FINNELE
Le front d'Alsace
En 1914, Finnele n’est encore qu’une enfant quand la guerre vient bouleverser la vie de son village, Oberaspach. Oberaspach se situe en Alsace et est à cette époque une commune allemande depuis quarante-trois ans. En plus donc d’avoir la guerre à ses portes, la population se retrouve partagée : certains se sentent en effet pleinement Allemands quand d’autres au contraire ne rêvent que de redevenir Français. Le genre de situation qui pousse des amis à ne plus se fréquenter, qui brise des familles ou qui fait le creuset de petites vengeances. Le genre de situation qui voit aussi des gens n’ayant pas les mêmes idées essayer de ne pas tomber dans le piège de l’inimitié, ce qui collerait mieux à l’air du temps…
Par sylvestre, le 21 juin 2014
Notre avis sur FINNELE #1 – Le front d’Alsace
Le démarrage est assez lent mais on se rend compte au fil des pages qu’ainsi on est entré doucement et vraiment pleinement dans un de ces longs récits qui a le pouvoir de happer ses lecteurs. Finnele est un récit basé sur les souvenirs que la grand-mère de l’auteure Anne Teuf lui a racontés ; il devient ainsi une bande dessinée à l’intérêt double : historique et personnel.
On est en 1914 et Joséphine (Finnele) Koehrlen est une petite fille que la géographie politique donne Allemande, que d’autres espèrent voir un jour redevenir Française et qui, au-delà de tout ça, parle alsacien… Le contexte est donc tout particulier (pour elle comme pour beaucoup de monde autour d’elle !) et cette guerre qui arrive n’est pas forcément pour simplifier les choses dans la tête de cette gamine !
Mais c’est une chose qu’on apprécie dans Finnele : les événements sont comme enrobés d’une certaine insouciance enfantine et ils sont relatés comme s’ils étaient vus à hauteur d’enfant ; bien que la narration ne soit pas à la première personne.
Sur 200 pages environ en noir et blanc, ce tome 1 traite de la période 1914-1918. La période de la guerre, donc, qui nous est racontée sous un angle original. Il n’y a en effet pas trop de ces classiques scènes de guerre ou d’horreur (combats, tranchées…). On a plutôt là des scènes comme l’annonce du début de la guerre, le déménagement, des rencontres avec des soldats d’un camp ou de l’autre (voire noirs), ou le retour à la maison détruite… Et beaucoup de scènes de village, de vie quotidienne, des scènes "à hauteur d’homme" qui rappellent que même dans le tourment, la vie doit continuer. Tout ça donne un tout autre visage à la "Der des der" sans toutefois que soient complètement occultés les nombreux et différents problèmes et malaises engendrés par elle ; à plus forte raison dans un lieu, Oberaspach, qui s’est retrouvé… sur la ligne de front !
L’intérêt du témoignage est réel et la manière avec laquelle il est mis en images par l’illustratrice est de qualité, rappelant en son genre des œuvres comme celles de Martin Lemelman, d’Isabel Kreitz ou de Barbara Yelin. Un petit cahier supplémentaire vient compléter les planches en fin d’ouvrage et un blog dédié existe sur la toile.
A découvrir en attendant impatiemment la suite !
Par Sylvestre, le 21 juin 2014
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