MANOIR (LE)
Liam et la carte d'éternité - Première partie

Le manoir est tout d’abord une série de romans réalisée par Évelyne Brisou-Pellen, écrivain français ayant obtenu, à cette occasion, un franc succès auprès du lectorat visé, les ados. Cette saga se voit reprise par Stéphane Melchior et Raphaël Beuchot pour être cette fois-ci adaptée en album de bande dessinée après une prépublication dans le magazine Okapi.

Cet album se rapporte comme il se doit au premier volet de la saison une et vient en quelque sorte nous introduire dans l’univers qui lui est propre et qui bénéficie de gros renforts de fantastique. Nous faisons la connaissance de Liam, le garçon qui est appelé à faire le lien entre cet univers et le lecteur, et comme il se doit, à nous faire part de ses aventures extraordinaires.

Dès le départ, l’intrigue part sur les chapeaux de roues et nous plonge irrémédiablement, à l’instar du personnage principal, dans un mystère épais qui se doit évidemment d’être levé (mais pas tout de suite !). En pénétrant dans un manoir très étrange, Liam navigue en plein irrationnel et suscite bien évidemment de très nombreuses surprises au fil de ses découvertes. L’on concèdera que Stéphane Melchior mène efficacement son adaptation et accumule dans un découpage habile les faits et apparitions insolites, suscitant au passage bien des interrogations que se posent aussi le héros. Tout au long des quelques quatre-vingts pages de l’album, la tension reste constante et ne fléchit à aucun moment. Cette dernière à cet avantage de mettre efficacement en haleine le lecteur qui n’aspire qu’à connaître les aboutissants d’une telle énigme qui obtiendra enfin une première réponse dans la dernière planche.

Raphaël Beuchot fait preuve d’une belle partition graphique. Fidèle de la première heure à Zidrou (Le montreur d’histoires, Tourne-disque, Un tout petit bout d’elles), l’artiste élargit son cercle pour œuvrer cette fois-ci dans une adaptation qui pourrait s’établir, au vu de la consistance de la série originelle, sur du long terme. Il n’en demeure pas moins que ce premier tome démontre une réelle maturité de son trait, qui met en scène des personnages de tout horizon charismatiques tout en instituant de façon convaincante des situations oppressantes (sous l’effet d’une surcharge noir), certes sans réelle violence. Côté arrière-plans, le dessinateur peaufine agréablement ses paysages, ses décors intérieurs avec une délicatesse visible. Le tout se découvre sous une colorisation qui a vraiment du charme.

Un début d’adaptation d’une aventure fantastique et mystérieuse réussi qui pose de nombreuses questions et qui donnera bien envie aux lecteurs ados d’aller voir les réponses dans le prochain volume.

Par Phibes, le 8 juin 2022