AFFAIRES D'ÉTAT - GUERRE FROIDE
Passage à l'Ouest

Après le remarquable travail effectué sur Les mystères de la 3ème, 4ème et 5ème République, Philippe Richelle revient en force pour une nouvelle intrigue historique qui a l’avantage de s’inscrire dans un panel d’affaires d’Etat différentes se déroulant sur trois décennies distinctes. Cet album s’attache, comme l’indique son intitulé, à nous introduire au sein d’un incident sournois secouant l’Etat français lors des années 60 durant la période de la Guerre froide.

Tout commence par une étincelle, le passage à l’ouest d’un espion russe, prêt à faire des déclarations qui, au fur et à mesure qu’elles sont égrainées, est en mesure de mettre le feu aux poudres dans les instances dans une organisation politico-militaire (l’OTAN) et également dans les strates les plus hautes du Service de renseignements français.

Fort d’une évocation très riche qui nous permet de basculer sur divers plans chronologiques de l’intrigue mise en place, Philippe Richelle dresse un décorum historique impressionnant à l’échelle mondiale et très inspiré de la guerre des blocs. Si les transitions d’un fait à l’autre se font à un rythme effréné, elles sont l’occasion de tisser une toile grandeur nature réglée au millimètre et de balayer un échiquier saisissant sur lequel nombre de pions russes, américains et français jusqu’au plus haut niveau vont devoir se déplacer. Pour faire le lien, Fred Ogier, agent de la SDECE, nous invite à le suivre sous le couvert de décisions engageant l’Etat français et qui doit contrôler la véracité des terribles divulgations de l’espion russe.

Aussi, eu égard à l’excellente structure et à l’enquête qui s’annonce, les débuts de cette affaire d’Etat se révèle des plus alléchantes et semble nous promettre à des surprises de taille dans la chasse aux traitres. Même si l’action est réduite à une portion congrue, il n’en demeure pas moins que l’amoncellement des échanges très évocateurs de personnages fictifs mais aussi réels se suffit à lui-même pour initier une véritable adhésion du lecteur.

Pour cette saga qui doit se réaliser en quatre tomes, c’est Régis Penet qui assure la mise en images. Son style plutôt réaliste, bien enlevé, reste très appréciable et relève d’une belle recherche documentaire (eu égard à l’époque traitée). Malgré peut-être quelques imprécisions au niveau des visages, le travail rendu est généreux (les décors urbains sont de grande qualité) et donne un peps non négligeable à cette équipée historique.

Une ouverture sur une affaire d’Etat des années 60 fortement addictive. On attend le deuxième volet avec impatience !

Par Phibes, le 26 avril 2021