AIRBORNE 44
Wild Men

Philippe Jarbinet signe, ici, le dixième album d’Airborne 44. Nous n’imaginions sans doute pas, à l’époque du lancement de la série, qu’il se lancerait dans une si longue épopée, d’autant que la collection s’est construite sous forme de diptyques mettant, chaque fois, en scène des personnages différents.

Mais qui se plaindrait d’une telle longévité quand on voit la qualité du travail, que ce soit du point de vue du scénario que de celui du dessin ? Je suis, pour ma part toujours bluffé par la beauté des planches. Le style a beau être très réaliste, l’esthétisme dépasse l’horreur de la guerre grâce à ces graphismes fins et leur superbe mise en couleur directe.

Les séquences délivrent, par ailleurs, une grande force grâce au sens aigu du cadrage et de la mise en scène de l’auteur.

Cet art est au service d’un récit parfaitement maîtrisé, qui relate ce sombre épisode de l’Histoire tout en veillant à mettre en avant les personnages et leurs émotions. C’est une des forces des albums de Jarbinet : raconter la vérité historique avec une grande précision sans négliger l’humain pour autant. Il y a un côté romanesque indéniable dans ces pages, qui vous happe et vous fait détester la guerre, mais aimer ces personnages attachants, avec leurs qualités et leurs défauts.

J’ai été particulièrement touché par ce cinquième diptyque, qui raconte la destinée de soldats noirs, évoquant ainsi le racisme et les préjugés xénophobes qui avaient cours à l’époque.
Si les principaux personnages sont fictifs, ils sont inscrits dans le cadre de vraies unités et de combats véridiques, qui ont fait beaucoup de victimes.

Ce sens de la vérité historique, cette maîtrise de la dramaturgie et les planches magnifiques de Jarbinet font, décidément, d’Airborne 44 une des meilleures séries BD dédiées à la Seconde Guerre Mondiale.

Par Legoffe, le 1 novembre 2022