COELACANTHES
Emma

 
En plus de peindre, Emma se confie à un journal qu’elle tient à jour. Elle y couche ses doutes, ses angoisses, mais aussi ses pensées et ses observations dictées par son séjour à la pension des Tourraines. Plus elle écrit, et plus Emma voit son imaginaire envahir sa réalité, faisant remonter en elle de douloureux souvenirs…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur COELACANTHES #2 – Emma

 
C’est comme dans un rêve, ou comme dans un cauchemar, lorsqu’on se voit courir tout en réalisant qu’on n’avance pas ou qu’on a l’impression de suffoquer sans jamais que la mort ne vienne… La narration et le découpage de ce second tome sont ainsi comme le flux et le reflux incessants d’une mer effrayante autant que magique qui vous attrapent et jouent avec votre corps et votre esprit en vous laissant autant d’espoir de vous en sortir que de menaces de vous engloutir.

En terminant la lecture du tome 1, je misais sur une suite-et-fin qui répondrait à toutes mes questions, à tous mes doutes. J’ai été un peu surpris alors de ne pas trouver un dénouement très limpide : tout reste assez insondable jusqu’au bout. A jouer sur les identités, sur la réalité et l’imaginaire de l’œuvre de Noa/Emma, sur le mystère Vic/Magda et sur celui de la relation entre Emma et Juan, l’auteure nous propose des choses auxquelles s’accrocher mais qui se dérobent dès qu’on les attrape.

Et pourtant, on se laisse hypnotiser. Et oui, j’ai trouvé ce tome 2 exceptionnel. Tant dans le graphisme admirable et sensuel (dans lequel on pourra retrouver un peu des styles de Pellejero ou de Vanyda) que dans une construction très recherchée. Daphné Collignon jongle avec les cases, les surfaces, les textes, les calligraphies, les contrastes, les vides, les photos… Coelacanthes est une véritable leçon de bande dessinée originale ! Et dans ce tome 2, l’auteure s’est encore plus "exprimée artistiquement" que dans le précédent où seul le prélude se distinguait vraiment des planches.

La lecture de ce diptyque très spécial ne sera pas une partie de plaisir pour tous, mais ceux qui accepteront de glisser dans l’imaginaire de l’artiste y trouveront véritablement la paix que doit trouver le plongeur lorsqu’il descend dans les profondeurs du monde du silence ou le randonneur qui se retrouve seul dans des sous-bois dorés que vient animer un léger vent d’automne. Une sorte de privilège pour qui veut bien se donner la peine.
 

Par Sylvestre, le 9 septembre 2007

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