LADY DOLL
La poupée intime

Atteinte d’une difformité au visage, la petite Gaja s’est isolée de ses pairs et s’est construite son propre univers au contact de ses nombreuses poupées. Considérant qu’elle ne parle plus à quiconque depuis que sa mère, Claire, a été internée pour se faire soigner, sa gouvernante décide de la remettre en contact avec d’autres enfants, à l’école. Malheureusement, la tentative de "sociabilisation" de Gaja se révèle un véritable fiasco au point que la petite fille est renvoyée à la maison au grand dam de celle qui l’y avait envoyée et de son dédaigneux de père. Aussi, afin de se débarrasser de ce poids inutile pour lui, ce dernier fait revenir, au risque de la rendre encore plus malade, sa femme souffrante afin qu’elle s’occupe de sa fille. D’ailleurs, n’y aurait-il pas, de sa part, une volonté évidente de nuire et à la fille et à la mère et de faire reporter, en cas de problème, tous les torts sur Gaja ?

 

Par phibes, le 10 août 2010

Publicité

Notre avis sur LADY DOLL #1 – La poupée intime

La collection typiquement féminine Blackberry n’en finit pas d’enfler au regard des nombreux ouvrages qui la composent. Avec ce premier opus de Lady Doll, c’est l’entrée hautement remarquée chez Soleil de deux artistes italiens dont le talent devrait faire mouche auprès du public visé.

C’est à la lecture d’un conte plutôt sombre et oppressant que Daniele Vessella nous invite. En effet, alors qu’il nous plonge dans les ambiances victoriennes, il nous retrace le drame que vit Gaja, une petite fille au visage déformé face à un entourage peu respectueux. De fait, on pénètre un milieu cloisonné, à la limite de l’étouffement, empli de poupées enfantines devenues les seules confidentes de celle-ci. L’extérieur devient un milieu hostile, insupportable à la jeune fille. Le seul espoir réside en la présence de la mère qui apporte la seule consolation dont elle ait besoin. Mais ce réconfort moral n’est que provisoire car se cache une traîtrise des plus terrifiantes.

Considérant l’atmosphère lourde drainée par Gaja et ses proches, le récit n’en est que plus captivant. Chaque page tournée reste dans l’attente d’une rédemption, d’un espoir qui semble s’effilocher au fil des vignettes. Cet épisode qui nous permet de comprendre le mal interne dont souffre la petite héroïne est aussi celui d’un autre mal, d’une perversité absolue porté par un adulte tout à fait méprisable. Chemin faisant, devant la dureté des évènements, les émotions fusent et par ce biais, Daniele Vessella accapare subtilement l’attention du lecteur.

Pareillement, la dessinatrice Beatrice Penco Sechi a le don de surprendre le lecteur dans la façon d’animer son éventail de personnages charismatiques. Tels des poupées décharnées, elle exhibe leur physique caricatural et restituent leurs pensées les plus noires ou les plus sensibles au travers d’un jeu graphique aux yeux surdimensionnés hypnotisant. Son trait est assurément bien maîtrisé et se meut dans un détail soigné, complété par une colorisation vive à dominante rose excellemment utilisée.

Une première partie d’une histoire dramatique fortement oppressante, empreinte de sensibilité et d’aspiration grevée par de noirs desseins, dont on attend les répercussions finales dans le prochain tome.

 

Par Phibes, le 10 août 2010

Publicité