AGE OF BRONZE
Betrayal Part two
(Age of Bronze 27 à 33)
Voilà, la guerre commence donc avec le débarquement des armées grecques sur les côtés troyennes. Très vite les premières victimes s’accumulent dans les deux camps.
Tandis qu’à Troie le jeune Troilus, fils de Priam, meurt d’amour pour la belle Cressida. Mais ils finissent par se déclarer malgré le fait que Cressida soit considérée comme une paria à cause de son père Kalchas qui s’est rallié à Agamemnon. Cependant, au détour d’un échange de prisonnier Cressida est obligée de rejoindre les grecques, poussant le jeune prince au désespoir… !
Par fredgri, le 14 septembre 2013
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9781607067580
Notre avis sur AGE OF BRONZE #3B – Betrayal Part two
Cette deuxième partie du chapitre trois nous entraîne dans deux trames traitées en parallèle. D’une part, il y a la guerre en elle même qui éclate, qui voit s’amonceler les corps, les coups, le sang qui gicle, et d’autre part, Shanower développe encore plus l’amour qui se construit entre Troilus et Cressida, en axant pratiquement la seconde moitié du volume uniquement sur les mésaventure que vivent les deux amoureux. Ce choix est intéressant car l’auteur semble vouloir montrer qu’au cœur de la culture grecque il y avant tout ces multiples amours dérangés, tragiques destinées qui déchirent les vies au grès des affrontements. De plus, quand on lit les textes comme l’Illiade par exemple, on sait aussi que cette guerre a été ponctuée de rebondissements de ce genre, de guerriers qui se découvre un amour, une haine, qui s’affrontent pour une femme, à qui on prédit une mort jeune, glorieuse… La guerre de Troie c’est le décor de toute l’essence de ces légendes antiques, avec ces rois fabuleux, ces princesses sublimes, ces héros qui bravaient les armées, tandis que les belles les regardaient du haut des murailles, pleurant les blessés, les morts…
Jusque là, Shanower avait opté pour un récit assez décompressé, très psychologique, en s’attardant sur le long processus qui allait aboutir à la guerre. Dans ce volume il condense sa narration, jouant sur les ellipses, sur des montages accélérés de cases afin d’accentuer le temps qui passe et qui se répète, la violence qui se déchaine sur les champs de bataille. Et étrangement, il s’éloigne de ces personnages principaux comme Agamemnon, Menelas, Odysseus, pour s’arrêter bien plus sur le côté Troyen du récit, pour glisser un début de jeu entre Hélène et Deiphobus (qu’elle prendra, selon la légende, comme mari une fois Paris tué) et un début de rivalité entre Achille et Hector…
C’est passionnant car on sent bien que progressivement les éléments se mettent en place de façon très cohérente, que l’étau se referme sur tous. Si Shanower s’attache bien plus aux troyens c’est certainement parce qu’il pèse sur eux un destin funeste, qu’il y a une matière résolument plus passionnante pour y parler de sentiments, de malédictions, de peur, d’amour et de tragédie…
Les troyens sont en famille, chez eux, ils sont menacés dans leur intimité, dans leur foi en leur roi, en leurs dieux et bien au delà des combats qui les déciment, ces troyens sont les grandes victimes de ce raz-de-marée qui déferle sur eux et c’est leur courage qui va les faire résister pendant ces fameux dix ans… Les grecs, quand à eux, subissent la faim, l’extrême rigueur de leur camp, de même que la frustration d’être loin des leurs. On a donc deux réalités très éloignées l’une de l’autre qui s’affrontent. Et autant les scènes sur le camp grec tendent à être brèves, limite âpres, autant celles avec les troyens sont plus décompressées, voir même plus introspectives.
Un volume qui marque donc un vrai tournant dans la série, tant au niveau de l’action que de la narration. Shanower y expérimente plus de choses, adopte une écriture qui a plus de vie, plus de sens profond. Il y a toujours le même soucis du détail, de la documentation, mais avec une attention encore plus portée sur les personnages, comme si, en fin de compte, la guerre était définitivement reléguée en arrière plan…
Une série passionnante et remarquablement exécutée. Un véritable chef d’œuvre !
Par FredGri, le 14 septembre 2013