AGATHA CHRISTIE
Cinq petits cochons

La collection Agatha Christie de chez Emmanuel Proust n’en finit plus de s’étoffer : 7 ans d’existence et déjà 18 albums. Il faut dire que l’œuvre de cette auteure se prête particulièrement bien à la création d’une collection. Elle constitue une source quasiment intarissable (l’artiste anglaise a écrit des dizaines de livres) composée d’histoires assez courtes complètement indépendantes ou mettant en scène des personnages récurrents. Cette initiative de l’éditeur permet donc de (re)découvrir les histoires de l’auteure sous un nouveau jour. Elle constitue également une belle occasion de faire ses gammes pour de jeunes auteurs.
Mais adapter une histoire complète d’Agatha Christie ne semble pas chose aisée. La Reine du crime a construit son incroyable succès sur sa capacité à poser ses intrigues et à les dénouer fil par fil. Difficile alors, en 46 pages, de faire rentrer toutes les subtilités de l’histoire et le grand nombre de personnages que compte cet épisode. Les auteurs ont dû faire des coupes dans le scénario et ne prennent pas le temps de mettre tous les éléments en place pour la bonne compréhension de l’histoire (d’où sort le personnage d’Angela ??). L’histoire semble parfois très raccourcie et certaines choses ne sont pas très bien amenées. Dans cet album, les auteurs essayent de retrouver les qualités des livres d’Agatha Christie, et notamment un suspens soutenu, mais ils doivent aussi faire avec leurs défauts. Les personnages manquent ainsi de profondeur.
Avec toutes les informations à donner au lecteur en si peu de pages, l’intrigue est donc privilégiée à l’ambiance. On peut quand même noter l’atmosphère intéressante créée par le dessinateur avec un dessin tout en finesse, manquant parfois d’expression mais rehaussé par une superbe mise en couleurs. Mais malgré toutes les contraintes liées à ce travail d’adaptation, les auteurs livrent un travail des plus honorables. Cette lecture reste plaisante même si je ne peux que recommander l’histoire originale pour de jeunes lecteurs avides de suspens.

Par Arneau, le 16 octobre 2009