LES ZAZOUS
« You don’t know what love is »

En janvier 1942, les forces allemandes ont décidé de donner un coup d’accélérateur dans l’organisation de la déportation de la population juive. Décidé à passer au peigne fin toute l’Europe, elle a pris pour parti de commencer par la France, aidées en cela par le gouvernement français et ses forces de l’ordre. A Paris, le groupe de Zazous qu’a intégré Frankie pour surveiller la propre fille de l’inspecteur Klébert continue à braver les interdits décrétés par l’occupant. Mais la répression se fait de plus en pesante si bien qu’ils doivent redoubler de prudence, surtout que des attentats isolés ont lieu dans la Capitale. Frankie est alors convoqué par Klébert qui tente de le faire parler sans pour autant obtenir quoique ce soit. Comparés à un vent mauvais, les Zazous font bientôt l’objet de mesures radicales qui les poussent à agir différemment. C’est sans compter sur l’émergence d’une milice répressive, les JPF, avec laquelle ils vont avoir des démêlés. Pourront-ils continuer à assumer leur passion pour la culture anglo-américaine ? Et Paulette, va-t-elle échapper à la rafle qui se prépare ? Quelle sera la réaction de Frankie face au danger imminent ?

Par phibes, le 3 juillet 2023

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Notre avis sur ZAZOUS (LES) #2 – « You don’t know what love is »

Pour la deuxième fois, sous le couvert d’un titre musical de Billie Holiday, le swing dans sa forme la plus rebelle se retrouve à l’honneur et ce, grâce à l’inspiration du scénariste espagnol Salva Rubio. A ce titre, nous recroisons le jeune Frankie et toute la bande de zazous (jeunes étudiants qui ont adopté une attitude indocile vis-à-vis des autorités durant la seconde guerre) qu’il a infiltré pour le compte de la police. Ensemble ou séparément, ces derniers sont appelés à vivre de nouvelles vicissitudes provoquées par un occupant liberticide et antisémite.

Toujours aussi inspiré par l’Histoire, l’auteur nous replonge, dès le départ de ce volume, dans cette ambiance guerrière bien douloureuse en nous préparant à un drame qui va grever toute une communauté. Par ce biais, le ton de ce récit monte irrémédiablement en puissance, renforcé par la révolte latente des fameux zazous et par l’intervention répressive d’une frange allemande et d’une jeunesse parisienne radicale.

Sous quelques mélopées swinguées qui agissent telle une échappatoire au contexte pesant, l’équipée de Frankie, toujours aussi bien gérée, reste des plus émouvantes. Elle a le privilège de se raccrocher judicieusement à des situations, des évènements authentiques (la rafle du Vel d’Hiv tout particulièrement). De même, elle met en avant des personnages, certains très attachants, fort bien caractérisés (comme la jeune juive Paulette à la destinée brisée par la répression, par l’éclairé soldat SS Hans Zwerin et bien sûr Frankie lui-même touché dans sa chair et promis à une réelle colère) et d’autres plus ambigus comme Klébert, plus sinistres comme les pétainistes et les nazis.

Cette histoire dramatique a le gros avantage d’être prégnante grâce au jeu graphique dynamique de Danide. Ce dernier continue à nous enchanter par son trait stylisé, fortement expressif, qui met en avant une très belle restitution historique volontairement plombante à la faveur d’un encrage éprouvé, d’une colorisation qui n’en est pas moins. La galerie de personnages est très diversifiée et également bien maîtrisée. On reconnaît tous les personnages dans leurs différentes expressions et attitudes.

Un deuxième tome prenant, marquant, à découvrir absolument pour ses personnages révoltés contre un répression inhumaine dans un contexte très douloureux. Vivement le troisième et dernier épisode !

Par Phibes, le 27 juin 2023

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