HOMME DE L'ANNEE (L')
1871

En mai 1871, la répression contre les communards bat son plein et nombreux sont ceux qui se faufilent dans la capitale parisienne en ruines avec des traces de poudre sur les mains sont exécutés sans aucune autre forme de procès. C’est d’ailleurs lors d’une interpellation militaire qu’un turco africain sauve in extremis quelques pauvres hères qui cherchent à fuir l’arrivée des sinistres versaillais. Le turco en question s’appelle Abdullah et a pris pour parti d’aider les insurgés. Instruit, faisant preuve d’initiatives et sachant se battre, il se dirige vers le cimetière du Père-Lachaise après avoir envoyé une missive à son père, Antoine d’Abbadie. Qui est-il réellement et comment est-il arrivé à participer à la défense des intérêts de la Commune contre l’invasion des troupes de Versailles ? Pour cela, il faut remonter quelques 20 ans plus tôt lorsque, orphelin de la tribu des Dassanetchs, il a été offert à Antoine d’Abbadie en mission d’exploration en Ethiopie.

Par phibes, le 17 janvier 2014

Publicité

Notre avis sur HOMME DE L’ANNEE (L’) #5 – 1871

La série-concept initiée par l’éditeur Delcourt s’enrichit d’un nouvel opus et par ce biais d’un nouvel héros anonyme ayant participé à un fait historique marquant. C’est Jean-Pierre Pécau qui, à ce titre et pour la deuxième fois dans la saga après 1917, s’attèle à l’exercice et vient ainsi nous faire le récit du personnage de l’ombre qui l’a inspiré.

Pour ce faire, le choix s’est porté sur l’année 1871, et plus particulièrement sur les évènements sanglants qui ont ébranlé la capitale française durant la période de la Commune. En cinq planches seulement, le cadre est planté et permet de faire la connaissance du (cette fois-ci) héros, Abdullah, un tirailleur africain qui, évidemment, de par sa nature, possède une histoire, une histoire pour le moins profonde et mouvementée qui va nous être contée.

Il ne fait aucun doute que Jean-Pierre Pécau qui s’est inspiré de la nouvelle d’Alphonse Daudet intitulée Le Turco de la Commune, connaît, en grand passionné d’Histoire, son sujet qu’il effeuille généreusement sans toutefois rentrer dans une évocation trop poussée. Tout en lâchant quelques repères-clés et en faisant intervenir au récit des personnages illustres ayant réellement existés (d’Abbadie, Louise Michel, Jules Vallès…), il dresse la biographie sensible, tourmentée et militante du turco Abdullah. De fait, il en ressort une évocation de qualité mais dommageablement rapide, un brin saccadé dans sa lecture, qui quelque part ne permet pas de profiter pleinement des éléments dévoilés et qui nuit un tantinet à sa fluidité.

Avec cet album, Benoît Dellac démontre ses compétences artistiques via un dessin à l’encrage pour le moins réussi. Le travail qu’il réalise sur les décors prouve que l’artiste s’est appuyé sur une recherche historique indéniable, mettant à profit un effet authentique et riche en détails assurément remarquable. A ce titre, il n’est pas rare de rester suspendu à certaines vignettes dont l’esthétisme est des plus réussies. Au niveau des personnages, par contre, son trait reste un peu plus aléatoire sans effet préjudiciable toutefois.

Un one-shot historiquement convaincant qui a le mérite de faire découvrir un soldat anonyme au parcours pour le moins atypique.

Par Phibes, le 17 janvier 2014

Publicité