EPATANTE AVENTURE DE JULES (UNE)
Un plan sur la comète

Jules, le sympathique petit personnage qui n’en finit pas de vivre des aventures vraiment épatantes pour ne pas dire abracadabrantesques, revient sous la plume aiguisée de son créateur Emile Bravo.

Comme le susurre le sous-titre de cet épisode ô combien volumineux (près de 80 planches), le lecteur est appelé à voyager sous la menace d’une comète qui fond imparablement sur notre bonne vieille planète. Mis dans la confidence, le personnage principal et sa petite amie ont pour mission très délicate de la sauver sous l’égide d’une commission d’extraterrestres peu encline à sauvegarder le genre humain.

Sous le couvert d’une histoire fantaisiste qui fait appel aux petits hommes de l’espace sidéral, qui responsabilise au plus haut point des enfants et qui caricature quelque peu le monde des adultes, Emile Bravo lâche quelques messages on ne peut plus sérieux. Après avoir, dans la même saga, disserté humoristiquement sur le clonage, sur l’histoire de l’humanité et la bêtise humaine, sur la mort, sur la spiritualité, il s’attaque aux thèmes environnementaux, de la préservation de la Terre et au comportement décalé de l’homme face à ces problèmes universels.

Par ailleurs, au gré de cette aventure, au demeurant d’une grande fluidité et pour le moins nature dans son déroulement, dans laquelle il dresse le tissu familial complexe du petit héros, Emile Bravo s’amuse à faire ouvertement quelques clins d’œil à l’univers d’Hergé (le sauvetage marin de Jules) tout comme à des scénarii catastrophes dignes d’armageddon. De même, il se joue de ses nombreux personnages (surtout les adultes) dans une dérision qui fait mouche (voir la lourdeur des parents à Jules, l’irresponsabilité de Pipard et de Bérémovitch…).

Le trait d’Emile Bravo se reconnaît aisément de par sa générosité, sa finesse et sa représentativité. Ses personnages possèdent une fragilité, une expressivité craquante voire hilarante. Jules et Janet sont vraiment attachants dans leurs réactions subtilement travaillées (qu’elles en deviennent presque naturelles), dans leurs pérégrinations mouvementées et sont accompagnés d’autres protagonistes qui valent également leur pesant de quolibets tels Tim et Salsifi les extraterrestres. La colorisation de Fanny Benoît se veut simple et efficace et conforte tout particulièrement le dessin pour un rendu des plus agréables.

Une sixième aventure bien animée qui ravira les adeptes de l’univers propre à Emile Bravo.

Par Phibes, le 24 septembre 2011