CARNETS DE JOANN SFAR (LES)
Si j'étais une femme je m'épouserais

 
Il y a bien eu cette histoire avec une autre femme, mais la pauvrette en prend désormais plein la gueule et se fait au mieux appeler idiote… Non, vraiment, c’est Sandrina qui manque à Joann Sfar. Il avait cru que le monde s’était remis à tourner après elle, mais il s’aperçoit maintenant que ça n’est pas le cas. Un indice des plus forts est qu’il n’arrive plus à dessiner ! Alors il s’est dit un jour que le retour à la normale devait peut-être passer par chez un psy. Aujourd’hui, dans Si j’étais une femme, je m’épouserais, il nous raconte les six mois qu’a duré sa thérapie…
 

Par sylvestre, le 6 novembre 2016

Notre avis sur CARNETS DE JOANN SFAR (LES) #13 – Si j’étais une femme je m’épouserais

 
Joann Sfar est toujours aussi égocentré dans cette bande dessinée, mais c’est normal ! Il y est en effet question d’un "carnet intime", d’une part, et d’autre part d’une psychothérapie qu’il a suivie. A moins qu’il faille parler d’une psychothérapie qu’il a menée ? Car d’après ce qu’on en voit dans son livre, celle qui l’écoute a toute sa place, mais cette place se réduit comme peau de chagrin à mesure que l’auteur parle de lui, encore et encore !

Joann Sfar est amoureux d’une femme qui est partie et qui ne reviendra plus. On dit dans ces cas-là que le temps efface peu à peu les choses douloureuses, mais l’auteur est encore en plein dans cette période où il est tout bonnement impossible de se débarrasser de son chagrin d’amour.

Cette BD, il a failli l’appeler Autopsy. Ça aurait bien collé, forcément, mais il préfère éviter, dit-il, les jeux de mots dans ses titres. "Autopsy" renvoie évidemment à "autopsie", et ce mot dit bien la recherche du moindre détail pour comprendre les choses. Quand on subit l’expérience de l’amour perdu, on a la tête saturée de réflexions qui font, défont et refont les situations et qui empêchent d’avancer. Joann Sfar trouve des mots justes au cours de l’exposé qu’il en fait. C’est normal qu’ils soient justes, direz-vous, puisqu’ils parlent de lui, mais ils sonnent effectivement juste pour le lecteur qui veut bien croire à ces vertiges destructeurs.

La vie ne s’est pas pour autant arrêtée là pour Joann Sfar pendant les six mois qu’ont duré ces entretiens avec sa psy. La progression de ses réalisations en ont pâti, certes, mais rien ne se met jamais complètement en pause pour qui sait que seront publiées ses pages de journal intime ; journal qui, lui, continue et doit continuer, contre vents et marées !

En marge du mal-être – ou à l’intérieur – on trouve donc des séquences autrement plus vendeuses que ses murs de lamentation. A l’aide de ses dessins toujours faits "à l’arrache", il nous parle de cette e-correspondance qu’il a eue avec une internaute exhibitionniste, il revisite des films qui font écho à ses problèmes (Le modeste Sfar aime être comparé) Il nous dévoile aussi, en deux temps, de nombreuses vignettes du storyboard qu’il a conçu pour le film La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil et s’en sert pour développer sa thèse. Il nous murmure qu’il a pris du temps sur des sites de rencontre (et d’adoption de chiens !)… Il pète aussi son grade quand ça lui chante, en nous rappelant ici par exemple qu’à son domicile se succèdent bien évidemment des beautés à croquer… Enfin, comme d’habitude, moult personnages imaginaires, défunts ou encore bien vaillants défilent, décrochant leur hommage de sa part et le guidant dans cette vie dont il aime bien nous dire qu’il ne la maîtrise pas.

C’est du Sfar, quoi. Une autobiographie énervante mais qui, si elle ne l’était pas, aurait moins de saveur. Et c’est aux éditions Marabout que paraît ce treizième carnet : d’une fille à l’autre, d’un éditeur à l’autre, Sfar se raconte et va chercher bonheur…
 

Par Sylvestre, le 6 novembre 2016

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