JE NE SUIS PAS MORT
Je ne suis pas mort

A soixante ans, Kenzô Okada comprend bien que professionnellement, ses qualités ne sont plus reconnues : après avoir été licencié, c’est à la désillusion qu’il va faire face dans son agence pour l’emploi. Et cerise sur le gâteau, lorsqu’il rentre chez lui, un soir, il voit sur la table un formulaire de demande de divorce laissé par sa femme qui est partie du foyer conjugal en ayant pris soin au préalable de vider les comptes bancaires ! Quant aux enfants de Kenzô, manifestement dans la confidence, ils ont tous changé de numéro et demeurent injoignables…

Après 38 ans en entreprise, Kenzô peut faire un rapide bilan : sa vie se résume aux quelques sous qu’il a sur lui… Il décide alors de mettre fin à ses jours, mais comme décidément rien ne marche comme il le souhaite, la corde et la branche cèderont sous son poids !

Kenzô décide alors que chaque nouvelle minute qu’il lui est offert de vivre est un miracle. Il part alors dans sa région natale, en pleine nature, afin de vivre loin des hommes en qui il a perdu toute confiance.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur JE NE SUIS PAS MORT #1 – Je ne suis pas mort

Quand on termine un one-shot en se disant qu’on aurait beaucoup aimé qu’il dure plus longtemps, c’est que manifestement, c’est un très bon one-shot. Le manga Je ne suis pas mort est de ceux-là. En un volume, il nous raconte une histoire extraordinaire, en n’allant qu’à l’essentiel, en ne s’écartant jamais du thème que l’auteur a voulu développer, et tout cela avec un dessin réaliste des plus agréables. Ainsi, sans rien apprendre de sa vie (et ce peut-être parce qu’elle n’a été qu’une vie banale, mais cela n’a pas d’importance), on va faire connaissance avec Kenzô Okada à un moment où tout va basculer pour lui : déçu par la vie qu’il a menée parmi les hommes, ingrats, il va se tourner vers la nature en souhaitant y finir ses jours. Pourquoi se suicider quand un tel choix peut vous offrir une seconde vie, aussi impensable soit-elle !?

Oui, c’est de survie qu’il s’agit dans Je ne suis pas mort, mais le message est plus fort que cela. Il va au-delà de la simple idée de survie matérielle, et c’est en cela que ce manga pose des questions très intéressantes, nous faisant remettre dans un contexte bien spécial la valeur de la vie.

On pense naturellement à des œuvres comme Robinson Crusoë, pour citer une référence ancienne, ou encore au film Seul au monde (avec Tom Hanks), et on salue ainsi la force, le courage et la volonté de Kenzô Okada. On est admiratif devant la réussite de sa nouvelle vie, respectueux de ses choix et de ce qu’il assume être devenu aux yeux des autres. Mais au-delà de cette admiration pointe immanquablement la question qu’on retourne vers soi : "Et si j’avais été dans le même cas, aurais-je eu le courage de faire comme Kenzô Okada ?" On pense que oui. On a confiance en soi et on est persuadé qu’on a l’étoffe du héros. Mais on n’a pas forcément eu (heureusement !) l’occasion de se poser la question en étant dans le même état d’esprit que le personnage, dans les mêmes conditions que lui quand il était "au fond du trou"… Donc en fait, on n’a pas de réponse et on reste avec nos interrogations. Mais en tout cas, le sujet est si fort que le lecteur est obligatoirement impliqué personnellement alors qu’il est question de l’aventure de quelqu’un d’autre… et de quelqu’un de fictif, qui plus est !!!

Je ne suis pas mort est un manga qui ne s’encombre pas de superflu et qui va à l’essentiel de ce qu’il veut nous montrer. Je l’écrivais plus haut. C’est un atout de cette bande dessinée. C’est quelque chose qui différencie ce manga de bien d’autres, aussi, qui n’auraient pas hésité à s’attarder un peu plus sur le côté exploit physique. Mais pour certains, ça sera aussi une faiblesse puisque les choses y vont très vite et qu’alors ils pourront être déçus que certaines phases ne soient pas amenées plus lentement ou analysées plus profondément. Il n’empêche que ce choix a participé à garantir à ce récit un impact indiscutable et qu’on referme l’ouvrage en voyant les choses un peu différemment. On ressort de cette lecture plus forts d’un enseignement ô combien logique, de quelque chose qui est déjà probablement inscrit au fond de nous, mais qui demande à refaire surface de temps en temps. Je ne suis pas mort, en plus d’être très bon, est donc nécessaire. Indispensable, même.

Merci Hiroshi Motomiya. Et merci à Delcourt dont on espère qu’ils nous feront découvrir ses autres titres.
 

Par Sylvestre, le 9 juin 2009

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