CORTO MALTESE (ÉDITION COULEUR 2015)
Sous le signe du Capricorne

1915, dans les Caraïbes, Corto Maltese se lie d’amitié avec Tristan Bantam, jeune Anglais un peu naif, Steiner, ancien professeur à l’université de Prague et Bouche Dorée, la prétresse vaudou qui semble tout savoir de lui !

Par melville, le 29 août 2015

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Notre avis sur CORTO MALTESE (ÉDITION COULEUR 2015) #2 – Sous le signe du Capricorne

Sous le signe du Capricorne regroupe une « grande histoire » découpée en deux chapitres, Le Secret de Tristan Bantam et Rendez-vous à Bahia ; puis de « nouvelles » de longueur variable, Samba avec Tir Fixe, L’Aigle du Brésil… Et nous reparlerons des gentilshommes de fortune et A cause d’une mouette, en partie liées à la précédente histoire par leurs personnages secondaires dont les plus importants sont Tristan, sa sœur Morgana et le professeur Steiner. Sans oublier Bouche Dorée, formidable personnage féminin qu’on rencontrera de nouveau dans d’autres tomes et bien entendu le grand enfant qu’est Raspoutine.

Ces nouvelles aventures de Corto Maltese sont placées sous le signe du Capricorne bien qu’elles se déroulent dans les îles sud-américaines, proches du tropique du Cancer. Cependant, un cours voyage onirique (?) transporte l’un des personnages dans l’antique cité de Mû qui, avant sa chute, se trouvait localisée sous le tropique du Capricorne. On retrouve ici le goût de Pratt pour la géographie, mais aussi le mystère. Un mystère qui dans ces aventures trouve une explication du moins « magique » quand elle n’est pas philosophique (à défaut de n’être pas entièrement rationnelle comme c’était le cas dans La Ballade de la mer salée).
Sous le signe du Capricorne marque donc l’irruption du fantastique dans les aventures de Corto Maltese, mais demeure toujours en arrière-plan. Hugo Pratt s’amuse à manipuler son lecteur comme dans Rendez-vous à Bahia où on croit d’abord que les péripéties de Tristan sont un rêve pour finalement franchir, cette fois-ci concrètement, la barrière du surnaturel, ou comme A cause d’une mouette où on pressent une magie noire à l’œuvre qui finalement ne vient pas.

Sous le signe du Capricorne est le tome où Corto Maltese embrasse l’image de sa légende. A ce titre la toute première case est mythique : Corto est assis rêveur, jambes allongées sur un fauteuil en rotin, au large dos et la voix off nous le présente comme « un homme du destin ». Son tempérament s’affirme aux yeux du lecteur comme un homme qui cache sa profonde bonté d’âme derrière le masque de la cupidité et de l’orgueil. Tome de la construction du personnage, les dialogues sont récurents et denses, simplement entrecoupés par de brèves, mais saisissantes, scènes d’action pure.
Dans cette optique, le lettrage manuscrit de Philippe Glogowski est un réel bonheur. Mention spéciale également pour la couleur qui apporte une respiration aux planches et invite le lecteur au voyage, notamment pour les scènes d’intérieur (pour lesquelles j’éprouve un faible irrationnel) où les traits du pinceau de Patrizia Zanotti figurent l’enduit de chaux des murs jaunis par le temps qui passe.

Peut-être pas le plus grand tome de la série, mais il en émane tout de même un magnétisme rare.

Par melville, le 29 août 2015

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