Lawmen of the west

Dans l’Ouest sauvage, c’est la loi du plus fort qui règne, la justice et la fonction d’homme de loi restent des idées qui peuvent se flouter à l’occasion, comme le bien, le mal, les gentils, les méchants… Au fil de ces 14 récits, Tiburce Oger nous le démontre en compagnie de ses amis artistes : Paul Gastine, Ronan Toulhoat, Alain Mounier, Dominique Bertail, Laurent Astier, Xavier Besse, Chris Regnault, Jef, Dimitri Armand, Mario Milano, Richard Guérineau, Laurent Hirn, Corentin Rouge et Ralph Meyer…

Par fredgri, le 5 décembre 2024

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Notre avis sur Lawmen of the west

 

Au fil des albums, Go West, Indians, Gunmen of the West, Tiburce Oger brosse le portrait d’une Amérique sauvage où s’affrontent les hommes en quête d’un bout de terrain, de plus d’or à faire rouler au creux de leurs mains, de la femme du voisin ou simplement d’un énième mauvais coup à faire. Rien n’est gagné d’avance sur ces plaines arides, aucun gibier ne vient se livrer tout dépecé, parfois il faut faire avec la cruauté des autres, avec ce sentiment de vengeance qui nous fait serrer le poing, cette colère qui peut nous entraîner au bout d’une corde…
Le scénariste nous montre alors que la notion de justice n’est pas une notion très précise dans ce pays qui peine à gérer ce vaste foutoir qui suit l’arrivée massive des colons européens, où chacun est un peu livré à lui-même.

Au travers de ces récits courts, Tiburce Oger s’interroge donc sur cette idée de justice telle qu’elle a pu être perçue par ces hommes et ces femmes confrontés à un univers de violence brute, corrompu, pétri de préjugés, prônant l’immédiateté et les exécutions punitives. Qu’il s’agisse de cette femme qui entreprend une campagne de vengeance, de ces ripostes indiennes qui viennent répondre à d’autres ripostes blanches… De ces agents envoyés pour infiltrer des groupes extrémistes, de ces shérifs qui organisent en même temps des attaques de diligences, de ces comités de vigilants qui se lancent dans des opérations de nettoyage, sans procès… On regarde se dessiner une terre pleine de contrastes et de passions.

L’écriture est une nouvelle fois brillante, toute en subtilité, elle s’adapte aux ambiances de chaque histoire, plus sèche ici, plus volubile là, elle nous emporte dans une lecture particulièrement prenante qui nous interpelle. Car Tiburce Oger aime l’Ouest sans pour autant se conformer aux versions hollywoodiennes de l’âge d’or du cinéma. Il n’est pas question de lisser les intrigues, ni même d’exagérer les caractères, mais il n’est pas question non plus de faire dans le manichéisme naïf pour servir une quelconque propagande idéologique. Le scénariste reste au plus près d’un réalisme au service d’une fiction édifiante, il est avant tout là pour nous parler d’un mode de vie rude, sans compromis où il était compliqué de faire respecter certaines règles, où il ne fallait compter que sur soi-même, où il était prudent, parfois, de se méfier des hommes de loi eux-mêmes…
C’est cet aspect rugueux qui fait tout le charme de cet album, le sentiment d’évoluer dans un monde qui n’a peut-être plus le charme de ces vieilles affiches de films, mais qui nous apparait tout de suite plus authentique.

Les prestations graphiques sont évidemment magnifiques. Les styles diffèrent, mais tout en gardant leur personnalité, qu’il s’agisse de Corentin Rouge, de Dominique Bertail, de Richard Guérineau, de Ronan Toulhoat… Chacun exprime avec virtuosité l’essence de ces westerns modernes qui nous captivent de la première à la dernière page.
Un nouveau volume qui perpétue avec maestria l’esprit des précédents.

Très vivement conseillé.

 

 

 

 

Par FredGri, le 5 décembre 2024

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