La Bibliothèque de Daniel Clowes
Ghost World

Rebecca et Enid sont deux jeunes filles inséparables, blasées par le monde qui les entoure. Pour combattre l’ennui, elles s’amusent à rire des gens qu’elles croisent, de leur proches… Tout tourne à la blague cynique, même l’une envers l’autre.
Cependant, la vie avance, elles vont bientôt devoir grandir et elles en sont effrayées, que vont elles retenir de tout ça ? Ont elles raisons d’agir comme elles le font ? Ou ne devraient elles pas rejoindre les autres fantômes errant, dans ce drôle de monde ?

Par fredgri, le 4 juillet 2023

Notre avis sur La Bibliothèque de Daniel Clowes #2 – Ghost World

Daniel Clowes fait partie de cette génération d’auteurs indépendants américains qui ont redéfinit le paysage de la bande dessinée indépendante américaine dans les années 90, s’inspirant de leur propre vie, du quotidien qu’ils pouvaient observer, de cette société qui les entourait.
Cette « Bibliothèque de Daniel Clowes » permet donc aux éditions Delcourt, qui vient de récupérer les anciens titres du catalogue de Cornélius, de reprendre toutes les œuvres de Clowes depuis le début. Et ainsi, assez évidemment, de commencer par Ghost World, qui a permis de faire mondialement connaître l’artiste, d’autant qu’il y a eu une adaptation en film, dans la foulée.

Cet album regroupe les principaux thèmes chers à Clowes : qu’il s’agisse de son regard sans concession sur le monde, avec des personnages en perte d’identité, en marge, qui se cantonnent dans une sorte d’incessante pose…
Il est vrai que le ton cynique des deux héroïnes peut agacer, elles ne laissent rien passer et personne ne semble gagner grâce à leurs yeux, pas même elles. Qu’il s’agisse d’inconnus croisés dans la rue, de clients réguliers de leur bar préféré, des amis qui daignent finalement leur adresser la parole ou toutes les émissions télé qu’elles regardent.
Toutefois, c’est trop vite oublier l’étude de caractère de Rebecca, mais surtout d’Enid, cette brune à lunettes fascinante qui est au centre de tout l’album, méprisant le monde extérieur, mais cherchant à s’y couler tant bien que mal.
Derrière le portrait de ces deux jeunes filles, c’est le constat d’une génération qui ne se reconnait plus dans cette société que leurs parents ont construit. En perte de repère, souhaitant avant tout s’affranchir de cet héritage, elles observent le monde étrange ou elles évoluent, bien loin du rêve américain longuement vanté par les générations précédentes. Dorénavant, les rues qu’elles parcourent, les inconnus qu’elles rencontrent portent sur leur visage la cruauté et la désillusion de l’âge moderne, de ces sociétés à la dérive où finalement elles devinent qu’il leur faudra répéter les gestes de leurs parents, encore et encore.

Le dessin quand à lui est très sobre, pas d’effets gratuits, juste un trait et des ombres en couleurs monochromes ! Malgré tout, les planches ont du charme, de la vie, même si le style de Clowes reste assez inexpressif, globalement.

Un album qu’il est aujourd’hui agréable de redécouvrir.

Très conseillé.

Par FredGri, le 25 juin 2023

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