BELGE (LE)
Le Belge du futur

En 2018, une famille s’amuse dans un parc d’attractions jusqu’à ce que la pluie s’en mêle. Ils se réfugient dans une roulotte. Le père de famille s’installe sur un drôle de fauteuil. Après avoir actionné un levier, il se retrouve projeté dans le Bruxelles de 2048 devenu EuroCity. Traqué et emprisonné dans un monde dont il ne respecte pas les codes, il va chercher à retrouver sa famille et à comprendre un pays qui a évolué plus ou moins bien en 30 ans.

Par geoffrey, le 6 novembre 2023

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Notre avis sur BELGE (LE) #4 – Le Belge du futur

Ce quatrième opus de la série Le Belge envoie un père de famille dans l’avenir de la Belgique. Il découvre qu’en 2048 le pays, fragmenté entre la Flandre d’un côté et la Wallonie de l’autre, n’existe plus. Bruxelles, rebaptisée EuroCity, c’est-à-dire la Capitale de l’Europe, est devenue une enclave à part, une sorte de Berlin d’après-guerre. Tandis qu’une guerre a éclaté entre flamands et wallons induisant la construction d’un mur de séparation entre les deux territoires.

Dans son bond en avant dans le temps, le roman graphique de Kosma et Lecrenier investigue d’autres pistes. Il anticipe ainsi l’impact du réchauffement climatique avec une montée des eaux qui noient la Flandre et la contraint à un rapprochement avec une Wallonie couverte de champs de cannabis et de son industrie qui, malgré la pollution, font sa fortune. Il montre la technologie en organe de contrôle qui oblige chaque habitant à encapsuler ses informations personnelles dans son ADN, etc.

Au-delà de ces bonnes idées et tout en mettant de côté le fait que certaines données peuvent sembler pointues aux ignares crasses des arcanes de la politique belge, la BD montre que passer des strips à un récit en longueur n’est pas chose aisée.

Le héros se révèle un personnage inconsistant auquel il est difficile de s’attacher. Ce dénommé Gérard Lambert, dans un genre trop imprécis (s’agit-il d’une fiction politique, d’une politique fiction, d’une anticipation engagée ou de science-fiction mâtinée de policier ?) dans un univers trop conceptuel ou trop didactique peut-être, ne prend pas le lecteur par la main.

Pour perdre celui-ci davantage, le trait clair et épuré de Lecrenier, charmant, aérien et doué pour représenter l’architecture du Bruxelles actuel ou futuriste, ne parvient pas à situer davantage l’intrigue, à lui faire prendre de la consistance ou à la dramatiser. On sent pourtant des références visuelles de ces cités arrondies ou du souterrain digne d’un jeu vidéo de plateforme où vivent les résistants belges.

Il ne persiste au final que le décalage entre un propos plutôt sombre et un visuel plutôt lumineux. Comme si les auteurs, effrayés de raconter la guerre civile de leur pays, avaient voulu retenir les coups.

Par AUB, le 6 novembre 2023

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