La maison des impies
Petite, Natalie Burns a fait partie d’un groupe d’enfants, Les Six de Satan, qui ont dénoncé à la fois leurs parents et certains adultes qui les encadraient comme faisant partie d’un culte sataniste dont ils auraient été prétendument des victimes. Quand il fut découvert que tout n’était qu’un tissu d’inventions, la vie des uns et des autres a été profondément bouleversée. Trente ans plus tard, Natalie travaille comme une sorte de détective dont le dernier contrat consistait à récupérer une ado embrigadée dans une énième secte. Interpelée par la police alors qu’elle avait laissé filer la jeune fille, elle se retrouve entre les mains d’un agent du FBI qui lui demande de l’aider à retrouver les derniers survivants des Six… Bien malgré elle, elle finit par accepter…
Par fredgri, le 14 novembre 2024
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
Genre s :
-
Sortie :
-
ISBN :
9782413086857
Notre avis sur La maison des impies
Voir figurer les noms de Brubaker et Phillips sur la couverture d’un album, c’est déjà la promesse d’un excellent moment de lecture. Après l’étonnant Là ou gisait le corps, paru en mai dernier, le duo revient vers des sentiers qui leur sont plus familiers, un détective, une quête, une plongée dans les hantises de l’Amérique profonde et ce rapport ambigüe avec la religion, presque absolutiste, qui vient systématiquement tout gripper… On est en terrain connu, et le moins que l’on puisse dire c’est que ça fonctionne à merveille.
L’héroïne, Natalie, est une femme solitaire, qui jadis a fait partie d’un groupe d’enfants qui a défrayé la chronique en dénonçant leurs parents prétendument satanistes, dont ils auraient été des victimes. Après qu’il fut révélé qu’il s’agissait d’un gros délire collectif, chaque famille a tenté de se reconstruire tant bien que mal. Natalie, en rébellion contre une mère ultra croyante, a réussi à progressivement s’éloigner. Lorsqu’elle doit replonger dans cette histoire, pour aider un agent du FBI qui recherche les survivants des Six qui seraient menacés par un hypothétique tueur en série, les cauchemars reprennent et la remettent face à son histoire personnelle, face à ses erreurs, face à cette Amérique des laissés pour compte qui tentent de se construire au fil des années.
Brubaker reste un scénariste d’une grande finesse qui sous prétexte de nous entraîner dans une sorte de polar/Road Movie, nous parle de son pays en profondeur, de ces personnages qui ne sont pas des héros, à peine des personnages secondaires qui errent en périphérie de la grande histoire, pas complètement sur d’y survivre, en fin de compte. L’écriture est d’une grande subtilité, malgré un filtre assez froid, on se laisse immerger dans ces monologues intimistes ou Natalie s’interroge, observe, essaye de comprendre… C’est passionnant.
Graphiquement, Phillips étonne moins, c’est vrai, il est en mode automatique depuis longtemps, mais cela fonctionne aussi très bien, la mise en scène, les cadrages, sont parfaits. Du très bon boulot, extrapolé par les couleurs de Jacob, le fiston.
Un volume qui fait plaisir, car on a toute la virtuosité du duo, avec ce petit côté malsain et profond qui donne très envie d’en lire davantage.
Par FredGri, le 14 novembre 2024