L'espion de Staline

Parce qu’il s’était lié d’amitié avec M. Eugen Ott qui y assurait ses fonctions de diplomate, Richard Sorge entrait comme dans un moulin à l’ambassade allemande à Tokyo. Dans le microcosme des habitués du lieu, qui connaissaient souvent mieux les ors des intérieurs du bâtiment que les réalités du pays dans lequel ils se trouvaient, Richard Sorge, journaliste de son état, était devenu une source d’informations à laquelle la communauté germanophone avait pris l’habitude de s’abreuver. Mais qui, parmi ces gens qu’il côtoyait, aurait pu se douter à l’époque, pendant la seconde guerre mondiale (et ce malgré des indices qu’il lâchait mais qu’on attribuait à ses excès d’alcool), qu’il était en réalité un espion russe à la solde de Staline ?!
 

Par sylvestre, le 23 janvier 2010

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2 avis sur L’espion de Staline

En étant publiée dans la collection Ecritures des éditions Casterman, c’est par une grande porte de la BD en version française que l’Allemande Isabel Kreitz est entrée. Cet album, L’espion de Staline (Die Sache mit Sorge), est son premier traduit dans la langue de Molière, mais il n’est pas son premier ! Paru en 2008 outre-Rhin, il succède en effet à d’autres bandes dessinées qui ont valu à leur auteure, issue des écoles d’arts graphiques de Hambourg et de New York, différents prix enviables.

Pas étonnant alors qu’autant de talent nous saute aux yeux lorsqu’on ouvre L’espion de Staline ! Parce que même si le titre prometteur aura attiré le premier l’attention des lecteurs amateurs d’Histoire, et parce que même si le récit, quand on s’y plonge, s’avère effectivement hautement intéressant, il n’en reste pas moins que le premier contact est pour les yeux… Et qu’il nous frappe par sa qualité. Les planches sont tout d’abord très fournies, sans qu’il y ait saturation ou illisibilité, et le style réaliste, au crayon, montre l’énorme travail que s’est donné Isabel Kreitz, un travail superbe.

Quant au récit, il est aussi vraiment digne d’intérêt. Car même si Richard Sorge avait fait l’objet d’un film français en 1961 (Qui êtes-vous Monsieur Sorge ? de Yves Ciampi), de différents livres ou bien encore était apparu dans le volume 3 de L’histoire des 3 Adolf d’Osamu Tezuka, il était resté pour la plupart d’entre nous un parfait inconnu ! Pas vrai ? Le rôle qu’il a joué, pourtant, n’aura pas été sans conséquences. Et si l’on cherche un peu, la résistance russe lors de la fameuse bataille de Stalingrad et la protection de Moscou contre les Nazis ne seraient pas étrangères aux informations que Sorge a pu transmettre au Kremlin.

L’espion de Staline est donc une bande dessinée rigoureusement historique. Les surfs sur internet que cette lecture vous poussera à faire vous le prouveront. Mais elle reste cependant assez en huis-clos : le sujet n’est pas la guerre mais bien la double vie de Richard Sorge, plutôt côté people. Et Isabel Kreitz a justement su nous la présenter sans partir dans le cours magistral, d’une manière proche de ses personnages, et chapitrant son récit en introduisant les différents épisodes successifs par des témoignages comme recueillis aujourd’hui auprès des protagonistes ayant vécu tout cela, à l’époque, à l’ambassade allemande à Tokyo ; notamment la pianiste Eta Harich-Schneider.

L’espion de Staline intéressera assurément les lecteurs de BD qui ont su apprécier la série Sir Arthur Benton ou d’autres séries d’espionnage historique, fictives ou non. Elle est un apport culturel qui nous en apprendra un peu plus encore qu’on en savait sur la seconde guerre mondiale. Elle ouvre en outre ce genre de "portes du savoir et de la compréhension" qu’on ne voyait pas (puisqu’on ne savait pas qu’elles existaient) derrière lesquelles il nous sera possible de regarder à nouveau l’Histoire mais cette fois en intégrant ce qu’on vient d’apprendre.

Une lecture de qualité et une auteure, Isabel Kreitz, dont il nous tarde désormais de regarder ce qu’elle a fait d’autre !
 

Par Sylvestre, le 23 janvier 2010

Dans son roman graphique, Isabel Kreitz allie avec finesse la rigueur de l’Histoire et la tendresse des sentiments pour conter la vie Richard Sorge, espion communiste infiltré à l’ambassade allemande de Tokyo à l’aube de l’entrée en guerre des Etats-Unis contre les forces de l’Axe. Mais avec L’espion de Staline on est loin des péripéties de l’agent 007. Isabel Kreitz, se concentre plus sur l’homme que sur l’espion. Elle explore avec retenue et pudeur sa solitude, son amour pour Eta Harich-Schneider et pour l’idéologie communiste.

L’espion de Staline c’est un récit fort tout en douceur, c’est l’histoire de l’engagement politique d’un homme, de son honnêteté, de sa grandeur. C’est l’histoire d’un homme qui à réellement existé et qui aurait pu changer à lui seul le cours de la Seconde Guerre Mondiale s’il avait été écouté.

Isabel Kreitz est une auteure d’un grand talent scénaristique et graphique, et on ne peut qu’espérer que ses autres livres soient également traduit.

Par melville, le 3 juin 2010

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