ILS ÉTAIENT DIX
Octobre 1812

Octobre 1812, Moscou.
Siégeant dans une ville évacuée par ses habitants, vidée de toute provision, incendiée volontairement par les russes et détruite à 90 pourcent. Napoléon Bonaparte, à la tête de la grande armée ordonne la retraite de Russie.
La ville est alors évacuée par les troupes et le Kremlin détruit.
Malheureusement, quelques hommes sont restés en arrière, médecin, blessés, quelques hommes de troupe qui ont perdu leur unité. Ils seront dix à se regrouper pour essayer de rallier l’armée.

Par olivier, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur ILS ÉTAIENT DIX #1 – Octobre 1812

Dans le palais Gorlanov, la jeune comtesse Maryana, blessée aux yeux lors de l’incendie de Moscou qui coûta la vie à ses parents, héberge quelques soldats français blessés, un médecin de l’armée, Jean-baptiste Grassien et son assistant, le tout jeune Aymond.
Suite à un incident avec des pillards, Grassien va prendre la décision de fuir avec la comtesse et Aymond en emmenant le seul blessé transportable : le capitaine Philippe De Marcy.
Mais dans Moscou, abandonnée au pillage, ils ne sont pas seuls à errer désemparés, et nos quatre personnages vont rencontrer d’autres égarés, 1 hussard, des voltigeurs, des déserteurs, un grenadier et un noble, Clément Morlaix de Guérigny, avec lesquels ils vont tenter de rejoindre le gros de l’armée.
Ne nous y trompons pas, ce n’est pas une bande dessinée historique sur la retraite de Russie.
Cette retraite épouvantable et meurtrière n’est que le cadre, le tableau dans lequel l’auteur va poser les éléments d’un véritable thriller.
Eric Stalner signe à la fois le scénario et le dessin dans ce premier opus de 56 pages.
Tout en respectant un cadre historique très vraisemblable, car même si Napoléon avait ordonné de ne laisser en arrière ni blessés, ni malades, il est raisonnable de penser que dans la pagaille d’une telle évacuation un certains nombre d’hommes se sont trouvés perdus, il s’attache avant tout à l’individu.
Pas de grandes scènes de bataille, non, Stalner nous offre un thriller presque intimiste.
Il prend le temps de nous présenter ses personnages individuellement, chaque protagoniste a un nom, un visage, une histoire.
L’avancée de ce groupe disparate dans un paysage blanc immaculé, où le vent soufflant des bourrasques de neige limite la visibilité  : on imagine sans peine le silence oppressant, rompu seulement par le crissement des pas des hommes ou des sabots des chevaux dans la neige, tout cela renforce encore cette sensation pesante, angoissante d’enfermement a la fois dans l’espace et dans le devenir.
Le froid, la neige, l’angoisse omniprésente d’être surpris par des Russes qui mènent une guerre de harcèlement, où le combat au corps à corps est fréquent, tout le scénario est méticuleusement construit pour que le lecteur s’imprègne de cette ambiance pesante et réelle à la fois.
Le sang versé ne l’est pas dans une boucherie guerrière où il se trouverait finalement dédramatisé. Stalner nous raconte une histoire dans la grande Histoire. Une histoire d’hommes et de femmes où l’étude des caractères et des émotions sert une intrigue palpitante.
Le résultat est un thriller extrêmement bien mené où l’ennemi le plus mortel n’est pas obligatoirement celui qui est caché derrière un arbre.
Le dessin réaliste trouve ici une application qui paraît évidente.
Stalner s’est attaché tout particulièrement au travail sur les visages, tout d’abord pour individualiser de manière très précise chaque caractère, mais aussi parce qu’il a la volonté, une volonté tout à fait aboutie, de transmettre dans les expressions des visages, dans les émotions que ses personnages ressentent, autant si ce n’est plus d’informations que par les dialogues.
C’est du grand Stalner et la dernière case de l’album laisse augurer une suite toute aussi haletante

Par Olivier, le 14 mars 2009

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