LES ZAZOUS
« Every time we say goodbye »

Alors que sa fiancée Paulette et son copain Lionel ont été tués, Frankie s’est retrouvé incarcéré à la prison de la Santé. Il reçoit la visite du Commissaire Klébert qui est venu lui parler de sa fille Willa qui est introuvable. Le policier lui demande alors de la retrouver et dans cet objectif, le fait libérer. En évitant de se faire filer, Frankie rejoint dans sa cachette sa petit sœur Lola qui se trouve en compagnie de Willa. Désormais confiante, la jeune fille entraîne le garçon en un lieu secret où se retrouvent les résistants. Il y recroise d’anciens zazous et aussi fait la connaissance du tonitruant Césaire. Les actions ne manquent comme l’assassinat d’un colonel SS qui provoque l’exécution de cinquante innocents. Cet acte est réprouvé par Frankie, ce qui provoque le courroux de Césaire. Lui reprochant son attitude négative et lui faisant avouer qu’il travaille pour le Commissaire Klébert, le chef des résistants finit par avouer à Frankie sa duplicité envers son groupe. Lui aussi œuvre en souterrain pour la police. Est-ce que l’ancien zazou saura s’intégrer au sein de la résistance et convaincre réellement Willa ?

Par phibes, le 7 mars 2024

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Notre avis sur LES ZAZOUS #3 – « Every time we say goodbye »

Sous les mélopées émouvantes de la chanson écrite par Cole Porter en 1944, Salva Rubio et Danide nous invitent à les suivre dans la dernière partie des péripéties vécues par ces zazous parisiens dont l’indocilité a été attisée par la guerre. Nous revenons donc dans la situation dramatique vécue dans le tome précédent, après que deux des leurs (Paulette et Lionel) ont été tués par l’occupant et nous retrouvons Frankie, le personnage principal, une fois de plus isolé, en prison. C’est à la suite d’une initiative du Commissaire Klébert que le récit repart de plus belle et nous amène à côtoyer le milieu de la résistance dans Paris occupée.

La tension ambiante est toujours aussi palpable grâce à la juxtaposition de plusieurs faits historiques dont Salva Rubio a souhaité évoquer avec subtilité (la collaboration policière sous le régime de Vichy, l’assassinat du colonel SS Julius Ritter, la libération de Paris par des républicains espagnols…). Personnage fictif, Frankie assure adroitement le lien entre ces faits et son intrigue chronologique tourmentée avec Willa et sa sœur Lola. Via leurs pérégrinations, ils nous exposent la progressive perte de contrôle de l’oppresseur allemand et son retrait face à l’avancée des forces alliées et aux initiatives de groupuscules de résistants.

Par ce dernier opus, le voile se déchire sur le Commissaire Klébert, sur son passé, tout en offrant aux anciens zazous l’occasion de participer pleinement à la chasse aux allemands. A n’en pas douter, Frankie et Willa, qui se sont rejoints, se révèlent dans leur humanité, soulevant quelques pans d’émotions remarquablement distillés. Le drame, bien sûr, continue à planer sur ces péripéties, suscité par des rancœurs attristantes et se voit in fine éclipsé par un climat beaucoup plus léger, empreint de liberté et de liesse.

Graphiquement, le travail de Danide reste au top. Toujours aussi énergique et pour le moins réaliste, son coup de patte dénote une belle recherche esthétique et documentaire. Les nombreux décors et les personnages qui y croisent sont là pour le démontrer dans leur représentation détaillée. Frankie et Willa (et Lola) sont vraiment beaux et attachants, campant des témoins forts d’une époque très douloureuse qu’il convient certes de garder en mémoire. Une fin d’histoire guerrière aux accents rebelles et dansantes menées avec beaucoup de maturité par deux auteurs des plus talentueux.

Par Phibes, le 7 mars 2024

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