LEO LODEN
Massilia aeterna

Au temps où elle était une cité romaine et avait pour nom latin Massilia, Marseille se déployait sur un tout petit territoire. Pourtant, malgré sa faible densité, les affaires criminelles avaient leur place et les questeurs privés, tels Leo Lodanum, faisaient leur office. Un jour, ce dernier est consulté par Ala Vacumjtepus, une matrone aisée qui suspecte son mari, riche propriétaire des thermes d’Aqua Sextiae, d’avoir une relation extraconjugale. Contrat en poche, il se lance alors dans une longue filature qui l’amène, tard le soir, dans les quartiers nord. C’est en ces lieux en chantier que le surveillé est tué devant un Leo impuissant à retenir l’assassin. Seul témoin du crime, il se retrouve bientôt face à la CRS dont la responsable est la centurionne Marlena, sa dulcinée. Libéré par cette dernière, il décide d’aller voir l’épouse de la victime pour lui faire part de la mauvaise nouvelle, après avoir récupéré au port Ulysse, son oncle marin. La désormais veuve demande alors à Léo de mener son enquête. Qui pourrait avoir intérêt à faire disparaître le mari d’Ala Vacumjtepus ? Entre ses positions anti-développement du port, ses ambitions politiques et sa vie dissolue, la victime avait beaucoup d’ennemis… autant de pistes que le questeur Leo Lodanum va devoir explorer.

Par phibes, le 10 décembre 2017

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Notre avis sur LEO LODEN #25 – Massilia aeterna

Avec cet épisode, Christophe Arleston et Loïc Nicoloff opèrent sans autre forme de procès un changement pour le moins radical dans la saga et visible dès le premier de couverture. En effet, les deux coscénaristes ont décidé de quitter notre époque contemporaine pour nous renvoyer au temps des romains, lorsque la cité phocéenne était Massilia, bourg de faible importance, planté au bord d’une baie encore sauvage sans zone portuaire digne de ce nom.

Aussi, on pourra être étonné de retrouver nos chers personnages que sont Leo, Marlène et Louis-Ulysse dans une équipée transposée au temps des romains, plongés dans une affaire criminelle menée glaive en main et tige de clématite au bord des lèvres. L’enquête qui suit l’assassinat d’un opposant à la création du nouveau-port permet aux auteurs de nous introduire dans une intrigue tortueuse, gérée subtilement par des personnages cette fois-ci ancestraux aussi efficaces que dans notre époque.

Si le développement des investigations reste dans des dispositions classiques, il n’en demeure pas moins que cette affaire est l’occasion pour Arleston et Nicoloff de jouer sur les clins d’œil. Plusieurs univers s’entremêlent donc comme celui d’Astérix (avec des personnages s’y référant comme Barbe-Rouge, Triple-pattes et Baba), celui de l’Odyssée d’Homère, celui de Pagnol, celui du film Le parrain… Puisqu’il est question de Marseille, le sosie de Gaston Deferre a également droit au chapitre, le tout initiant un méli-mélo original et bien cocasse.

Dessinateur patenté de cette série, Serge Carrère tire efficacement son épingle du jeu pictural dans cet épisode. En effet, le fait de transposer l’univers dans lequel il a l’habitude de travailler au temps des romains ne lui pose aucun problème. En fait, cet exercice lui permet de s’inspirer grassement du travail d’Uderzo dans Astérix, dans des effets (hormis certains regards) qui témoignent une réelle cohérence au niveau des décors et des personnages. Le plaisir est d’autant plus grand que l’effort sur les caricatures est on ne peut plus perceptible. Entre le président des Etats-Unis, Raimu, Gaston Deferre, Marlon Brando… chacun passe sous la houlette de l’artiste dans des dispositions bien comiques.

Un épisode certes atypique dans la saga pour une intrigue comico-policière menée tambour battant, tendant à faire penser que Leo Loden, désormais, n’est plus le personnage d’une seule époque…

Par Phibes, le 10 décembre 2017

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