LUCKY LUKE VU PAR...
Choco-boys

Au cœur de l’Ouest immense et sauvage, vivent Buddy et Terrence, deux cow-boys homos qui ont des souvenirs. Plus particulièrement, ils se rappellent du fameux Lucky Luke croisé cinquante ans plus tôt dans la bourgade de Straight Gulch. Buddy, alors âgé de vingt ans, cherchait un boulot et s’était adressé au job center des lieux. Mais sa candidature n’intéressait pas le recruteur. C’est alors Lucky Luke arrivait et compte tenu de sa notoriété, il se voyait embauché de suite, bien malgré lui. En effet, il ne supportait pas que Buddy ait été écarté. Qu’avait bien pu faire ce personnage bien sympathique au demeurant ? La réponse lui était venue des deux vachers qui l’avaient reconnu en arrivant : Buddy était une « salopette » ! Autant dire que les brimades dont il avait fait l’objet par la suite n’étaient pas du goût de Lucky Luke qui, d’un coup d’un seul, était arrivé à clore les débats. Aussi, Buddy trouvait l’occasion de se joindre au tireur patenté et, ensemble, recevaient enfin leur ordre de mission, celui de convoyer cinq vaches helvètes appartenant à un fabriquant de chocolat en la Pandelion Valley. En selle, les choco-boys !

Par phibes, le 3 novembre 2021

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Notre avis sur LUCKY LUKE VU PAR… # – Choco-boys

Personnage intemporel créé par Morris, Lucky Luke se voit, après Bouzard, Mawil et Mathieu Bonhomme, honoré cette fois-ci par Ralf König. Auteur d’origine allemande et grand défenseur de la cause gay, ce dernier a donc imaginé l’homme qui tire plus vite que son ombre assurer une mission de convoyage d’un troupeau de vaches suisses en compagnie d’un vacher homo.

Sachant que ce pauvre cow-boy solitaire n’est pas du genre à s’épancher sur son caractère profond, ni sur ses préférences sexuelles et encore moins à supporter toute forme d’injustice (contre les gays ici), ce récit a tout de même la particularité de lui donner une connotation un peu plus décalée qu’à son habitude. Bien qu’on sache que ses ouvrages ont tendance à titiller le graveleux « homoristique », Ralf König, qui a décidé tout de même de respecter Lucky Luke, adopte une position certainement hardie mais moins grivoise en cultivant toutefois avec un plaisir non dissimulé un verbiage imagé volontairement ambigu.

L’humour trouve donc indubitablement sa place, via une aventure qui a l’avantage de reposer sur des péripéties chocolatières (rappelons-le le convoyage de vaches suisses) assurément inhabituelles, rocambolesques et drôles à parcourir surtout si on suit les pérégrinations homo de Buddy à la sauce Brokeback Mountain. Tout en se jouant de ces dernières, l’artiste se fait fort d’épauler son aventure de quelques rappels sur le personnage honoré et de l’associer visiblement au dénigrement de l’homophobie.

Par ailleurs, cette cocasserie ambiante se traduit par la présence de personnages récurrents à la saga originelle tels Calamity Jane, vachère charismatiquement impayable qui affichera son homosexualité avec Sitting Butch. Les Daltons auront droit au chapitre dans leurs pitreries habituelles et n’apporteront que très peu de plus-value à l’aventure.

Côté dessins, on pourra reconnaître très facilement la patte de Ralf König. A la faveur d’un trait totalement délié, l’artiste croque à pleine dent dans l’univers de Lucky Luke et le restitue cash, dans une représentation stylisée qu’il maîtrise complètement. On appréciera tout particulièrement l’expressivité humoristique de ses personnages et les quelques plans audacieux du héros (pratiquement nu et affublé d’une barbe bien tenace).

Une initiative bien cocasse à déguster suavement pour son craquant et son côté homo bien piquant.

Par Phibes, le 3 novembre 2021

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