monde de la légende, du mythe.et donne ainsi la dimension nécessaire pour s’inscrire dans l’histoire de Moby Dick… Et il ne faut pas oublier la mise en couleur très sûre de Laurence Croix qui avec sa palette nous emmène vers des atmosphères chaudes apportant un peu de douceur dans ce monde dur, rugueux.

Je ne peux que vous inviter à votre tour à suivre Achab dans sa chute, à vous laisser envoûter par cette grande aventure humaine.

Cruelle, terrible, captivante, Achab est un must à posséder d’urgence !

Par melville, le 6 juillet 2010

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