Alan Moore présente DC Comics

( Superman Annual 11, DC Comics Presents 85, Action Comics 583 & Superman 423, Green Lantern 188, Tales of The Green Lantern Corps Annual 2 & 3, The Omega Men 26 & 27, Secret Origins 10, Detective Comics 549 & 550 et Vigilante 17 & 18, Batman Annual 11 + la proposition Twilight of Superheroes)

En marge des grands projets qui ont progressivement forgé sa réputation de scénariste virtuose, au long des années 80, Alan Moore a fournit plusieurs autres scénarios qui lui ont permis de « gouter » aux autres personnages de DC. On connait le mémorable Annual 10 de Superman, dessiné par Dave Gibbons, ou même les deux parties de « Whatever happened to the Man of Tomorrow » dessinées par le vétéran Curt Swan, qui nous raconte la fin du héros de Krypton, mais les back-up qu’il a pu produire pour Detective Comics, ou encore ces mini-récits sur les Green Lantern, mérite néanmoins d’être aujourd’hui réhabilités…

Par fredgri, le 1 décembre 2023

Notre avis sur Alan Moore présente DC Comics

… Car en effet, derrière ces « petits » scénarios se révèle un auteur inventif, comme on a pu déjà s’en rendre compte avec son travail pour 2000AD. Et même s’il n’a pas l’ambition qu’il affiche sur Watchmen ou Swamp Thing, on reconnait sa finesse d’écriture, cette façon de jouer sur l’élasticité des différents concepts qu’il aborde.

Cependant, à mes yeux, il est bien plus intéressant quand il se penche sur ces personnages dans leur socle iconique, comme avec Superman, revenant sur son passé, sur son avenir, sur le rapport qu’il peut avoir avec sa propre histoire, avec les éléments constituant sa mythologie. On sent déjà poindre des questionnements qu’il développera davantage dans Suprême, sur l’aspect générique du héros. Qu’il s’agisse du Superman Annual 10, ou le héros est piégé dans une sorte de bulle d’illusion qui lui fait vivre une existence d’adulte sur Krypton, ou les deux parties des « Derniers jours de Superman » ou Lois Lane raconte à un journaliste comment Superman est mort, définitivement vaincu par ses ennemis… Le héros reste avant tout un homme qui peut souffrir ou aimer, même s’il a conscience de ce qu’il représente.
Avec les quatre back-up sur les Green Lantern, Moore s’amuse avec les limites induites dans la sélection des futurs Lantern. Ainsi, on a la première apparition de la planète Mojo, ou encore la création d’une nouvelle sorte d’agent qui ne perçoit pas la lumière, mais dont le monde est constitué de son… Sans oublier les prémices de Blakest Night… Le scénariste est y surtout audacieux et joueur.

Si le reste des histoires peut apparaître mineur, c’est peut-être parce qu’il n’y met pas forcément l’ampleur qu’on lui connait habituellement, toutefois, ces récits nous offrent un excellent moment de lecture, et c’est bien le principal.

En bonus, Urban reproduit l’intégralité de la lettre d’intention que Moore envoya à DC au sujet de son projet de cross-over avorté « The Twilight of Super-Heroes », vers la fin des années 80.
On découvre ainsi la vision du scénariste sur le concept de cross-over et la base du projet. C’est un témoignage absolument passionnant, tant dans la dureté et la pertinence de cette vision que dans ce qui se dessine sur ce projet qui aurait pu être fascinant.
Je vous encourage vivement à lire cette dernière partie, écrite à un moment ou Moore n’avait pas encore glissé dans sa phase pessimiste et blasée.

Un album, en marge des grands chefs d’œuvre que je ne saurais assez vous conseiller.

Par FredGri, le 1 décembre 2023

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