ACHAB
La jambe d'ivoire

Achab poursuit son obsession. Toujours rongé par la haine, il pourchasse Moby Dick encore et toujours… La jambe d’ivoire est donc le dernier volet du premier cycle d’Achab dans lequel Patrick Mallet nous réserve quelques surprises de tailles. L’histoire qui s’achève est conçue pour pouvoir directement poursuivre avec le roman de Melville.

Par melville, le 5 février 2011

2 avis sur ACHAB #4 – La jambe d’ivoire

Ce quatrième tome, La jambe d’ivoire, fut pour moi une lecture riche en émotions. Au petit quelque chose que l’on ressent toujours quand on sait qu’une série se termine, est venu s’ajouter toute la puissance et la grandeur du récit imaginé par Patrick Mallet. Sans doute possible on peut dire que l’auteur conclu la préquelle du roman d’Herman Melville en beauté. Pour l’occasion la fougue d’Achab atteint son acmé, on est définitivement emporté par la spirale tragique et implacable de son destin. Moby Dick comme avatar cruel de la folie d’un homme, Patrick Mallet explore cet aspect et n’hésite pas à prendre quelques libertés par rapport au roman. Non sans malice, il s’amuse à imaginer des explications là où Melville n’en donnait pas, tout en réussissant à garder une vraie cohérence avec l’œuvre originelle et les trois précédents tomes de sa série.
Au final, plus que la préquelle de Moby Dick, Achab est une adaptation à part entière. En racontant la jeunesse de son héros qui peu à peu grandit – et avec lui sa haine destructrice envers celui que certains marins nomment le « Léviathan blanc » –, Patrick Mallet distille au fil des pages de ses quatre albums tout l’univers décrit par Melville. Et si l’auteur a fait en sorte que la fin de La jambe d’ivoire nous permette de poursuivre l’aventure avec le roman Moby Dick, on espère tout de même secrètement pouvoir tenir un jour entre nos mains une bande dessinée contant cette histoire vue par Patrick Mallet.

Maintenant si on se penche plus sur l’aspect technique du scénario, c’est toujours avec plaisir que l’on retrouve le sens de la mise en scène de Patrick Mallet. Bien que très narratif, le récit est fluide et les différentes scènes s’enchaînent avec dynamisme. Les plans de vues soignés renforcent l’aspect « théâtrale » et grandiose de la dimension épique plus présente que jamais, tandis que les encarts suspendent un temps l’action qui reprend ensuite de plus belle. Côté dessin, Patrick Mallet affine son trait. Les décors, les vêtements sont détaillés avec minutie et les expressions des personnages travaillées, le récit y gagne encore davantage en corps, en relief. Tenter de plonger son regard dans celui d’Achab sans frémir n’ai pas chose aisée… superbe ! A la couleur on retrouve toujours la talentueuse Laurence Croix – dont je reconnais avec plaisir beaucoup apprécier le travail. Pour l’occasion elle adapte sa palette aux différentes atmosphères tantôt chaudes et sombre dans les cales brumeuses des navires, les chambres obscures des morts ou les bars enfumés, tantôt froides, de ce froid des pôles et de la glace.

Achab de Patrick Mallet fait partie de ces séries qui valent vraiment le détour. Magistralement menée depuis ses débuts, elle trouve une conclusion qui nous porte au-delà de nos espérances et nous réserve quelques jolies surprises. Sans que l’on s’en rende compte, l’auteur nous a emmené la où il le souhaitait avec aisance et malice. Un must à posséder d’urgence !

Par melville, le 5 février 2011

Achab est une série d’aventure, la vraie aventure, de celle où on traverse des océans entier en risquant sa vie, de celle dont on ne peut vivre sans, dès lors qu’on l’a goûté et qu’on y a pris goût. Mais Achab incarne aussi la folie, la vraie folie, de celle où on est imprévisible et dangereux, de celle où on est prêt à absolument tout pour arriver à ses fins. Patric Mallet se paie le luxe de jouer sur ces deux tableaux avec une aisance impressionante. Le récit est très maîtrisé, très bien rythmé et le travail effectué sur la psychologie des personnages l’enrichit positivement, sans l’alourdir.

Une bien belle réussite.

Par Placido, le 11 mars 2011

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